PENSION DE FAMILLE
En toute discrétion et simplicité, l’île de Spetses cultive un authentique art de vivre. C’est là, entre criques et pinèdes, qu’hannah et Karl Hindi viennent d’ouvrir le Yayaki. Imaginé avec la complicité de Maison Hand, cet hôtel, qui modernise les codes de la Grèce éternelle, propose de se ressourcer de façon éthique et raisonnée. Régénérant !
Àdeux heures de bateau du Péloponnèse, l’île de Spetses est l’un des secrets les mieux gardés de la bourgeoisie athénienne. Loin des promoteurs et des touristes, ce confetti couvert de pins, bordé de criques et parsemé de demeures d’armateurs a su préserver son calme et sa vérité. C’est aussi, depuis longtemps, l’île des retrouvailles pour la famille de Karl et Hannah, dispersée à Beyrouth, Bruxelles ou Tel Aviv… «Mes grands-parents y possédaient une maison, j’y ai passé mes vacances, nous nous y sommes mariés, et après notre diplôme d’hôtellerie, c’est tout naturellement là que nous avons choisi d’implanter notre projet», raconte Hannah. Le couple franco-libanais est séduit par le potentiel d’une petite pension de famille nichée dans une demeure traditionnelle. Ils demandent à leurs amis, les décorateurs et architectes d’intérieur Pierre-emmanuel Martin et Stéphane Garotin, créateurs de l’agence de design et aménagement intérieur Maison Hand, d’y imprimer leur esprit. «Ils voulaient un hôtel comme une maison de famille, respirant les vacances et l’ambiance grecque. Nous avons donc repris les codes vernaculaires – dépouillement, simplicité, goût du fait main – en les détournant pour insuffler de la modernité.» Le chantier, mené avec l’équipe de Novicon Construction, est radical: seul le toit et les murs sont préservés, les étages étant entièrement redessinés. Quinze chambres d’une sobriété apaisante sont logées dans les deux corps de bâtiments, déployés autour de la piscine. «Avec ses façades colorées, Spetses ressemble parfois plus à l’italie qu’à la Grèce. Cela nous a inspiré une palette très méditerranéenne, privilégiant la terracotta et les matières naturelles comme le bois, la terre cuite, le raphia…» Soignant le moindre détail et choisissant jusqu’aux assiettes du petit-déjeuner, le duo multiplie les clins d’oeil à l’art de vivre local: banquettes et bibliothèque en maçonnerie évoquant l’habitat cycladique, ciels de lits paillés comme les chaises des tavernes, tapis dessinés à la chaux sur les terrasses (une idée empruntée à la maison de Paola Navone à Serifos…). « L’artisanat local est talentueux et réactif, nous avons donc beaucoup sollicité ses menuisiers, ferronniers, potiers…», explique Hannah. Chaises de paille et bois, tables de fer et marbre comme celles des kafeneia grecques sont commandées à des artisans d’athènes, la vaisselle en terre est l’oeuvre d’une céramiste de Serifos. Au-delà de la décoration, une vraie philosophie durable soustend le projet. «Notre chef, Esco, le créateur de “The Plant Kingdom”, premier restaurant vegan d’athènes, crée des petits-déjeuners et des mezze privilégiant le bio et le saisonnier. Nos vins bios viennent de Limnos, notre bière d’argos. Nos fournisseurs sont écologiques: Coco-mat pour les matelas, Olive Era pour les produits de bain…» Dans cette île dénuée de voitures et d’eau courante, la simplicité et le respect de la nature sont une forme d’élégance prisée des résidents. Le Yayaki – baptisé en hommage à la «yaya», la grand-mère d’hannah – en a fait sa profession de foi. «Nous avons créé un concept qui n’existait pas encore, raconte Hannah. Nous proposerons des séjours “bien-être” avec cours de yoga, ateliers d’écriture, de danse, de développement personnel… » Petite, Spetses se parcourt en calèche ou en scooter. Pour découvrir ses recoins secrets, le Yayaki offre des services personnalisés: sorties en bateau de pêche, randonnées dans la pinède, pique-niques dans les criques… Le bonheur s’invente ici!