POINT D’ÉQUILIBRE
Suspendu sur les terres sauvages de l’alentejo, au Portugal, Dá Licença est un hameau de lumière pointé vers l’horizon. Dans cet ancien domaine agricole, Franck Laigneau et Victor Borges fusionnent habitat rural et design du début du XXE siècle. Plus qu’un lieu d’accueil, leur maison d’hôtes est un projet travaillé autour d’une recherche d’équilibre associée à une reconnexion avec la nature.
TERRE SAUVAGE
PAGE DE GAUCHE
Au pied du bâtiment principal et de sa terrasse suspendue, le jardin d’agrumes est rythmé de pierres excavées et de blocs de marbre, créant un paysage quasi lunaire.
PAGE DE DROITE
Le domaine conçu comme un hameau est balisé de passerelles en deck jalonnées de chêneslièges et d’oliviers, qui relient les différents bâtiments de la guest house et donnent accès au jardin d’agrumes et sa piscine ronde.
Plongeant sur les collines de l’alentejo, 120 hectares de paysages vallonnés, plantés de treize mille oliviers, dessinent l’horizon. La terre est rouge, parfois rose, et toujours sauvage. Les murs frappés de blanc découpent comme des lames de lumière dans l’azur. «C’est la pureté de l’air qui dessine les contours et décide des couleurs », souligne Franck Laigneau. Seul au monde, perdu dans les terres, le village blanc Dá Licença ressemble à un jeu de construction cubiste où les lignes pures et primitives semblent toucher le ciel. L’ancien domaine agricole qui dépendait jusqu’en 1830 du couvent d’estremoz, le village voisin, a longtemps gardé son activité oléicole. Distribués comme dans un hameau, les bâtiments trouvés à l’abandon par leurs nouveaux acquéreurs, ont la beauté brute des origines. La propriété principale ouverte sur un patio s’étend sur plusieurs habitations destinées à l’exploitation des terres. C’est ici que la recherche d’une maison de vacances s’est transformée en projet de vie. À l’époque, Franck Laigneau est galeriste rue de Bellechasse à Paris et Victor Borges, directeur de création soie et textile pour la maison Hermès. Les lieux décideront de la suite. La taille du domaine laisse la place à une nouvelle histoire, plus proche de leur envie de partage, ainsi naît Dá Licença. Passionné par les styles Jugendstil, Arts & Crafts… Franck Laigneau souligne«ici, ces pièces de mobilier retrouvent leur place et surtout elles peuvent être regardées en échappant à la distance d’une galerie. On est libre de les voir ou pas, on peut les découvrir dans leur interaction avec le quotidien, elles font notre décor même si nous disposons aussi d’un espace d’exposition dans l’ancien pressoir ». De fait, dans cette guest house hors normes, l’inventaire de mobilier cultive un incroyable mélange entre Art nouveau, cubisme et formes organiques. Les meubles bombés se confrontent à d’autres plus angulaires qui semblent taillés dans la masse, répondant aux murs facettés de l’architecture vernaculaire du site. La silhouette de la sphère, inspirée par l’île d’artistes Naoshima, au Japon, allant du dessin de la porte d’entrée à la piscine de quinze mètres de diamètre, posée comme une cible sur le sol, peaufine cette géométrie composée. Neuf chambres cultivent l’harmonie dans un silence d’or. «Dá licença », formule de politesse portugaise («puis-je» en français), baptise la philosophie des lieux. Tout est dit: discrétion, intimité et délicatesse accompagnent ce temps ralenti, réenchanté par la délicieuse cuisine de Victor, fruit des cueillettes du potager et des produits du terroir. Un voyage au long cours porté par cette terre brute et absolue.
GALERIE TRAVERSANTE
PAGE DE GAUCHE
Dans le salon ouvert par des portes-fenêtres sur la piscine en mosaïque, au pied d’une sculpture de Bernard Druet, 1974, fauteuils «P3» en rotin de Tito Agneli, 1962, Bonacina, et table d’appoint en bois peint d’ernesto Basile, 1915. Canapé scandinave, vers 1950, chiné. Sol en dalles de granit Negro Vilar.
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La galerie traversante, occupée par des bibliothèques, relie les deux bâtiments donnant sur la cour principale, et s’ouvre par de grandes baies vitrées. Le sol est en granit Negro Vilar gratté. Dans cet espace à la fois pièce de lecture et coin repas, fauteuils «Sibbo» d’yngve Ekström, et une table entourée de chaises de style néo-breton de Joseph Savina, 1947. À droite, chaise rustique portugaise, chinée.
PAGE DE GAUCHE
L’ex-galeriste parisien Franck Laigneau et son associé Victor Borges, ancien directeur de création pour Hermès, mais aussi fin cuisinier, ont réuni passion et énergie autour de la métamorphose de cette propriété agricole devenue refuge d’esthètes.
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Dans un salon de lecture, un triptyque symboliste de Giuseppe Viner, 1902, accompagne une paire de fauteuils et une table basse de Uno & Östen Kristiansson, Luxus Vittsjö, 1960, sur laquelle sont posés des vases de style Jugendstil en céramique émaillée d’alf Wallander, vers 1900.
PAGE DE GAUCHE
Dans la grande pièce de réception, une cheminée suspendue d’ico Parisi en fer recyclé et soudé au plomb flotte dans l’espace au-dessus d’une paire de fauteuils Swedish Grace, vers 1920, d’un tabouret de Franz Xaver
Sproll, 1950, et d’un guéridon en marbre travaillé à la gouge, Vila Viçosa, création Dá Licença. Commode de Hans Itel, vers 1920. Dans le fond, un tableau de David Dellepiane, commande de Frank Jay Gould pour la réception de l’hôtel Le Provençal à Juan-les-pins en 1926. Solen granit Negro Vilar.
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Dans l’arrière-cuisine de la maison principale, les produits du potager et l’huile d’olive de la propriété côtoient une jarre, chinée et une collection de paniers en osier, artisanat portugais. Suspension scandinave, chinée. Armoires réfrigérées, Ininsrico.