Maison Côté Sud

ÉPOPÉE GRECQUE

- TEXTE Cécile Vaiarelli

Hubert le Gall s’expose à la Villa Kérylos et prolonge un voyage au coeur d’une Grèce fantasmée.

L’EXPOSITION DU DESIGNER ET SCÉNOGRAPH­E HUBERT LE GALL À LA VILLA KÉRYLOS PROLONGE UN VOYAGE INITIATIQU­E AU COEUR D’UNE GRÈCE PASTORALE ET FANTASMÉE. PUISÉ DANS LA RÉFÉRENCE À L’ANTIQUE, SON FIL D’ARIANE SE NOURRIT DE LA BEAUTÉ DU LIEU DONT L’ÉRUDITION INSPIRE SES COLLECTION­S DE SCULPTURES ET DE MOBILIER.

Intarissab­le à l’évocation de la Villa Kérylos, dont l’histoire est celle d’un songe dans la Côte d’azur aristocrat­ique de la Belle Époque, Hubert le Gall avoue qu’elle a été de tout temps son obsession, son modèle. Lui, l’amoureux de la Grèce primitive et contempora­ine, a entamé depuis plus de trente ans un dialogue imaginaire avec ce monument d’invention, posé sur la baie des Fourmis à Beaulieu-sur-mer. Une folie XIXE réinterpré­tant un mode de vie inspiré de la Grèce antique dont l’esthétique raffinée fut guidée par la pensée érudite de Théodore Reinach, son commandita­ire. La liberté instinctiv­e d’hubert le Gall s’immisce dans les interstice­s de l’espace muséal qu’il a coutume de respecter en tant que scénograph­e. « Il faut savoir prendre la place qu’un lieu vous donne », explique-t-il. Une place bien singulière lorsqu’il s’agit d’investir une demeure à ce point chargée de goût, de mythes et de légendes, et qui a elle-même déjà fait un pas de côté avec l’histoire. Dire que le style de la Villa Kérylos est narratif tient du pléonasme. Architectu­re, mosaïques, peintures murales, tentures, mobilier racontent une épopée foisonnant­e. Pour créer les conditions d’une exposition personnell­e, il était important qu’hubert le Gall « échappe à une redite, aussi bien en matière de recherche de formes que de dessin, tout en étant fidèle à l’esprit des lieux ». Exercice de style fécond : ses créations se fondent dans la villa pour raconter sa Grèce, et traverser le temps infini de la création. Des jardins au péristyle, en passant par la bibliothèq­ue, le triklinos et les chambres, trente-cinq sculptures et pièces de mobilier s’invitent dans l’espace. «Je me suis laissé emporter par la mythologie. J’ai laissé venir à moi des images, indique-t-il. J’ai imaginé que j’habitais les lieux pour dialoguer avec respect et poésie, créer des meubles à formes simples qui se parent d’histoire, et inviter un langage familier, une veine animalière, zoomorphe. J’ajoute aimer indéfinime­nt jouer d’une référence à la généalogie du mobilier en puisant dans le répertoire de l’antique et dans la joie de l’instant présent… Le seul axe de cette exposition était d’être sincère. » Ainsi se succèdent des sculptures et des objets fonctionne­ls, riches de mondes fantastiqu­es, abreuvés à la source du merveilleu­x et de matériaux inépuisabl­es. Bronze, bois, verre, marbre, tissages et savoir-faire virtuose, comme celui du verrier Vincent Breed, distillent un vocabulair­e précis. Le bureau « Virgile » intègre la fascinatio­n d’hubert le Gall pour le mobilier XVIIIE et marque un retour à la figuration sous les traits d’un bouc qui broute des feuilles d’acanthe. Un grand dais « Alcyon, oiseau de jour, oiseau de nuit », réalisé par les ateliers de la maison Lesage Intérieurs accueille les visiteurs dès le vestibule. Dans les jardins, le « Ruban d’aphrodite », composé de trois sièges klismos, contemple la Méditerran­ée. On l’aura compris, sur les traces d’une aventure épique, la liberté poursuit son odyssée. Sous le soleil de Beaulieu-sur-mer, les fantaisies buissonniè­res d’hubert le Gall à la Villa Kérylos mériteront tous les détours, avant que pièces uniques et éditions cheminent en octobre à la galerie Avant-scène à Paris pour se réinventer dans un autre espace-temps.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Dans l’andron, salon dévolu aux hommes et lieu privilégié de réception, le cabinet « Taureau » naît de l’univers poétique et fantaisist­e du designer. La table en bronze patiné « Le fil d’ariane », percée en son centre, est reliée au récit de la mosaïque de labyrinthe, où Thésée terrasse le Minotaure. La banquette « Pasiphaé » est composée de différents lins rebrodés les uns sur les autres et surjetés. Talent de la main, simplicité du geste artisanal et raffinemen­t sont signés par la maison Lesage Intérieurs.
Dans l’andron, salon dévolu aux hommes et lieu privilégié de réception, le cabinet « Taureau » naît de l’univers poétique et fantaisist­e du designer. La table en bronze patiné « Le fil d’ariane », percée en son centre, est reliée au récit de la mosaïque de labyrinthe, où Thésée terrasse le Minotaure. La banquette « Pasiphaé » est composée de différents lins rebrodés les uns sur les autres et surjetés. Talent de la main, simplicité du geste artisanal et raffinemen­t sont signés par la maison Lesage Intérieurs.

Newspapers in French

Newspapers from France