PRÉCARITÉ, ÉQUILIBRE, DÉSÉQUILIBRE, DIVERSITÉ
Carole Tremblay parvient à donner l’illusion du mouvement dans ses sculptures grâce à ses postures peu communes.
L’artiste
Canadienne Carole Tremblay explique « avoir trouvé son équilibre dans le déséquilibre de ses sculptures ». Chef cuisinière dans un restaurant depuis 35 ans, elle a été récompensée pour ses pièces montées faites de graisse. Autodidacte, elle maîtrise la sculpture, la peinture et le dessin. « J’ai réalisé des sculptures en bronze, mais c’est la pierre qui me plaît, à savoir le marbre et les diverses variétés de calcaire. » Ses oeuvres sont exposées au Québec, aux Jardins de Dumham, et, en particulier, à Laval à l’atelier 213. Elle travaille ses oeuvres depuis 25 ans dans un atelier collectif ou la particularité est la pierre avec des sculptures de dimension imposante. Investie dans un échange entre des sculpteurs de Laval au Québec et
de Laval en Mayenne, elle constate que nos deux pays n’ont pas tout à fait la même approche. « Ici, nous utilisons des équipements lourds pour le travail de grands volumes : des outils à air, des râpes, etc. »
Instabilité et doute
Carole Tremblay concentre sa réflexion artistique sur le mouvement : un jeu sur les formes, la texture et les positions. Ses modèles humains ou animaux se présentent souvent dans ses sculptures au bord de la chute, à la limite du point d’effondrement. Elle trouve des positions presque impossibles à tenir. « Je travaille souvent à partir d’une pierre avec des aspérités, c’est ce qui m’inspire. Je préfère des blocs de pierre qui ont déjà pris naturellement une forme. C’est la pierre qui m’impose des limites, qui inspire mes gestes. » Ainsi, parfois, le corps fait un geste inhabituel, pour suivre les contours du support.
L’artiste explique travailler sur plusieurs oeuvres en même temps et s’inspirer de modèles vivants pour reproduire des corps ou des têtes. « Pour l’oeuvre “Voilier monumental”, comme un petit insecte, je recherche l’expression du mouvement continu en plaçant un déséquilibre dans mes postures. En ce moment, je sculpte une tête ajourée composée de plaquettes superposées dans une volonté de créer quelque chose d’unique. »
Dans son oeuvre “Transition urbaine”, réflexion sur l’immigration, des pierres en colonnes représentent de grandes cités. « Entre elles, des têtes cosmopolites représentent l’intégration de diverses cultures. »