SANCTUAIRE CRÉATIF
Sybille Friedel conjugue l’art de la calligraphie dans son refuge immaculé du Vaucluse.
Artiste plurielle, Sybille Friedel conjugue l’art de la calligraphie à l’infini. Dans son refuge immaculé du Vaucluse, ses sculptures, sa peinture et son mobilier tracent les méandres d’une oeuvre en mouvement, sous l’autorité d’un platane trois fois centenaire.
La silhouette majestueuse d’un platane séculaire aura suffi à convaincre sa nouvelle propriétaire. Un gage de protection, d’énergie et de force de vie qui conduisent naturellement Sybille Friedel, très sensible au langage des signes, à se prendre d’affection pour les murs de cette bâtisse installée à deux pas d’avignon. À l’époque, l’ancienne ferme et sa maison de maître, transformées en gîte, disposaient d’espaces morcelés en différentes maisons indépendantes destinées aux hôtes de passage. Les pièces fragmentées gomment alors l’essence des lieux et interrompent les perspectives. Aux commandes de la métamorphose et suivant le tracé calligraphié de ses encres sur papier de riz, Sybille Friedel revisite l’espace d’un trait concentré sur l’essentiel. Elle redessine les volumes, dévoile les voûtes, crée des ouvertures. La blancheur poudrée de la chaux met en lumière l’instantanéité de ses encres et les contours d’une oeuvre protéiforme toujours inspirée par la calligraphie. Une technique, certes, mais plus encore un geste, comme un espace qu’elle habite et arpente les yeux fermés. Un fil, une ondulation, une empreinte familière, qui
s’invite dans chacune de ses créations et crée le lien entre une table, un banc, une sculpture, une peinture ou un dessin. Musicienne, poète, designer, peintre, sculptrice, Sybille Friedel est une artiste complète qui cultive la transversalité. Une quête amorcée il y a des années auprès du maître coréen Ung No Lee qui l’initie à la calligraphie. Nourrie de voyages en Chine et de philosophie orientale, elle élabore une peinture issue des idéogrammes comme une grammaire suspendue. Migrants, marcheurs, nuages d’oiseaux, au pinceau, à la plume, à la main, son oeuvre est traversée par un courant, en mouvement. Sur papier de riz mais aussi en trois dimensions, comme pour cette table «Les Mille Pattes» qui semble parcourir la cour ou cette console sinueuse qui file le long du mur. Exploratrice, aventurière, Sybille Friedel fait du voyage un espace de rencontres et d’échanges artistiques, une philosophie. Ici, dans cette bâtisse de pierre noyée dans le vert d’une végétation omniprésente, elle abrite et protège la création en accueillant des artistes en résidence. Vingt sculptures de la créatrice sont exposées en extérieur sous forme d’installation, de juin à octobre, à La Bastide rose, chez Poppy Sallinger.