Variations autour de typologies villageoises
Au cours du siècle passé, cette petite maison villageoise a été agrandie à plusieurs reprises et modifiée dans ses modénatures au point de perdre sa modeste élégance originelle. L’intervention de l’architecte Jean-Claude Malartre lui a permis de retrouver un certain lustre auquel participe sa nouvelle extension.
Située à la sortie d’un village, cette petite maison de 1910 s’inscrit parmi de nombreuses autres semblables. Elles sont toutes pareillement alignées et dominent un territoire en lanière, entre route et rivière, autrefois mis en culture de vignes. Simples, mais non dénuées d’élégance, ces maisons construites en brique arboraient à l’origine nombre d’éléments décoratifs : un débord de toiture supporté par des corbeaux ouvragés en bois, un balcon au garde-corps sobrement rythmé évoquant l’esprit Art déco, des encadrements de portes et de fenêtres en briques… Ces éléments décoratifs avaient malheureusement été malmenés par le temps : encadrements et enduit coloré d’origine avaient disparu sous une couche de ciment et le balcon avait été remplacé par un modèle en métal galbé sans charme. Et deux extensions, l’une construite dans les années 1950, l’autre dans les années 1980, étaient venues écraser de leur masse la construction originelle, qui se distinguait mal de ces ajouts. L’ensemble était en très mauvais état.
Cahier des charges et défis de toutes sortes
Son nouveau propriétaire souhaitait que la bâtisse retrouve tout son charme. Désireux d’en faire une agréable maison de vacances, il voulait y installer trois chambres, chacune dotée de sa salle de bains, et une grande pièce à vivre avec cuisine. Le tout, le plus vitré possible, tourné vers le jardin. Il a donné carte blanche à l’architecte Jean-Claude Malartre pour atteindre ses objectifs. Pour mener à bien le chantier, ce dernier s’est adjoint
les services de l’artiste Catherine Lepage, qui signe, ici, toutes les ambiances intérieures et le choix des couleurs.
Esprit atelier
Jean-Claude Malartre propose de déposer les deux extensions existantes et de les remplacer par une nouvelle construction plus esthétique. Son implantation a été dictée par l’existence d’un garage situé dans la propriété mitoyenne. Cette nouvelle construction s’appuie et prolonge le garage, empruntant ainsi un positionnement perpendiculaire à la maison existante. Entre les deux, un petit bâtiment de liaison vitré prend place. Esthétiquement, l’extension décline la typologie des ateliers qui se retrouvent de manière courante dans les cours intérieures villageoises. Autoconstruits pour la plupart au XIXe siècle, ces ateliers étaient souvent faits de briques et de bois. Construite à ossature bois, l’extension ainsi flanquée de poteaux en briques, entre lesquels s’étire un bardage vertical en Douglas brut, non raboté et peint en noir. Le bâtiment de liaison vitré est aussi encadré par des piliers de briques, entre lesquels court une poutre métallique qui assure la liaison entre les deux bâtiments. Briques et bardages arborent un aspect artisanal. Les briques ont d’ailleurs été façonnées à la main dans la briqueterie Lagrive, au coeur du pays d’Auge, près de Lisieux.
Rénovation de façade
Parallèlement, la façade de la maison ancienne a été débarrassée de son enduit au ciment, révélant ainsi ses jolis encadrements. Un nouveau garde-corps de balcon en bois est venu se substituer au modèle en métal, plus en harmonie avec les jambes de force qui le portent et qui sont d’origine. Les persiennes aux fenêtres ont été sablées et repeintes dans un gris qui s’harmonise admirablement au nouvel enduit réalisé à la chaux, badigeonné dans une teinte ocre rouge très proche de la couleur des briques ●