Maison Côté Sud

Mère Méditerran­ée

VÉRANE FREDIANI EST PARTIE À LONDRES POUR MIEUX SE RECONNECTE­R À MARSEILLE, SA VILLE, À LAQUELLE ELLE A ÉCRIT UNE LETTRE D’AMOUR GOURMANDE ET PASSIONNÉE. « MARSEILLE CUISINE LE MONDE » EST UNE SOMME, UNE BIBLE POUR LES MARSEILLAI­S QUI VEULENT DÉCOUVRIR LA

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Vérane Frediani voulait nous parler de la mer, à sa manière. « Parce que c’est un peu le quatrième mur, une telle évidence dans cette ville qu’on aurait tendance à l’oublier. » Dans son livre Marseille cuisine le Monde (éditions de La Martinière), au chapitre «Itinéraire­s marseillai­s pour estomacs curieux», elle met en lumière les plages du Sud: « La Corniche est souvent embouteill­ée mais, pardi, on regarde tous la vue au lieu de conduire! On est nombreux à rouler musique à fond pendant que d’autres font semblant de faire du footing ou sautent de n’importe où dans la mer pour impression­ner les passantes.» Pour Vérane, les rochers de la corniche Kennedy sont synonymes d’apéro! Car, du vallon des Auffes à la Malmousque, on accède en quelques marches à une foule de havres de conviviali­té improvisée, où l’on mange la pizza entre amis ou en famille, à quelques mètres d’une anse aux eaux turquoise, où il n’est pas interdit de piquer une tête avant-après. Seul risque: que les rochers soient déjà «pris». En ce cas, il est acceptable d’emprunter la table d’un cabanon voisin pour poser sa pizza, à condition de tout laisser en partant comme on l’a trouvé. Vérane aime les pizzas simples, comme la «moit-moit» anchois-fromage. Cette pizza bicolore est un standard marseillai­s. Comme le fait de remplacer la mozzarella par de l’emmental. « Tout ça, rit-elle en désignant les petits bateaux qui dansent dans l’anse de la Malmousque, un monsieur en train de faire griller un poisson pour ses amis attablés sur sa terrasse, ce rapport au temps long, cette capacité à improviser et se faire une place dans le dédale urbain, c’est tout de même très, très marseillai­s!» Plus loin, au bout de l’avenue Mendès-france, elle conseille une halte à la Pointe-rouge, parce que «là-bas, ça sent les vacances toute l’année». Son repaire, c’est le bar des Amis, le BDA, où il y a toujours un «moulon» (c’est-à-dire beaucoup) de gens et de la bonne musique, où les assiettes du chef Mathieu Dugas (tartare de thon à la salicorne, burrata des Pouilles et tomates bio du domaine de l’enregado, risotto courgettes­asperges-basilic thaï) sont parfaites le midi et où le pan-bagnat est digne de Nice, d’où est originaire le patron: Ivan Sinko. Le soir, c’est plutôt panisses, tapas et les cocktails de Rod et Marine, baristas puristes. Mais Vérane reprend la voiture, garée en travers forcément, pour filer au Cabanon de Paulette, à Montredon. Le menu annonce salade de poulpe, couteaux, palourdes et un «apéro au coucher de soleil dont vous vous souviendre­z, assure-t-elle, mais je vous encourage fortement à continuer votre chemin pour aller vous perdre aux Goudes et dans la baie des Singes. Là, vous aurez l’impression d’avoir quitté la Terre. Vous serez fatigué mais heureux. Baignez-vous où vous voulez. Ici, vous êtes libre!» Bon, en été, il vaut mieux faire ça tôt le matin et s’en aller sur le coup de onze heures, pour aller travailler.

 ?? ?? CI-DESSUS La mer, nourricièr­e depuis l’aube des temps : les occupants de la grotte Cosquer se nourrissai­ent bien des phoques, pingouins et poissons qu’ils dessinaien­t sur ses parois. À DROITE La suite de l’histoire, des rougets de Coline Faulquier au milk-shake de Bouille-abaisse de Lionel Levy, en passant par la daube de poulpe de Gagny Sissoko ou le rêve d’ippei Uemura de faire de Marseille la capitale du poisson, Vérane Frediani nous la raconte dans son livre
Marseille cuisine le Monde.
CI-DESSUS La mer, nourricièr­e depuis l’aube des temps : les occupants de la grotte Cosquer se nourrissai­ent bien des phoques, pingouins et poissons qu’ils dessinaien­t sur ses parois. À DROITE La suite de l’histoire, des rougets de Coline Faulquier au milk-shake de Bouille-abaisse de Lionel Levy, en passant par la daube de poulpe de Gagny Sissoko ou le rêve d’ippei Uemura de faire de Marseille la capitale du poisson, Vérane Frediani nous la raconte dans son livre Marseille cuisine le Monde.

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