LA CÉRAMIQUE COMME HÉRITAGE
Martine Maarek est issue d’une lignée réputée de céramistes d’art : la famille Chemla. Arrière-petite-fille de Jacob Chemla, le fondateur de la Poterie Chemla, l’artiste perpétue et nous raconte une histoire passionnante et éclatante en rebondissements.
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artine
Maarek est artiste céramiste. Ce savoir- faire est une passion pour cette cardiologue parisienne mais c’est avant tout un héritage familial. « Je suis la quatrième génération de céramistes d’art. Mon arrière-grand-père, Jacob Chemla, a redécouvert la céramique tunisienne dont le savoir- faire avait été perdu après la grande période dite Qallaline » explique la céramiste. L’histoire de cette dynastie est liée à celle de la Tunisie de la fin du Xixème siècle à la période contemporaine. A l’époque, vers les années 1870, lors du Protectorat français, Jacob Chemla côtoie des architectes français qui sont en quête d’inspiration pour décorer des hauts-lieux de Tunis. Il investit toutes ses économies dans un atelier de poterie. Pendant plusieurs années, il s’emploie, avec ses trois fils, Victor (le grand-père de Martine), chimiste, Albert, doué en commerce et Moïse, remarquable dessinateur, à retrouver les techniques de cuisson des fours et parvient à recréer avec justesse les émaux de couleur d’antan.
Après des difficultés familiales et financières, les années vingt sonnent comme une renaissance pour la famille. De grosses entreprises de négoce de New-york importent des carrelages décorés main et les stars d’hollywood s’arrachent les produits Chemla pour décorer leurs villas californiennes. La famille sera contrainte de quitter la Tunisie, lors de l’indépendance, pour s’installer en France en 1956.
Son propre style
Martine Maarek a souhaité perpétuer la tradition familiale de style oriental des décors, tel que sa famille le pratiquait : « Mon oncle André, céramiste réputé, m’a formée à cette discipline artistique ». Les motifs de style tunisien reprennent la production de la période dite Qallaline où dominent les bleus, les verts, le jaune d’or, mais dont le rouge est absent. Les décors de style Iznik font apparaître le rouge tomate, qui deviendra le symbole de cette production et qui fit la gloire de la céramique sous le règne de Soliman le Magnifique.
Martine Maarek crée ses oeuvres en reprenant des motifs traditionnels, dont certains sont des créations Chemla, et en les recomposant selon son imagination (décors exubérants, scènes florales, animalières, marines, ou motifs géométriques).