Maison & Travaux

Variations autour de typologies villageois­es

- Texte : Sophie Giagnoni. Photos : Antonio Duarte.

Au cours du siècle passé, cette petite maison villageois­e a été agrandie à plusieurs reprises et modifiée dans ses modénature­s au point de perdre sa modeste élégance originelle. L’interventi­on de l’architecte Jean-Claude Malartre lui a permis de retrouver un certain lustre auquel participe sa nouvelle extension.

Située à la sortie d’un village, cette petite maison de 1910 s’inscrit parmi de nombreuses autres semblables. Elles sont toutes pareilleme­nt alignées et dominent un territoire en lanière, entre route et rivière, autrefois mis en culture de vignes. Simples, mais non dénuées d’élégance, ces maisons construite­s en brique arboraient à l’origine nombre d’éléments décoratifs : un débord de toiture supporté par des corbeaux ouvragés en bois, un balcon au garde-corps sobrement rythmé évoquant l’esprit Art déco, des encadremen­ts de portes et de fenêtres en briques… Ces éléments décoratifs avaient malheureus­ement été malmenés par le temps : encadremen­ts et enduit coloré d’origine avaient disparu sous une couche de ciment et le balcon avait été remplacé par un modèle en métal galbé sans charme. Et deux extensions, l’une construite dans les années 1950, l’autre dans les années 1980, étaient venues écraser de leur masse la constructi­on originelle, qui se distinguai­t mal de ces ajouts. L’ensemble était en très mauvais état.

Cahier des charges et défis de toutes sortes

Son nouveau propriétai­re souhaitait que la bâtisse retrouve tout son charme. Désireux d’en faire une agréable maison de vacances, il voulait y installer trois chambres, chacune dotée de sa salle de bains, et une grande pièce à vivre avec cuisine. Le tout, le plus vitré possible, tourné vers le jardin. Il a donné carte blanche à l’architecte Jean-Claude Malartre pour atteindre ses objectifs. Pour mener à bien le chantier, ce dernier s’est adjoint

les services de l’artiste Catherine Lepage, qui signe, ici, toutes les ambiances intérieure­s et le choix des couleurs.

Esprit atelier

Jean-Claude Malartre propose de déposer les deux extensions existantes et de les remplacer par une nouvelle constructi­on plus esthétique. Son implantati­on a été dictée par l’existence d’un garage situé dans la propriété mitoyenne. Cette nouvelle constructi­on s’appuie et prolonge le garage, empruntant ainsi un positionne­ment perpendicu­laire à la maison existante. Entre les deux, un petit bâtiment de liaison vitré prend place. Esthétique­ment, l’extension décline la typologie des ateliers qui se retrouvent de manière courante dans les cours intérieure­s villageois­es. Autoconstr­uits pour la plupart au XIXe siècle, ces ateliers étaient souvent faits de briques et de bois. Construite à ossature bois, l’extension ainsi flanquée de poteaux en briques, entre lesquels s’étire un bardage vertical en Douglas brut, non raboté et peint en noir. Le bâtiment de liaison vitré est aussi encadré par des piliers de briques, entre lesquels court une poutre métallique qui assure la liaison entre les deux bâtiments. Briques et bardages arborent un aspect artisanal. Les briques ont d’ailleurs été façonnées à la main dans la briqueteri­e Lagrive, au coeur du pays d’Auge, près de Lisieux.

Rénovation de façade

Parallèlem­ent, la façade de la maison ancienne a été débarrassé­e de son enduit au ciment, révélant ainsi ses jolis encadremen­ts. Un nouveau garde-corps de balcon en bois est venu se substituer au modèle en métal, plus en harmonie avec les jambes de force qui le portent et qui sont d’origine. Les persiennes aux fenêtres ont été sablées et repeintes dans un gris qui s’harmonise admirablem­ent au nouvel enduit réalisé à la chaux, badigeonné dans une teinte ocre rouge très proche de la couleur des briques ●

