LA RUE ET SES ARTISTES

L’artiste corse Marielou Albertini, disciple de Pierre Laffillé, s’intéresse depuis 13 ans à des personnages hors normes à travers des portraits sur panneaux de bois.

Marielou Albertini estime que sa rencontre avec l’artiste normand Pierre Laffillé a été déterminante dans sa carrière. « Je maîtrisais le portrait avant de décider de me rendre dans son atelier une fois par semaine durant deux ans. Il m’a transmis ainsi les techniques de la peinture à l’huile sur panneau de bois. » L’artiste fait aussi le choix d’exprimer son art à travers des portraits, des tranches de vie, des émotions volées et mélancoliques, d’artistes de rue, comme des mimes ou des musiciens. Elle explore une partie invisible de l’âme humaine. « La peinture sur bois offre un résultat aussi sombre qu’un Rembrandt. » Le choix de couleurs bleu nuit ou brun n’est certainement pas anodin. « Les histoires de mes personnages sont chargées de tristesse, de souffrances, d’émotions et de joies, » explique-t-elle.

Des émotions en partage

Marielou Albertini se souvient de son oeuvre fétiche : le portrait d’une enfant, tiré d’une photographie ancienne. « Un jour, mon maître, qui venait de recevoir la visite de clients dans son atelier, me dit qu’on avait voulu acheter mon tableau. Il a décliné l’offre parce qu’il n’en était pas l’auteur, mais il était fier de moi. » L’artiste a pris conscience par la suite que ses oeuvres au regard des autres ne lui appartenaient plus. « Je ne souhaitais donc pas m’en séparer. Mais j’ai finalement cédé cette toile à une amie insistante qui ressentait le besoin de l’avoir chez elle. »

Artiste de partages et de transmissions, Marielou Albertini affectionne particulièrement ce qu’elle appelle ses « récréations », ces instants où elle déplace son atelier dans la rue pour prendre part ou organiser à un événement. Tandis qu’elle participe à la Street Art Expérience d’ajaccio, les rues de Bastia, Ajaccio et bien d’autres lieux encore portent sa marque. « Dans la rue, les oeuvres sont plus joyeuses et colorées et il y a une véritable volonté de partage. » Dans son village de Zoza, les tailleurs de pierre accueillent les visiteurs. Elle est également commissaire de l’exposition du Festival Jazz in Aiacciu (Ajaccio), qui invite les amateurs de musique à découvrir dans les cellules du Lazaret des oeuvres atypiques.