Peinture & Mémoire
Aux confins de l’abstrait et du figuratif, la peintre Sitelle livre des oeuvres intenses et nourries par un parcours artistique particulièrement riche.
Sittelle : (n. f.) petit oiseau acrobate au plumage bleuté auquel Elisabeth Gineste a emprunté son pseudonyme, « avec un seul t », précise-t-elle. Actif et particulièrement sociable, ce passereau des jardins affiche une particularité notable : il peut se déplacer la tête en bas le long des troncs sans jamais perdre le cap. Et si l’on regarde de plus près le parcours de l’artiste, on ne peut s’empêcher de remarquer des similitudes avec cet oiseau forestier singulier, insatiable de vie et d’intérêt pour le monde.
Passionnée par la peinture depuis l’enfance et sensibilisée à l’art par ses parents, Sitelle s’est d’abord orientée vers des études d’anglais qui lui permettront de devenir traductrice de soustitres pour le cinéma. Elle pratique également la danse, s’adonne à l’écriture théâtrale et à la lecture à voix haute. Le désir de croiser des langages expressionnistes, qui confrontent sa sensibilité intuitive et visuelle à la lisière de l’intime et de l’universel, lui sert de guide. Le partage et la transmission font partie des pierres angulaires qui lui permettent progressivement de bâtir sa vie tant personnelle qu’artistique. Peindre l’accompagne toujours et partout. Si l’autre avec un grand « A » constitue pour elle une véritable source d’inspiration, sa peinture va revêtir toute sa dimension lorsqu’elle quitte la capitale pour vivre en Auvergne où elle réouvre la maison familiale.
Ce retour aux sources, au plus près de la nature, donne à son nom d’artiste - Sitelle - tout son sens. Chez elle, l’enfance et ses souvenirs agissent comme une catharsis : sa peinture se déploie et confronte le regard du public. D’abord sur les terres clermontoises, puis en Bretagne avant de s’exporter jusqu’à New-york où elle est suivie par la Van der Plas Gallery et le collectif d’artistes Pleiades Gallery. « J’ai choisi le geste libre pour peindre. J’utilise essentiellement l’acrylique même s’il m’arrive aussi d’employer le pastel gras ou le Posca », explique l’artiste. Les figures féminines occupent une place majeure dans le travail de Sitelle. Sa série « Les Liseuses » met en scène des femmes de face, les yeux baissés ou grand ouverts sur un livre ou une narration souvent hors champ... Autant d’éléments qui redirigent le regard vers la sensibilité du trait, l’harmonie de la composition, le travail vivace et audacieux sur la couleur qui insuffle abstraction et mouvement, comme une invite.