PALMES D’OR À ABU DHABI
Spectaculairement jaillie des sables dans la deuxième moitié du XXE siècle, Abu Dhabi se projette au-delà des énergies fossiles en capitale touristique et culturelle internationale. Une ville arabe du futur à la fois 100 % high-tech et pétrie des traditio
Jaillie des sables dans la seconde moitié du XXE, Abu Dhabi se projette en capitale touristique et culturelle internationale. Une ville du futur à la fois high-tech et pétrie de traditions et savoir-faire, entre mer et désert.
Le dôme est l’un des archétypes de l’architecture arabe, tout comme les motifs
girih dont Jean Nouvel livre ici une version métallique et mathématique. De l’intérieur, la grande coupole du Louvre Abu Dabi semble flotter. Elle évoque un ciel étoilé, la spiritualité et la convergence des idées. C’est aussi une prouesse architecturale de 180 m de diamètre, qui pèse plus lourd que la tour Eiffel ! « Un lieu calme et complexe », résume son architecte.
PAGE DE GAUCHE
Dans le bouquet bleu des tours Etihad, des bureaux, des appartements, l’hôtel Jumeirah et son salon de thé panoramique du 74e étage. PAGE DE DROITE
1. Palmiers cuivrés stylisés autour de la piscine de l’hôtel Rosewood.
2. La façade irisée de l’hôtel Bab Al Qasr.
3. Depuis les fenêtres de l’hôtel Rosewood, vue imprenable sur l’eau turquoise.
4. Les tours Al Bahar, signées du studio d’architecture britannique Aedas, version modernisée du moucharabieh.
Comprendre (un peu) Abu Dhabi, c’est d’abord savoir que la ville n’a pris corps qu’avec les années soixante. Avant, il n’y avait là que quelques huttes en feuilles de palmier (barasti) et une poignée d’hommes, vivant pieds nus sur un trésor qu’ils ignoraient encore. Peu d’eau potable, pas d’électricité, juste un peu de bois pour cuisiner et des dromadaires pour se déplacer. Leur vie nomade oscillait entre la cueillette des dattes dans les oasis de Liwa et Al Aïn, la pêche sur la côte et les épuisantes campagnes perlières qui éloignaient les hommes pendant des mois au coeur de l’été. Mais, si Abu Dhabi a bien eu une importante flotte perlière à la fin du XIXE siècle, le marché s’est effondré avec l’arrivée des perles de culture. En 1962, l’exploitation des premiers gisements d’or noir tira donc ces hommes d’une misère tout aussi noire et, en 1966, le sheikh Zayed, gouverneur respecté et futur «père de la nation», put enfin poser les bases d’une administration digne de ce nom, tracer des routes, bâtir des aéroports, des hôpitaux, des écoles et des universités pour filles et garçons. C’est aussi Zayed qui convainquit six autres familles régnantes de se fédérer pour donner naissance en 1971, à la fin du protectorat anglais, aux Émirats arabes unis, dont Abu Dhabi est toujours la capitale. Ce qui a été accompli en cinquante ans reste impressionnant. Il n’en demeure pas moins qu’il faut déjà tout repenser, imaginer une ville affranchie des énergies fossiles pour ses bientôt trois millions d’habitants. Le plan-cadre Abu Dhabi 2030 la décrit faite d’écoquartiers de dimensions plus modestes, mêlant énergie solaire ou éolienne et techniques de construction traditionnelles. Et partout, des galeries ombragées, des jardins, des patios, où l’air circulera à nouveau. Moins de voitures, mais un métro. Des ponts, des navettes pour relier entre elles les îles de la côte, où seront bâtis des écovillages et des hôtels. Oui, il faut tout réinventer, mais les Émiratis l’ont déjà fait. Et en un temps record!