La SCULPTURE en pas chassé
Ancienne danseuse, Françoise Abraham sculpte des corps de femmes en mouvement avec une énergie débordante.
«La Femme Pressée » semble saluer les voyageurs de l’aéroport de Toulouse dans sa résine écarlate, lisse et éclatante. Ses larges jambes sont surplombées par une tête toute fine lancée dans un mouvement survolté avec un équilibre incroyable, à la fois élancé et lourd, comme saisi dans l’instant. Va-t-elle rater son vol ? Sa grande soeur « Fashion Lady » est monumentale, fière et droite dans sa course extravagante, ses sacs de shopping aux bras, à l’entrée d’un centre commercial Shenzhen en Chine. À elle seule, elle incarne la folie consumériste ou au contraire la dénonce-t-elle ? D’un bout à l’autre de la planète, les « Femmes » sculptées dans l’énergie de l’instant par Françoise Abraham captent le regard, attirent par leur frivolité et enseignent une double lecture. « Je sculpte la féminité au sens large, confirme l’artiste. La difformité de mes corps représente le poids des choses. »
Une continuité naturelle
Avant de commencer sa carrière de sculptrice, Françoise Abraham a été danseuse depuis l’âge de six ans. Elle a réalisé son apprentissage auprès des professeurs de l’opéra de Paris jusqu’à 17 ans, avant de se consacrer à la danse contemporaine. « J’ai dansé dans différentes compagnies jusqu’à l’âge de 32 ans. J’ai arrêté ma carrière à la naissance de mes jumeaux. Mais je reste naturellement passionnée par les mouvements du corps. » Comme elle peignait et sculptait déjà en dilettante, elle a appris la taille du marbre chez un maître italien, puis le bronze et la résine. « De fil en aiguille, j’ai exposé dans des salons, des galeries, jusqu’à ce que l’une d’entre elles me fasse connaître en Asie ou Amérique de Nord. » Depuis son atelier de Verrières-le-buisson, dans l’essonne, elle a répondu à de multiples sollicitations internationales. Dans sa quête perpétuelle de sensualité, Françoise Abraham fait preuve d’une maîtrise étonnante du corps humain, qu’elle déforme dans un déséquilibre élégant et déconcertant. La couleur, joyeuse et libérée, inspire son oeuvre. Les résines colorées issues d’une recherche et d’une technique personnelles, sont avec leur décor imaginaire, toutes des pièces uniques. Elle a été marquée à ses débuts par les formes du sculpteur Henry Moore. « Je cherche à capter la vie contemporaine en m’inspirant des habitudes des femmes comme Les Parisiennes, Business Women, Champagne ou Premiers Pas.».