QUINTA CONTEMPORAINE
Dans l’alentejo, la villa Extramuros est une quinta d’aujourd’hui, installée en pleine nature.
La villa Extramuros aux lignes modernistes est née d’une évolution de la quinta, maison rurale traditionnelle portugaise. Pensée en fonction de son environnement, la nature interagit et s’offre en spectacle. Entre oliviers centenaires, chênes verts et troupeau de brebis, dans l’alentejo encore sauvage.
Nous étions des Parisiens qui suffoquaient en quête de campagne, de tranquilité, mais nous ne voulions pas restaurer un habitat, si charmant soit-il. Nous avions cette volonté de bâtisseur. Nous connaissions les savoir-faire portugais, les écoles d’architecture et les théoriciens des courants modernes, comme Alvaro Siza ou Eduardo Souto de Moura, prix Pritzker. Nous voulions une déclinaison de l’architecture du XXE siècle tournée vers le XXIE siècle » , explique l’un des deux propriétaires du lieu, François Savatier. Avec Jean-christophe Lalanne, ils parcourent le Portugal hors des sentiers battus, sac à dos et chaussures de marche aux pieds, dès le début des années 1990. Quand ils doivent choisir un terrain pour installer leur maison d’hôtes, l’alentejo s’impose, « l’une des plus grandes régions sauvages d’europe, digne de la Toscane, mais en plus vaste et plus tranquille » . Paysages vallonnés plantés d’oliviers, de vignes, à quinze minutes de la ville d’evora, classée au Patrimoine mondial de l’unesco pour ses palais médiévaux et Renaissance, sa cathédrale mi-gothique mi-baroque, et son temple grec. Lisbonne est à une heure et les plages immenses de Comporta se visitent en un aller-retour dans la journée. Face au village Arraiolos, le cube blanc, né d’une collaboration entre les propriétaires et l’architecte Jordi Fornells, de l’agence Voar Arquitetura, voit le jour il y a cinq ans sur un terrain de cinq hectares fréquenté uniquement par des brebis. Aujourd’hui, elles paissent toujours aux abords des terrasses sans être dérangées. « Il y a cette sensibilité à l’architecture moderne au Portugal, tout en cherchant à s’inscrire de façon intime dans le cadre, de concilier culture locale et idées universelles » , souligne François. La maison projette le style méditerranéen – le blanc, le patio intérieur – dans la contemporanéité, avec un jeu d’ouvertures en longueur, qui n’est pas sans rappeler le travail de Le Corbusier pour la villa Savoye. La construction est vernaculaire, utilisant le plus possible des matériaux locaux, d’où la forte présence du liège. Isolant thermique, acoustique, imperméable et repoussant le feu, il se pose sur les portes, aux plafonds, entoure le patio et recouvre entièrement les deux cabanons (toit et murs), qui viennent de s’ajouter au domaine. « Le marbre, les mosaïques hydrauliques, les tapis et textiles viennent aussi de la région », s’enthousiasme le propriétaire. Le mur est un élément central, il structure les espaces et même le paysage ; avec le bandeau surplombant les terrasses, il cadre la vue. En 16/9e, format cinéma, la nature se voit attribuer le premier rôle. À l’intérieur, le mobilier raconte l’histoire du design depuis les années 1950. Les néons des cabanons, dans une installation très « land art », électrisent la nuit. On renoue avec une époque d’optimisme et de libre créativité.