ESCALE AU PAYS DU CARRELAGE

Grâce à ses gisements d’argile, la province de Castellón de la Plana, au nord de Valence, est devenue l’épicentre de la céramique en Espagne. Retour dans le temps à la découverte d’une filière née il y a quelques millénaires avant notre ère, et qui a su évoluer et se diversifier jusqu’à accompagner, voire anticiper, les désirs des designers et architectes du monde entier.

Ce n’est pas rien, 95 % de la céramique produite en

Espagne provient de la province de Castellón de la Plana, au nord de Valence. Au départ de toute grande aventure économique, il y a la matière première (en l’occurrence, l’argile rouge) et la capacité des hommes à l’exploiter. Ici, ces derniers ne traînèrent pas. Ibères, Romains et Arabes maîtrisaient l’art de la terre cuite. Et pas qu’un peu. Dès la fin du Moyen Âge, la céramique de Manises, appréciée pour ses décors peints délicats, s’exporte en Europe du Nord comme au Proche-orient. Quant à la manufacture royale de L’alcora, fondée en 1727, elle emploie jusqu’à 300 ouvriers, dont certains formés par la manufacture de Sèvres, et possède des comptoirs dans toute l’espagne et jusqu’en Amérique du Sud. Au XIXE siècle, l’activité s’étend à Onda et Castellón, qui, outre l’argile, disposent du train et d’un accès à la mer pour acheminer leur marchandise vers les grands chantiers de Barcelone, d’andalousie, voire d’amérique du Sud. Le XIXE siècle est une époque faste, où l’on construit beaucoup. À Valence, on regarde du côté de Barcelone, du modernisme et de Gaudí. Le marché de Colón, en 1914, comme l’estación del Norte – la gare du Nord –, inaugurée en 1917, usent et abusent du trencadis pour orner leurs marquises et colonnades. Quant à l’extraordinaire marché central, qui s’appuie, lui aussi, sur une ossature métallique digne d’une gare, il est coiffé de somptueuses coupoles dont les carreaux de céramique vantent les produits de la mer ou des vergers: toute l’opulence de Valence!