FIGURES LIBRES
À Nice, dans le quartier des antiquaires, Léa Ginac crée des formes simples et des collections d’objets intemporels en marbre, en terre cuite ou en plâtre.
LE QUARTIER DES ANTIQUAIRES DE NICE ACCUEILLE L’ATELIER-SHOWROOM D’UNE JEUNE DESIGNER ISSUE DU SÉRAIL. LÉA GINAC Y SCÉNOGRAPHIE SON UNIVERS BLANC PEUPLÉ DE FORMES SIMPLES ET DE COLLECTIONS D’OBJETS INTEMPORELS EN MARBRE, EN TERRE CUITE OU EN PLÂTRE.
Elle dit être née du côté de la chance. Chance d’avoir pu exercer son regard en manipulant de beaux objets depuis son plus jeune âge. Chance de partager avec ses parents antiquaires une éducation du goût qui nourrit son métier de designer. De l’objet à la scénographie, Léa Ginac aime qu’il y ait une histoire : « Je cherche toujours à inventer un univers associé aux objets que je crée. » À ses premières collections de petit mobilier et de luminaires en marbre succède une approche des formes et des matériaux plus diversifiée. Des appliques en plâtre d’inspiration seventies se déclinent seules ou à l’infini, mais aussi des vases en terre cuite aux formes généreuses, réalisés à la main, et des assiettes aux découpes étonnantes fabriquées par un artisan ligure. Léa Ginac entretient une curiosité et une disponibilité d’esprit totale pour chacun de ses projets. Elle conçoit le sur-mesure comme une opportunité de conquête. À la question des contraintes qu’impliquent chaque fois de nouveaux matériaux, elle répond : « Je dessine au préalable puis je réalise des maquettes en papier. Je tiens à pousser la créativité en premier lieu et à résoudre les problématiques techniques en second. Je valorise plus que tout l’échange avec les artisans autour de solutions à trouver. Leur savoir-faire combiné à l’intuition de mon dessin est ma récompense. Main dans la main, nous donnons naissance à un objet caractérisé par sa simplicité mais techniquement abouti. » À Nice, son atelier est tout au fond d’une petite cour dans le célèbre Village Ségurane, qui réunit tout un monde d’antiquaires. Autour d’elle, une ruche d’objets anciens et contemporains est adossée à la colline du Château, dans ce paradis des chineurs qui revit depuis la rénovation du quartier du port et la proximité du nouveau tramway. Mais, en réalité, Léa Ginac cherche le mouvement. Elle est à la fois ici et ailleurs. Emportée par son imaginaire et ses recherches, sa soif de création n’a aucune frontière. Ses vases ont un indéniable ancrage méditerranéen, ses appliques en marbre, un lien formel avec l’architecture des années trente de la Côte d’azur, ses assiettes, la richesse de narration d’une fouille archéologique. Ce qui importe pour façonner ses collections, c’est cette touche intemporelle qui caresse des objets à vivre, à partir d’une trace, d’un répertoire évolutif qui traverse le temps. De l’ancien au moderne, pour la jeune designer, le monde des idées reste un livre ouvert. C’est en vivant l’instant présent qu’elle laisse un champ disponible à l’instinct qui modèle ses formes.