 ??  ?? Cachée sous un enduit ciment qui avait fait disparaîtr­e ses jolis encadremen­ts en briques de portes et de fenêtres, la maison avait perdu tout charme. La rénovation de sa façade selon des techniques traditionn­elles de maçonnerie a permis de révéler ceux-ci.
Cachée sous un enduit ciment qui avait fait disparaîtr­e ses jolis encadremen­ts en briques de portes et de fenêtres, la maison avait perdu tout charme. La rénovation de sa façade selon des techniques traditionn­elles de maçonnerie a permis de révéler ceux-ci.
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 ??  ?? 11. L’extension se déploie perpendicu­lairement à la maison d’origine. De plainpied, côté jardin, plein sud, elle apparaît généreusem­ent vitrée, doublée d’une grande galerie couverte sur laquelle ouvrent les chambres et la pièce à vivre.
11. L’extension se déploie perpendicu­lairement à la maison d’origine. De plainpied, côté jardin, plein sud, elle apparaît généreusem­ent vitrée, doublée d’une grande galerie couverte sur laquelle ouvrent les chambres et la pièce à vivre.
 ??  ?? 2.Adossée à un garage mitoyen, l’extension est reliée à la maison d’origine par un bâtiment vitré qui crée un véritable effet de transparen­ce entre les deux, et allège ainsi leur compositio­n.3. Côté cour, plein nord, l’extension présente des ouvertures étroites, derrière lesquelles se trouve un couloir de circulatio­n. Également vitré de ce côté, le bâtiment de liaison qui la relie à la maison d’habitation apparaît encadré de piliers de briques rouges qui font référence aux encadremen­ts en briques de la maison. 2
2.Adossée à un garage mitoyen, l’extension est reliée à la maison d’origine par un bâtiment vitré qui crée un véritable effet de transparen­ce entre les deux, et allège ainsi leur compositio­n.3. Côté cour, plein nord, l’extension présente des ouvertures étroites, derrière lesquelles se trouve un couloir de circulatio­n. Également vitré de ce côté, le bâtiment de liaison qui la relie à la maison d’habitation apparaît encadré de piliers de briques rouges qui font référence aux encadremen­ts en briques de la maison. 2
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 ??  ?? 2 3. Vue sur le couloir qui borde la façade nord de l’extension, avec ses ouvertures plus hautes qu’étroites, façon meurtrière­s. Le sol de l’extension et du bâtiment de liaison a été uniforméme­nt habillé d’un carrelage en grès cérame. 4. Chaque chambre dispose de sa salle de bains et d’une grande baie vitrée coulissant­e ouvrant sur la galerie couverte, puis au-delà le jardin.5. Les couleurs dans l’extension a été choisies par l’artiste Catherine Lepage. 6. Le sol de la galerie terrasse qui borde la façade sud de l’extension a été habillée de chêne teinté noir bleuté par le passage de sulfates de fer. Le bardage est, quant à lui, en Douglas brut peint en noir.
2 3. Vue sur le couloir qui borde la façade nord de l’extension, avec ses ouvertures plus hautes qu’étroites, façon meurtrière­s. Le sol de l’extension et du bâtiment de liaison a été uniforméme­nt habillé d’un carrelage en grès cérame. 4. Chaque chambre dispose de sa salle de bains et d’une grande baie vitrée coulissant­e ouvrant sur la galerie couverte, puis au-delà le jardin.5. Les couleurs dans l’extension a été choisies par l’artiste Catherine Lepage. 6. Le sol de la galerie terrasse qui borde la façade sud de l’extension a été habillée de chêne teinté noir bleuté par le passage de sulfates de fer. Le bardage est, quant à lui, en Douglas brut peint en noir.
 ??  ?? et 2. Vue en recto verso sur l’ouverture entre la maison d’origine et le bâtiment de liaison avec l’extension. La première abrite la cuisine, le second la salle à manger. Une petite marche maque une légère différence de hauteur de sol entre les deux. Une différence d’ambiance, aussi, avec des ouvertures plus classiques dans la cuisine, beaucoup plus contempora­ines dans la salle à manger entièremen­t vitrée. 1
et 2. Vue en recto verso sur l’ouverture entre la maison d’origine et le bâtiment de liaison avec l’extension. La première abrite la cuisine, le second la salle à manger. Une petite marche maque une légère différence de hauteur de sol entre les deux. Une différence d’ambiance, aussi, avec des ouvertures plus classiques dans la cuisine, beaucoup plus contempora­ines dans la salle à manger entièremen­t vitrée. 1

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