VIBRATIONS photographiques
Entre réalisme et abstraction, la photographie fine-art de Jérôme Sainte Rose est saisissante. Portrait d’un rêveur au talent bien réel.
L’univers photographique de Jérôme Sainte Rose est teinté de sa personnalité. S’il se définit lui-même comme « un grand rêveur dans la vie », il concède également que son approche de l’art, comme de l’existence, est empreinte d’un besoin constant de réalité.
Celui qui a fait ses débuts au studio parisien Astre, aux côtés des plus grands photographes tels que Bert Stern, David Bailey ou encore Steven Silverstein, a toujours conservé cet amour pour le travail minutieux et le sens du détail inhérents au milieu de la mode.
Un milieu qui stimule son sens artistique et dans lequel il souhaite, après plusieurs années en tant qu’assistant, plonger encore plus ardemment. C’est mû par cette aspiration qu’il part pour Los Angeles, puis New York.
Après six années riches et intenses, il revient en France. Avec un léger goût d’inachevé puisque ce retour aux sources est dicté par les attentats du 11 septembre 2001... Ce sera de courte durée. Le Brésil est sa nouvelle destination. Parti avec le souhait d’effectuer un bref voyage pour rendre visite à un ami, Jérôme Sainte Rose y restera dix-huit ans.
Le temps d’assouvir son besoin d’évasion et de laisser jaillir son identité artistique.
Il sillonne les routes du Brésil et photographie ce qu’il découvre : les indiens en Amazonie, les évènements locaux tels que les « mascarados », les marchés, la jungle...
Il capte la réalité de ce qu’il voit, saisit l’essence des êtres et la force des évènements auxquels il assiste. Sa technique, comme une seconde peau, est de travailler très proche de ses sujets. C’est ce qui lui permet de « rentrer » dans l’image, de « donner de la vie » et de conférer à ses photos le réalisme du photojournalisme. Mais le photographe de mode à l’oeil précis y ajoute des artifices qui se fondent avec sa vision. Cet amoureux de l’ailleurs explique qu’au cours de son voyage brésilien, il a eu envie « de peindre la jungle ». C’est alors qu’il a intégré, grâce à de la fumée de couleurs, un décor dans le décor. Le résultat est fantasmagorique et devient un concept à part entière.
Si les pays tels que le Portugal ou le Brésil l’invitent à réaliser « des images bruyantes de couleurs », d’autres destinations où « l’humeur est naturellement moins joyeuse », se prêtent mieux au noir et blanc. Deux façons, très personnelles, de magnifier et d’hypnotiser.