Maison Côté Sud

LA RÉSILIENCE DU ROSEAU

- PAR Marie-hélène Balivet

AUSSI RÉSILIENT QUE LE ROTIN DONT IL FAIT SES SCULPTURES, L’ARTISTE SOPHEAP PICH REMET EN LUMIÈRE LES MATÉRIAUX INDIGÈNES ET LES TECHNIQUES ANCESTRALE­S DE SON PAYS NATAL. ROBUSTE ET LÉGÈRE COMME LES NASSES ET LES PANIERS TISSÉS DANS LES PROVINCES RURALES, SON OEUVRE EST UN HOMMAGE TRÈS CONTEMPORA­IN AU CAMBODGE ÉTERNEL.

De son enfance passée sous le régime des Khmers rouges, Sopheap Pich a gardé la résistance d’un roseau. En 1979, fuyant son pays natal avec sa famille, il se rend en Thaïlande puis aux Philippine­s, pour enfin s’installer aux États-unis, où il fait des études à l’université du Massachuse­tts et à l’art Institute de Chicago. À son retour au Cambodge en 2002, le jeune artiste abandonne la peinture pour créer des objets en trois dimensions, dans une poétique simulation de la reconstruc­tion. Désireux de rester le plus fidèle possible à son environnem­ent, il collecte des matériaux locaux modestes, bambou ou rotin, qu’il combine parfois au bois, à la pierre ou à l’aluminium recyclé. Inspirées de formes organiques, humaines ou végétales, ses sculptures aériennes et oniriques, souvent monumental­es, rendent hommage au savoir-faire vernaculai­re des artisans et des vanniers. Réalisées avec des centaines de brins de bambou bouillis puis tressés, certaines mobilisent l’assistance de toute une équipe, pendant près de six mois. Tel fut le cas de son oeuvre à grande échelle Rang Phnom Flower, représenta­nt un arbre boulet de canon – Couroupita guianensis,« rang phnom » en khmer. Désormais internatio­nalement reconnu, le travail de Sopheap Pich a été présenté partout à travers le monde, notamment à la documenta de Kassel en 2012, lors d’une exposition personnell­e au Metropolit­an Museum of Art de New York en 2013, et à la biennale de Venise en 2017. Ambassadeu­r de la culture cambodgien­ne, l’artiste a été récemment invité par l’institut français du Cambodge à venir en résidence au Centre internatio­nal de recherche sur le verre et les arts plastiques, à Marseille. Objectif : se confronter pour la première fois à l’art du verre. Histoire à suivre !

 ?? ?? 1. Sans titre, 2019. Bambou, rotin, peau de chèvre, fil de fer, toile de jute, résine synthétiqu­e. 2. Morning Glory, 2011. Rotin, métal, contre-plaqué. Évoquant une plante répandue au Cambodge, cette oeuvre cache une allusion poignante à la famine régnant sous les Khmers rouges, durant laquelle celle-ci était consommée.
3. Rang Phnom Flower, 2015. Bambou, rotin, métal, contre-plaqué. Cette représenta­tion de 8 m de long d’un arbre boulet de canon est l’une des oeuvres les plus ambitieuse­s de Pich.
1. Sans titre, 2019. Bambou, rotin, peau de chèvre, fil de fer, toile de jute, résine synthétiqu­e. 2. Morning Glory, 2011. Rotin, métal, contre-plaqué. Évoquant une plante répandue au Cambodge, cette oeuvre cache une allusion poignante à la famine régnant sous les Khmers rouges, durant laquelle celle-ci était consommée. 3. Rang Phnom Flower, 2015. Bambou, rotin, métal, contre-plaqué. Cette représenta­tion de 8 m de long d’un arbre boulet de canon est l’une des oeuvres les plus ambitieuse­s de Pich.
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En 2022, il sera invité à travailler le verre au Cirva de Marseille. sopheap-pich.com
SOPHEAP PICH — En 2022, il sera invité à travailler le verre au Cirva de Marseille. sopheap-pich.com

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