CLAIR OBSCUR

Peindre encore et encore, sans message ni allusion. C’est l’obsession de Manat ! Portrait d’un artiste pudique qui se devine derrière ses toiles...

La vocation de Manat remonte à l’enfance, quand il utilisait le chevalet de son père pour tracer ses premiers dessins. Cette attirance précoce pour l’art ne le quittera plus. Une fois entré dans la vie active, il entame un parcours sinueux sans jamais perdre de vue sa vocation première. Il y a cinq ans, il décide de franchir le pas en se consacrant totalement à la peinture. Un choix qui s’imposait comme une évidence.

Influencé à ses débuts par le Caravage, Manat s’imprègne de la période clair obscur du maître de la Renaissance italienne. Fasciné par la façon dont la lumière modèle les êtres, il commence par peindre des portraits de personnes âgées. Sublimant chacune des marques du temps qui passe, comme une histoire qui se lit sur nos visages. Cette quête de l’ombre et de la lumière le conduit un jour à peindre un portrait de singe. Une révélation ! Là encore, une évidence.

Volontiers pudique, Manat se dissimule derrière chacune de ses toiles. L’artiste ne se veut porteur d’aucun message ni d’aucune doctrine. Il peint comme d’autres vivent. Mû par cet élan naturel si bien décrit par Rainer Maria Rilke dans ses Lettres à un jeune poète. Utilisant les plus fins des pinceaux, il excelle dans le rendu des détails. Un souci de la minutie qui donne à ses toiles un réalisme saisissant. Et pourtant, le réel s’y voit dépassé et comme sublimé. Nous sommes ici dans un monde que nous reconnaissons mais qui n’est plus tout à fait le nôtre. Bien qu’il s’en défende, Manat nous parle. À son insu et, pour ainsi dire, presque malgré lui...