PORTRAITS D’AFRIQUES
51 artistes, 300 photographies sont rassemblés dans l’ouvrage « Africa 21e siècle ». Un voyage au coeur des expressions artistiques.
L’afrique dans la richesse de sa création, plurielle. Ce sont 51 artistes et 300 photographies, réalisées dans la dernière décennie, qui sont rassemblés dans l’ouvrage «Africa 21e siècle», à l’initiative du commissaire d’exposition et écrivain Ekow Eshun. Un voyage au coeur des expressions artistiques, en écho à la saison africaine en France.
Quatre destinations: «Villes hybrides», «Zones de liberté», «Mythe et mémoire» et «Paysages intérieurs », l’exploration est aussi vaste qu’intime, d’un côté le troisième continent de la planète, de l’autre les regards portés par une nouvelle génération de photographes et certains reconnus internationalement. À travers leur travail, l’afrique, les Afriques – 54 pays au total –, se révèle hors clichés, abordant des questions identitaires, sociales, géopolitiques, environnementales avec résilience, humour, décalage… et engagement. Né à Madagascar, Guillaume Bonn, amoureux de la côte des Moustiques bordant l’océan Indien, en propose de surprenantes images. Il capture les palais inspirés de la Renaissance italienne de Mogadiscio en train de tomber en ruine, dans la mer. Michael Macgarry révèle dans son objectif la ville fantôme de Kilamba Kiaxi en Angola, désertée car construite dans la folie de la croissance pétrolière. Sur les pas du photographe, on traverse une ville fantôme, aux logements trop chers pour être habités, quand cette région de Luanda souffre de pénurie de maisons. Aucun tabou, tous les sujets sont questionnables, avec souvent une légèreté qui les rend plus profonds. Les scènes oniriques imaginées par l’artiste sud-africain Athi-patra Ruga sont autant de plaidoyers en faveur des identités multiples, de genre, de génération, de culture. Les clichés de Zanele Muholi reprennent les codes de l’imagerie ethnographique afin de mieux réaliser «des portraits frontaux qui ne s’excusent pas de l’être… queer ». Les pièces entièrement tapissées de sacs plastiques de Nobukho Nqaba symbolisent la précarité de ces voyageurs forcés. Les personnages d’omar Victor Diop, en écho aux compositions des tableaux européens d’hommes africains du XVE au XVIIIE siècle, parlent de la visibilité ou non de la présence noire dans l’histoire de l’art. La Nigériane Zina Saro-wiwa utilise des masques rituels mais qu’elle réalise en résine fluo. Ses «Holy Star Boyz» évoquent les combattants d’une écologie latente. «Considérés individuellement, ils n’ont pas forcément grand-chose en commun, hormis la géographie et l’histoire d’un continent. Mais en rassemblant leurs oeuvres, il est possible que se dessine une cause commune: la revendication d’une Afrique vue dans tous ses paradoxes, toutes ses promesses, son émerveillement quotidien. Ici, dans leurs images, l’afrique se traduit en poésie plutôt qu’en prose. » Des regards qui chamboulent bien des visions de l’afrique et élargissent les horizons, tous les horizons.