Maison Côté Sud

PERPIGNAN ET LA CÔTE VERMEILLE

LA CRÈME CATALANE

- PAR Julie Daurel PHOTOS Nicolas Millet

AVEC TROIS CENTS JOURS DE SOLEIL PAR AN ET DES AMANDIERS EN FLEURS AU PIED DU CANIGOU ENNEIGÉ, PERPIGNAN ABORDE L’HIVER EN DOUCEUR. DANS SES RUES, ON DÉCOUVRE MILLE PERLES D’ARCHITECTU­RE, ACCOMMODÉE À LA SAUCE CATALANE. ET UNE GÉNÉREUSE POIGNÉE DE RESTAURATE­URS PASSIONNÉS, QUI DONNENT ENVIE D’EXPLORER LES VIGNES VOISINES, OÙ PAYSAGES ET MÉTHODES D’ÉLEVAGE RARES PRODUISENT DE GRANDS VINS. DE COLLIOURE À BANYULS, LA CÔTE VERMEILLE SERA VIDE DE TOURISTES, MAIS RICHE DES COULEURS QUI ONT FASCINÉ MATISSE, DERAIN, MAILLOL, ET TANT D’AUTRES ARTISTES. ET COMME NUL N’EST À L’ABRI D’UNE « EXTASE COSMOGONIQ­UE », QUI SAIT SI, COMME DALÍ, LA GARE DE PERPIGNAN NE DEVIENDRA PAS UN PEU UN NOUVEAU « CENTRE DU MONDE »

Perpignan collection­ne les âges d’or comme d’autres les cartes postales. De 1276 à 1344, par exemple, une histoire de succession digne d’un Dynasty médiéval en fit la capitale continenta­le du royaume de Majorque, la plaque tournante économique et culturelle de la Méditerran­ée. À cette cour aussi brillante qu’éphémère, la ville doit le palais-forteresse à l’ombre duquel elle a grandi, la cathédrale Saint-jean-baptiste et son spectacula­ire cloître-cimetière: le Campo Santo. Son charmant Castillet sera érigé peu après, comme la Loge de Mer, sa voisine. Du XIIIE au XVIIE siècle, vingt couvents s’installère­nt à Perpignan, dont ceux des Minimes et des Dominicain­s qui servent d’écrins au Festival internatio­nal du photojourn­alisme Visa pour l’image. Éclectique, la manifestat­ion expose aussi à l’hôtel Pams, étonnante meringue Belle Époque que la ville doit à la famille Bardou, tout comme JOB, le papier à cigarettes made in Perpignan. D’autres fortunes se bâtirent sur les vins doux naturels ou les apéritifs, à l’instar de Byrrh. Pour accueillir cette bourgeoisi­e prospère, la cité se débarrasse dès 1904 du corset de ses remparts, et délaisse vite l’art nouveau pour la modernité du style Art déco. Mais adoucie d’une pincée de terre cuite, d’une volute de fer forgé, de fenêtres géminées, d’une cour plantée de cyprès, de citronnier­s ou d’orangers. Quand vient la guerre, le Normand Raoul Dufy se réfugie au soleil de Perpignan. Dans son atelier ouvrant sur la place Arago, il peindra carnavals et sardanes. Et fréquenter­a les dîners de Jacques et Paule de Lazerme, où se presse le tout Perpignan artiste et cosmopolit­e. Dans les années 1950, le couple sera proche de Picasso, qui fera de magnifique­s portraits de Paule en Catalane. Curieux des arts du feu, le peintre s’intéresse alors au nouvel atelier de céramique créé par Firmin Bauby au sud de la ville. Mais c’est finalement Jean Lurçat qui fera pendant quinze ans les beaux jours de Sant Vicens. Et les nôtres aujourd’hui encore!

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 ??  ?? PAGE DE GAUCHE
Au coeur de l’hôtel Pams, La Paix, plâtre de 1945 signé Conrad Paris.
PAGE DE DROITE
1. Sous les pins, une oeuvre du sculpteur José Bonhomme.
2. Le festival de la fin d’été Visa pour l’image invite à redécouvri­r le patrimoine perpignana­is. Ici, l’église des Dominicain­s.
3, 7. Le Centre internatio­nal du photojourn­alisme (CIP) propose toute l’année des exposition­s. Ici, « Photojourn­alistes émergents» et le travail d’idhir Baha au couvent des Minimes.
4. La grande roue, au pied du Castillet.
5. Le palais des Rois de Majorque, gothique avec des touches mauresques.
6. La Basse, affluent de la Têt, offre une échappée sur le Canigou enneigé.
PAGE DE GAUCHE Au coeur de l’hôtel Pams, La Paix, plâtre de 1945 signé Conrad Paris. PAGE DE DROITE 1. Sous les pins, une oeuvre du sculpteur José Bonhomme. 2. Le festival de la fin d’été Visa pour l’image invite à redécouvri­r le patrimoine perpignana­is. Ici, l’église des Dominicain­s. 3, 7. Le Centre internatio­nal du photojourn­alisme (CIP) propose toute l’année des exposition­s. Ici, « Photojourn­alistes émergents» et le travail d’idhir Baha au couvent des Minimes. 4. La grande roue, au pied du Castillet. 5. Le palais des Rois de Majorque, gothique avec des touches mauresques. 6. La Basse, affluent de la Têt, offre une échappée sur le Canigou enneigé.

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