Maison Côté Sud

IMPRESSION­S FORTES

- PAR Julie Chanut PHOTOS P ier rickVerny

À Marseille, l’hôtel Les Bords de Mer, remis en forme et en lignes par l’architecte Yvann Pluskwa.

Hiératique silhouette blanche à fleur d’eau sur la corniche de Marseille, l’hôtel Les Bords de Mer évoque avec grâce l’imagerie balnéaire des années 1930 et des vacances à la mer. Une iconograph­ie chère à Frédéric Biousse et Guillaume Foucher, du Domaine de Fontenille, mise en forme par l’architecte Yvann Pluskwa.

On allait au bord de la mer/avec mon père, ma soeur, ma mère… » Les mots et la mélodie de Michel Jonasz ne quitteront plus Frédéric et Guillaume après avoir visité Le Richelieu et l’eden Roc, hôtel et restaurant à l’abandon, mais mythiques souvenirs des Marseillai­s. Propriétai­res à Lauris du Domaine de Fontenille, en plein développem­ent d’une collection hôtelière d’auteur localement ancrée, ils décident de faire de ces lieux leur deuxième opus. Le projet est confié à un architecte du cru, âme sensible éprise du littoral méditerran­éen. Yvann Pluskwa poétise le projet balnéaire et, le tableau Chambres au bord de la mer d’edward Hopper en ligne de mire, il se donne pour mission d’ouvrir entièremen­t sur l’eau cet ancien hôtel de ville, délabré par le sel et le vent. Après des recherches, il retrouve les traits d’origine et le style Art déco de l’édifice, s’attelant à le rénover en puriste. Entre consolidat­ions, révélation­s et relecture contempora­ine, après douze mois de travaux, lejoyau d’autrefois retrouve de sa superbe le long de la corniche. Doté d’une double exposition, l’hôtel affiche deux visages. Côté rue, il revit à son passé Art déco, suggéré par des ferronneri­es inspirées d’une meurtrière d’origine, et l’extension dédiée au restaurant joue la transparen­ce par le biais d’une résille. Côté mer, sa verticalit­é en blanc

majeur laisse apparaître l’adjonction d’un dernier étage, sur lequel s’étire une piscine bleu ciel, et la création de nouvelles fenêtres rééquilibr­e sa façade au charme désuet. Y faire escale, c’est être en suspension au-dessus du bleu, partout, toujours. Dès l’entrée, tout s’efface au profit du panorama. Sur fond blanc, seules quelques pièces de designers ou des photograph­ies d’artistes accrochent discrèteme­nt le regard. En provenance de la collection personnell­e des propriétai­res ou sélectionn­és par la décoratric­e d’intérieur Beryl Le Lasseur, le visiteur remarquera les luminaires des éditeurs Rispal ou Flos, le mobilier au style vintage de 366 Concept ou du danois Skagerak. Au restaurant, l’horizon et son ballet nautique sont à l’unisson d’une carte aux saveurs iodées, signée par les soeurs Levha du restaurant Le Servan à Paris. Sur la longue terrasse en bois du second étage, installé sur des fauteuils blancs, signés des frères Bouroullec, ou sur le toit-terrasse dont la piscine se confond avec l’azur, on a l’impression forte d’être aspiré par la puissance du paysage. Dans les chambres, toutes particuliè­res par leurs exposition­s, de terrasses en balcons à l’étage, en baies vitrées au ras des flots, le bois blond et les tons clairs s’effacent devant l’intensité des couchers et levers de soleil. S’invite alors toute la beauté de cette ville du Sud à nulle autre pareille.

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