AVIS d’EXPERT
Olivier Desbiey, chargé d’étude « prospective » de la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés)
On parle beaucoup d’objets connectés. Qu’est-ce que cela regroupe ?
Avec l’essor de « l’internet des objets », tout devient connectable, l’habitat et les véhicules au premier chef. Mais on met parfois n’importe quoi sous le vocable « connecté », dont des gadgets. Par exemple, une brosse à dents interfacée avec une application sera capable de fournir des données à son utilisateur (temps de brossage, pression exercée…), mais elle ne les transmettra pas à un cloud. Par conséquent, elle ne créera pas de boucle de rétroaction avec le réseau pouvant lui conférer une certaine autonomie fonctionnelle.
Beaucoup d’acteurs traditionnels développent des offres autour de la maison connectée. Quelle est leur motivation ?
La Poste, via sa filiale Docapost, propose une plate-forme ou « hub » numérique, grâce à laquelle les utilisateurs gèrent des OC. Ce hub permettra d’automatiser certaines actions. Orange propose une plateforme similaire, afin d’ajouter à son rôle de fournisseur d’accès à internet (FAI) celui de fournisseur de services. Idem pour ErDF, notamment avec le compteur communicant Linky. L’enjeu pour ces acteurs est de préserver une relation privilégiée avec leurs clients. Car en toile de fond plane la menace de nouveaux entrants, tels Google, Apple ou Amazon. Et un jour ce sera peut-être votre thermostat qui vous aiguillera vers le fournisseur d’énergie le plus compétitif au regard votre mode de vie !
Les OC seront-ils incontournables dans l’habitat de demain ?
Demain, l’habitat connecté sera une évidence. Reste à savoir qui, des FAI, des acteurs traditionnels et des acteurs du numérique, sera au centre de notre domicile connecté.