L’AUBERGE DU VILLAGE
À l’auberge de Banne, on croise les passionnés qui ont rallumé l’esprit des lieux et des figures du village.
En toile de fond, une nature brute, minérale, sauvage, où sont venues s’inscrire de solides bâtisses, des places animées de fontaines, de bancs, comme autant de points de rencontre à l’ombre des platanes ou dans la lumière de belles âmes ardéchoises. L’auberge de Banne est devenue l’épicentre d’une vie de village aux allures de carte postale vivante. On y croise les passionnés qui ont rallumé l’esprit des lieux et des figures du pays.
Elle se découvre au détour d’une succession de lacets, volets bleus et façade grise sur laquelle se détachent en rouge intense: «Auberge de Banne». Aux confins des Cévennes, elle est l’épicentre du village, en contrebas des vestiges d’un château. Les anciens se souviennent qu’autrefois, baptisée Café du Nord, elle appartenait à Boubou, qu’il fallait appeler depuis la cabine téléphonique pour qu’il vienne vous y préparer une omelette. On doit sa renaissance à un enfant du pays, François Dumas, architecte d’intérieur et antiquaire spécialisé dans le XXE siècle, et sa femme Kate. Accaparé par de multiples projets un peu partout sur la planète, le duo avait à coeur de mettre en lumière la région, son terroir, ses habitants et producteurs. Accompagnés de l’architecte Éric Boyer, ils rénovent le bâtiment, dans le respect des codes et matériaux ardéchois. Chaux, voûtains à l’ancienne, mobilier en chêne, carreaux de ciment en rappel des cimenteries du coin. Sur fond de mobilier vintage en rotin, céramiques années 1950 et objets chinés, un salon voûté et douze chambres avec terrasses vont s’y déployer. En fil conducteur, le travail de l’artiste Pierre Malbec et les créations textiles de sa femme Raphaële. Aux murs et brodés sur le linge de lit, des formes géométriques, des aplats colorés que François fut l’un des premiers à repérer lorsqu’il commanda un tableau à Pierre, il y a une trentaine d’années. La naissance d’une histoire d’art et d’amitié. Des oeuvres à retrouver sur place dans une boutique-galerie où les Dumas exposent tableaux de Viallat ou Ben, fresques en céramique de Julien Capron, sculptures de Dominique Pouchin ou de l’atelier Valentin, objets des années 1950 à 1980. Une auberge rétro revisitée avec style, dont le coeur réside en son bar-brasserie. Repensé dans le goût d’un bistrot, banquettes en moleskine rouge, photos noir et blanc, mobilier et affiches chinés, de son comptoir en marbre jusqu’à sa terrasse ombragée, il fait battre le pouls du village! Du café matinal au déjeuner sous les platanes, de l’apéritif-pétanque au dîner à la lueur des lampions, on y croise les figures locales. Monsieur le Maire, intarissable sur l’histoire de Banne, les producteurs du marché, jeunes passionnés venus ici en reconversion d’une vie plus vraie, Lamo, l’artiste-peintre, et son fils Thomas, passionné d’oléiculture. Le père Holthof, moine cistercien, raconte les légendes du bois de Païolive, labyrinthe de chênes blancs et de roches calcaires sculptées par les eaux, sur lequel il veille depuis son ermitage, avec pour voisin l’agriculteur-philosophe Pierre Rabhi, qui a posé ferme et potager sur cette terre. Marthe Crégutpellegrino s’enthousiasme sur Bann’art, son festival d’art singulier qui investit les écuries du château. Les frères Bouquet racontent l’étonnante grotte de la Cocalière découverte par leur père. Sébastien débouche un cru du château des Lèbres, domaine familial reconverti en bio. Et le temps se déroule, à la manière d’un film d’époque projeté sur le grand écran de Banne.