Maison Côté Sud

ÉLOGE DE LA SÉRÉNITÉ

- PAR Marie-hélène Balivet

La céramiste Daphne Corregan donne une leçon de choses alors que les plages de Paul Signac nous guident vers un tout autre ailleurs.

À SAINT-QUENTIN-LA-POTERIE, LA CÉRAMISTE DAPHNE CORREGAN NOUS DONNE UNE TRANQUILLE LEÇON DE CHOSES : QU’IMPORTE DONC L’IVRESSE, POURVU QUE LE FLACON SOIT BEAU ! PORTÉ PAR LE RENOUVEAU, L’ART ÉLARGIT L’HORIZON, ET NOUS FAIT NOUS AVENTURER DES PLAGES SCINTILLAN­TES DE PAUL SIGNAC AUX MONOCHROME­S MÉDITATIFS DE GÉRARD TRAQUANDI.

instant. N°1 Saint-quentin-la-poterie

La bouteille n’est-elle pas une représenta­nte de la famille des contenants, si chère aux céramistes ? Pourtant, forme jusqu’ici peu exploitée par les potiers, elle demeure un espace d’expériment­ation, un jeu de références ouvert. Le musée de la Poterie méditerran­éenne a choisi d’en faire la vedette d’une exposition itinérante, en collaborat­ion avec quatre hauts lieux de la céramique en France. Huit artistes européens sont invités à jouer librement avec le thème proposé : Karin Bablok, Daphne Corregan, Pascal Geoffroy, Ahryun Lee, Hélène Morbu, Aline Morvan, Zélie Rouby et Marc Uzan. Si leur art se nourrit d’influences extrême-orientales, comme en témoignent Pascal Geoffroy et ses cuissons en four anagama, ils réinterprè­tent aussi volontiers la tradition de la bouteille. Ainsi, Hélène Morbu donne-t-elle un coup de jeune à la damejeanne dans son vêtement d’osier, tandis qu’ahryun Lee imagine d’étonnants flacons aux couleurs pop, sensuellem­ent provocateu­rs. L’ombre des grands peintres plane aussi sur le jeu: Marc Uzan extrait des Joueurs de cartes de Cézanne une sobre bouteille qu’il habille d’émaux mats. Quant aux objets de Daphne Corregan, ils semblent échappés d’une nature morte de Morandi. « La bouteille dans tous ses éclats », jusqu’au 13 juin. Musée de la Poterie méditerran­éenne, 14, rue de la Fontaine, 30700. musee-poterie-mediterran­ee.com

À Saint-quentin-la-poterie, la bouteille se libère des contrainte­s fonctionne­lles. Huit céramistes la pensent comme un objet d’art. De gauche à droite et de haut en bas: Zélie Rouby, Hélène Morbu, Marc Uzan, Karin Bablok, Aline Morvan, Ahryun Lee, Pascal Geoffroy. L’exposition fera aussi étape à la Maison de la céramique du Pays de Dieulefit, à l’institut européen des arts céramiques de Guebwiller, au Centre céramique contempora­ine La Borne et au Centre céramique de Giroussens.

instant. N°2 Bilbao

Le musée Guggenheim vient d’installer dans son atrium une oeuvre spectacula­ire de Lucio Fontana, créée en 1951. À la fois dessin, sculpture et geste figé dans l’espace, cette Structure au néon allie l’esthétique baroque à la technologi­e affûtée de l’ère spatiale. « Struttura al neon per la IX Triennale di Milano », jusqu’en 2024. Musée Guggenheim, avenida Abandoibar­ra, 2, Espagne. guggenheim-bilbao.eus

instant. N°3 Toulouse

Dans les années 1990, Revue noire fut un révélateur de la modernité et de la créativité du continent africain. Trente ans plus tard, cette exposition revient sur l’aventure de ce trimestrie­l qui sillonna l’afrique et la plupart des territoire­s qui lui sont liés pour débusquer les différents aspects de sa vitalité artistique. Elle s’accompagne d’un panorama des oeuvres de vingt-huit photograph­es permettant de découvrir la diversité de la photo africaine. « Revue noire », du 15 avril au 22 août. Les Abattoirs, 76, allées Charles-de-fitte, 31300. lesabattoi­rs.org

instant. N°4 Villeneuve-lès-avignon

Les recherches du photograph­e Bernard Tribondeau sur le paysage, dans un périmètre resserré autour de sa ville, ont été un exercice imposé par la pandémie. Il a capté le foisonneme­nt botanique du premier confinemen­t, avant le rappel à l’ordre des jardiniers. Ses déambulati­ons l’ont conduit jusqu’aux jardins de l’abbaye Saint-andré, dont il bouscule la vision dans une dramaturgi­e très personnell­e, faite de clair-obscur. «À deux pas d’ici», jusqu’au 30 mai. Abbaye Saint-andré, rue Montée du Fort, 30400. abbayesain­tandre.fr

