Maison Côté Sud

LE FIL D’ANDRÉ ARBUS

- PAR Virginie Bertrand

La Manufactur­e historique Cogolin renoue avec les grands noms des arts décoratifs. André Arbus, architecte, décorateur et sculpteur, en fait partie.

LA MANUFACTUR­E HISTORIQUE COGOLIN REMONTE LE TEMPS ET RENOUE AVEC LES GRANDS NOMS DES ARTS DÉCORATIFS. ANDRÉ ARBUS (1903-1969), ARCHITECTE, DÉCORATEUR ET SCULPTEUR EN FAIT PARTIE. SES CRÉATIONS PROLIXES, DES MEUBLES AUX LUMINAIRES, ONT MARQUÉ UNE NOUVELLE VOIE ENTRE LE CLASSICISM­E FRANÇAIS ET LA RECHERCHE DE FORMES ÉPURÉES.

Créée sous l’égide de la Fondation de France, la Fondation André Arbus a pour objet de valoriser l’oeuvre de ce dernier, membre de l’académie des Beaux-arts, fournisseu­r attitré du Mobilier national. Architecte et consultant auprès de la Fondation André Arbus, Tristan Salmonlega­gneur, neveu de sa fille, cherche les meilleures manufactur­es, afin d’éditer ou de rééditer des pièces certifiées. « J’ai contacté la Manufactur­e Cogolin car elle détient encore le haut niveau d’exigence et la qualité d’exécution recherchée par André Arbus en son temps. » Effectivem­ent, les lisseuses – ouvrières à l’ouvrage – tissent toujours manuelleme­nt les tapis sur des métiers Jacquard dont les plus anciens datent du XIXE siècle. Fondée en 1924, Cogolin passe d’un élevage de vers à soie et du noué main à une manufactur­e internatio­nalement reconnue sous la houlette de Jean Lauer, ingénieur textile, qui l’acquiert en 1928. Il multiplie les collaborat­ions avec les décorateur­s les plus en vue, Jules Leleu, Louis Süe, Henri Gonse, David Hicks… et les artistes, Sonia Delaunay, Fernand Léger, Jean Cocteau et Zao Wou-ki. Il pratique le sur-mesure avec démesure, dans des ouvrages aux dimensions exceptionn­elles pour le château de Versailles, les paquebots, les ambassades. Rachetée en 2010 par le groupe anglo-chinois Tai Ping, la Manufactur­e Cogolin tisse des projets avec des designers comme India Mahdavi, Charles Zana, Jason Miller ou Stéphane Parmentier. Sarah Henry, la directrice générale, explore les archives de la maison d’où émergent les cartons – dessins qui précèdent les tapis – de Christian Bérard, et certains motifs auxquels elle injecte une nouvelle modernité. « Avec Tristan Salmon-legagneur, nous avons travaillé cinq tapis à partir des gouaches originales. Nous avons choisi les pièces les plus emblématiq­ues d’arbus et un dessin très original de noeuds marins imaginé pour un yacht.» La Manufactur­e, afin de perpétuer le noué main, les fait réaliser au Népal. « Nous avons travaillé sur la densité du fil, la teinture, la grille, afin d’être au plus près du rendu de l’époque. » Une trame mémorielle!

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Collection André Arbus de la Manufactur­e Cogolin qui, avec sa ligne Les Mains du monde, confection­ne des tapis en laine noués main d’après les dessins géométriqu­es du décorateur. 1. « Nossi-bé » du nom d’un paquebot aménagé par l’architecte en 1952, coloris Crête de coq. 2. « Matignon », coloris Brume.
3. Gouache originale extraite des archives André Arbus. 4. Le sculpteur dans son atelier de l’avenue du Maine, en 1959, derrière son oeuvre le Guerrier blessé.
1. 2. 3. 4. Collection André Arbus de la Manufactur­e Cogolin qui, avec sa ligne Les Mains du monde, confection­ne des tapis en laine noués main d’après les dessins géométriqu­es du décorateur. 1. « Nossi-bé » du nom d’un paquebot aménagé par l’architecte en 1952, coloris Crête de coq. 2. « Matignon », coloris Brume. 3. Gouache originale extraite des archives André Arbus. 4. Le sculpteur dans son atelier de l’avenue du Maine, en 1959, derrière son oeuvre le Guerrier blessé.

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