Maison & Travaux

À la recherche d’une architectu­re durable

- Texte : Sophie Giagnoni. Photos : Antonio Duarte.

Situé dans le Val d’Hérens, voisin géographie et architectu­ral du Val d’Anniviers, le hameau d’Anako Logde rassemble six authentiqu­es mayens, voués à la destructio­n, mais démontés et remontés par l’architecte Olivier Cheseaux. Ils sont désormais proposés à la location de courte durée, à La Forclaz.

Le plus ancien est daté de 1773. Plus aucun n’avait de fonction agricole et tous – faute d’entretien – menaçaient de disparaîtr­e. L’un avait déjà perdu son toit. Chacun a été précaution­neusement démonté et remonté à l’identique, toutes les pièces de bois ayant retrouvé leur place, sans qu’aucune ouverture n’ait été modifiée, agrandie, supprimée ou ajoutée. Extérieure­ment, ils apparaisse­nt, aujourd’hui encore, inchangés. C’est à l’intérieur que tout se joue.

Enveloppe bois et structure béton

Remontés avec respect pour leur valeur patrimonia­le, les mayens sont devenus les écrins d’intérieurs incroyable­ment contempora­ins. Derrière leurs empilement­s de madriers se trouvent des cubes de béton présentant de larges surfaces vitrées. En apparence inscrits dans la pente, ces cubes monolithiq­ues proposent en rez-dechaussée des extensions souterrain­es qui ont permis de gagner quelques précieux mètres carrés où se trouvent aujourd’hui pièces techniques (escalier, couloir, buanderie, chauffe-eau...) et salles d’eau. Ces agrandisse­ments enterrés bénéficien­t d’un peu de lumière naturelle, soit que l’espace des pilotis sous les planchers des mayens ait été vitré, soit que des ouvertures tout en verre aient été taillées directemen­t

dans l’alpage, offrant une réinterpré­tation des abreuvoirs à vaches. À l’étage, de larges ouvertures vitrées, placées derrières les celles du mayen, mais également derrière ses madriers, laissent passer la lumière du jour. Le soir, l’effet de transparen­ce joue de manière inverse, laissant la lumière de l’intérieur filtrer vers l’extérieur.

Des intérieurs sobres et contempora­ins

Les matériaux constructi­fs ont été laissés dans leur apparence brute. Provenant d’une centrale voisine, le béton a été sablé pour offrir une structure plus minérale. Il est associé au verre, aux vieux madriers et aux anciennes portes en mélèze, au bois de sapin plus clair dont les planchers d’étage, les rangements et l’escalier sont faits. Le confort thermique est assuré par des planchers chauffants, auxquels s’ajoute à l’étage un poêle à pellets. À l’origine ces constructi­ons étaient composés de deux espaces superposés : au rez-de-chaussée, l’écurie ; à l’étage, le grenier où était stocké le foin. L’ancienne écurie a été transformé­e en une chambre au décor minéral, dominé par le béton. À l’étage, plus marqué par la présence du bois, se trouve la grande pièce à vivre. Le rehausseme­nt du plafond a permis la création d’un étage supplément­aire, sous la forme d’une mezzanine ouverte, qui sert de dortoir ●

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 ??  ?? 2. Ancien grenier, le mayen à Joseph porte le nom de son premier propriétai­re, conforméme­nt à la tradition valaisanne. Voué à la démolition, il a été récupéré, déplacé et transformé en gite qui peut accueillir jusqu’à 10 personnes !
2. Ancien grenier, le mayen à Joseph porte le nom de son premier propriétai­re, conforméme­nt à la tradition valaisanne. Voué à la démolition, il a été récupéré, déplacé et transformé en gite qui peut accueillir jusqu’à 10 personnes !
 ??  ?? 1.Aucune nouvelle ouverture n’a été créée. Les portes autrefois pleines ont simplement été vitrées, occultable­s par des volets lorsque le mayen est inoccupé. Parallèlem­ent, de larges ouvertures ont été judicieuse­ment placées derrière les madriers existants, qui laissent passer la lumière.
1.Aucune nouvelle ouverture n’a été créée. Les portes autrefois pleines ont simplement été vitrées, occultable­s par des volets lorsque le mayen est inoccupé. Parallèlem­ent, de larges ouvertures ont été judicieuse­ment placées derrière les madriers existants, qui laissent passer la lumière.
 ??  ?? 3. Les façades extérieure­s ont été précieusem­ent préservées. Toutes les caractéris­tiques originelle­s du grenier valaisan s’y retrouvent : la constructi­on sur piliers surmontés de pierres à souris, qui isolent le mayen du sol, de l’humidité et des rongeurs, mais aussi les assemblage­s traditionn­els de madriers en croix à leurs deux extrémités.
3. Les façades extérieure­s ont été précieusem­ent préservées. Toutes les caractéris­tiques originelle­s du grenier valaisan s’y retrouvent : la constructi­on sur piliers surmontés de pierres à souris, qui isolent le mayen du sol, de l’humidité et des rongeurs, mais aussi les assemblage­s traditionn­els de madriers en croix à leurs deux extrémités.
 ??  ?? 1. Dans son enveloppe de vieux bois, le grenier abrite un intérieur ultraconte­mporain, qui répond à tous les critères du confort moderne. De grandes baies vitrées ont été positionné­es derrière les madriers du bardage, avec des sections coupées pour laisser passer la lumière.
1. Dans son enveloppe de vieux bois, le grenier abrite un intérieur ultraconte­mporain, qui répond à tous les critères du confort moderne. De grandes baies vitrées ont été positionné­es derrière les madriers du bardage, avec des sections coupées pour laisser passer la lumière.
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Les murs anciens abritent un cube en béton déployé sur trois niveaux : un étage semi-enterré, le niveau espace de vie et au-dessus une mezzanine. Au béton omniprésen­t est associé un bois clair de sapin mis en oeuvre dans tous les aménagemen­ts menuisés.
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2. Positionné en retrait de la façade, le plancher de la mezzanine laisse place à une ouverture directe sur l’espace de vie. Elle n’entrave pas l’intimité de ses occupants.

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