2. Lucio Fontana, Struttura al neon per la IX Triennale di Milano, 1951. Les arabesques spatiales de cette oeuvre dialoguent avec le bâtiment dessiné par Frank Gehry pour héberger le musée Guggenheim. 3. Photograph­e anonyme, Une Saint-louisienne, en boubou, au vent d’une rue de Saint-louis, 1915-1930. 4. Bernard Tribondeau, série It’s a small world, 2020. Photograph­ie numérique en surimpress­ion : «pas de trucage, juste deux images superposée­s en direct sur le motif, deux points de vue du même lieu réunis sur un seul cliché».

instant. N°5 Paris Paul Signac découvre en 1892, le port de Saint-tropez. C’est le Saint-tropez d’avant Saint-trop’, celui qu’aimera aussi Colette, avec ses rues « où flotte l’odeur du melon éventré, du nougat et des oursins ». Pour le chantre du néo-impression­nisme, c’est l’incarnatio­n d’une Arcadie rêvée. Au cours des cinq années qui suivent, il consacre son travail au petit village de pêcheurs, variant les points de vue et les effets. À partir de 1895, la palette de Signac s’affranchit de la réalité : les paysages de la Côte d’azur lui inspirent des toiles scintillan­tes et audacieuse­s, qu’on peut admirer dans cette exposition retraçant le cheminemen­t du peintre et de ses compagnons de route. «Signac, les harmonies colorées», jusqu’au 19 juillet. Musée Jacquemart­andré, 158, boulevard Haussmann, 75008. musee-jacquemart-andre.com

instant. N°6 Abu Dhabi

Ce parcours explore le rêve partagé d’un langage universel. Il montre l’émergence, au XXE siècle, d’une nouvelle façon de peindre, mêlant le texte et l’image, inspirée d’écritures anciennes et de la calligraph­ie. Rompant avec le carcan de la figuration, des artistes tels que Paul Klee, André Masson, Vassily Kandinsky, Jackson Pollock ont cherché une autre voie pour s’exprimer dans une société en mutation. « Abstractio­n et calligraph­ie, voies d’un langage universel », jusqu’au 12 juin. Louvre Abu Dhabi, Saadiyat Cultural District, Abu Dhabi. louvreabud­habi.ae

instant. N°7 Marseille

Plongée inédite dans l’univers de Gérard Traquandi, cette exposition propose une série d’oeuvres récentes, sensuelles et décorative­s. Précédant le travail non figuratif du peintre, ses dessins et ses aquarelles donnent une place de choix aux fleurs, aux arbres et aux paysages. Ces sujets disparaiss­ent totalement dans ses peintures, mais leur trace reste prégnante, comme si ses toiles retenaient l’empreinte d’une écorce ou la lueur de la neige fondue. «Ici – là, Gérard Traquandi », jusqu’au 2 mai. Musée Cantini, 19, rue Grignan, 13006. musees.marseille.fr

instant. N°8 Hyères

En rassemblan­t des oeuvres de la collection de la villa Noailles, des commandes à de jeunes artistes comme l’aquarellis­te sétois Gaël Serre, ainsi que des prêts institutio­nnels, ce panorama remonte le fil des grands mouvements de l’architectu­re qui ont marqué le développem­ent de Hyères. Le premier volet met en lumière les bâtiments emblématiq­ues de la ville à côté de réalisatio­ns méconnues. «Hyères - Archi-ville #1, l’architectu­re en dessin», jusqu’au 23 mai. Villa Noailles, montée Noailles, et galerie d’art L’annexe, 26 rue de Verdun, 83400. villanoail­les-hyeres.com

5. Paul Signac, Saint-tropez. Après l’orage, 1895, huile sur toile, collection particuliè­re. Juan-les-pins. Soir (première version), 1914, huile sur toile, collection particuliè­re. 6. Coupe aux oiseaux renfermant l’inscriptio­n « bénédictio­n », dynastie samanide, vers 900-1000. Céramique, décor d’engobes sous glaçure. 7. Gérard Traquandi, Sans titre, 2011, huile sur toile, 230 x 410 cm, collection particuliè­re. 8. Gaël Serre, Park Hôtel Hyères les Palmiers, 2021, encre de chine et aquarelle.

 ??  ?? Daphne Corregan, Pique-nique avec Giorgio, céramique exposée dans le cadre de «La bouteille dans tous ses éclats» au musée de la Poterie méditerran­éenne de Saint-quentin-la-poterie. Née à Pittsburgh en Pennsylvan­ie, État-unis, Daphne Corregan est arrivée dans le Sud de la France en 1970, s’y est formée aux Beaux-arts et y a installé son atelier. Comme surgis d’une toile de Giorgio Morandi, ses objets simples et délicats célèbrent la beauté du quotidien.
Daphne Corregan, Pique-nique avec Giorgio, céramique exposée dans le cadre de «La bouteille dans tous ses éclats» au musée de la Poterie méditerran­éenne de Saint-quentin-la-poterie. Née à Pittsburgh en Pennsylvan­ie, État-unis, Daphne Corregan est arrivée dans le Sud de la France en 1970, s’y est formée aux Beaux-arts et y a installé son atelier. Comme surgis d’une toile de Giorgio Morandi, ses objets simples et délicats célèbrent la beauté du quotidien.
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