CARNET DE VOYAGES
En écho à son exposition parisienne, la maison de villégiature du designer Hervé Van der Straeten, dominant la médina et la baie de Tanger, illustre de nombreuses influences.
Des pièces comme autant de croquis racontant des périples méditerranéens. La maison de villégiature du designer Hervé Van der Straeten, dominant la médina et la baie de Tanger, est un stimulus pour l’imaginaire comme pour l’oeil. But avoué aussi de toutes ses créations qui diffractent l’espace, à voir dans son exposition « Fun Ride » au sein de sa galerie parisienne.
DOUBLE VUE PAGE DE GAUCHE
Voûtes et arcades se répondent, scandent les volumes et se déclinent dans le mobilier, à l’exemple de la console « Passage » dessinée par Hervé Van der Straeten. Clin d’oeil à l’antiquité avec des céramiques italiennes provenant de Gubbio en Italie. Appliques « Tube » et lustre conçu pour le lieu par Hervé
Van der Straeten. Sol en marbre posé en opus romain.
PAGE DE DROITE
Les façades de la maison, une des plus hautes de la médina, capte le soleil à toute heure.
FANTAISIE COLORÉE
Le salon du dernier étage voit la vie en couleur. Enfilade jaune vif laquée acquise chez Paul Smith à Londres, rideaux en accord avec le ciel de Tanger en tissu, Dedar, fauteuil « Cubique » d’olivier
Mourgue pour Airborne, tabouret « Capsule » en aluminium poli d’hervé Van der Straeten et banquettes réalisées sur mesure par un artisan tangérois, tables marocaines revisitées et peintes en blanc. Un tableau-tapisserie chiné à Tanger fait face à une photo de Daniel Aron.
LIBERTÉ STYLISTIQUE
PAGE DE GAUCHE 1.
Au dernier étage, table rouge dessinée par Hervé Van der Sraeten, banquette sur mesure en tissu, Dedar, et coussins, India Mahdavi.
2.
Dans le salon, chaise espagnole XIXE, tables et suspensions marocaines, banquettes sur mesure, appliques «Gong» d’hervé Van der Straeten. 3.
Chambre capitonnée de tissus trouvés au souk d’alep. La tête de lit est une ancienne porte chinée à Fès, dessus de lit acheté au fondouk Chejra. 4.
L’entrée avec sa porte XIXE cloutée, lustre dessiné pour le lieu par Hervé Van der Sraeten.
PAGE DE DROITE
Au premier étage, peinture «Cabbage
White», Farrow & Ball, rideaux, Dedar, chaises d’inspiration africaine chinées. Sur la cheminée, vases «Mine» et «Marly» d’olivier Gagnère. Lustre «Virevolte», tabourets «Capsule» métallisés et appliques réalisées par Hervé Van der Straeten.
C’est un carnet de souvenirs de voyages en Méditerranée, la salle de bains s’inspire des hammams syriens, les portes-fenêtres donnant sur des micro-balcons rappellent les façades de Séville, les céramiques viennent de Gubbio en Italie, les coussins ont été confectionnés dans des jupes anciennes achetées à Alep… Et les rideaux, les banquettes, les lustres ont été réalisés sur mesure à Tanger. La maison reflète aussi le passé international de la ville, où se mêlent aux édifices mauresques, des architectures madrilènes, portugaises, Art déco…» De chaque étage, le duo de créateurs, Hervé Van der Straeten et Bruno Frisoni, a fait une page blanche sur laquelle il est venu crayonner en couleur, se jouant des complémentaires, accoler des images, juxtaposer des époques, dans une totale liberté. «Un niveau s’est écroulé, nous avons dû restructurer les volumes souvent étroits.» Le parcours ascensionnel, le long d’un escalier immaculé, gagne en intensité colorielle, sublimée par le soleil entrant de toute part, pour atteindre le toit-terrasse à l’heure bleue. «Cette maison est un cadran solaire. Ses multiples façades, les ouvertures que nous avons agrandies, captent la lumière à chaque heure de la journée. » Sérénité au rezde-chaussée, dans la salle à manger-bureau, une table d’inspiration chinoise s’encadre d’anciennes chaises espagnoles face à un meuble chinois 1930 en laque de Coromandel surmonté d’un miroir dessiné pour cette association. Une austérité adoucie de poésie. «Je travaille toujours avec des choses qui s’opposent et se complètent: le massif et le fin, le coloré et le neutre, les tons chauds et froids…» Quelques marches conduisent à un petit salon «comme un maelstrom de touches orientales». L’exercice de style atteint la perfection pour l’alcôve qui reprend tous les codes marocains: sol en marbre, zelliges, stuc, arc polylobé et plafond aux poutres peintes – «j’ai retranscrit une aquarelle de Delacroix». Le premier niveau s’occidentalise, mais jamais totalement, des chaises d’inspiration africaine font face à une cheminée de marbre où trônent des vases d’olivier Gagnère. Les murs d’un azur si clair prennent la couleur du temps de Tanger. Le dernier plateau vibre d’une énergie très sixties, les teintes s’entrechoquent, les matières scintillent, éclat de la laque, brillance du métal poli. On imagine que la fête aura lieu sur le toit, en voisin du palais Sidi Hosni de la légendaire Américaine Barbara Hutton, héritière des magasins Woolworth, initiatrice de soirées qui ont marqué l’histoire de la «ville des étrangers». Exposition «Fun Ride», mobilier, luminaires, miroirs, jusqu’au 30 avril à la galerie Hervé Van der Sraeten à Paris.