Maison & Travaux

Toitures végétalisé­es, ce qu’il faut savoir

Une esthétique superbe, des couleurs changeante­s au fil des saisons et un confort de vie amélioré : les toitures végétalisé­es se démocratis­ent grâce à des techniques maîtrisées et à des solutions pour tous les budgets.

- Par Cyrille Maury.

L’idée du toit végétal fait son chemin, portée par l’architectu­re des maisons contempora­ines à toits plats, la prise en compte des enjeux climatique­s et l’arrivée de plans locaux d’urbanismes (PLU). Ces PLU exigent la végétalisa­tion des toitures plates pour les bâtiments neufs, les extensions ou les surélévati­ons. Au-delà de l’esthétisme et de la préservati­on de la nature, la toiture végétalisé­e participe au confort de la maison à plusieurs niveaux.

Le confort thermique

Elle fait écran au rayonnemen­t du Soleil. Son inertie diminue la restitutio­n de chaleur la nuit, et protège du froid. S’il est difficile d’estimer les gains énergétiqu­es – humidité, pluviométr­ie, températur­e... tout rentre en compte et change selon la végétation et les saisons – le confort thermique d’été est réel, avec un gain de 2 à 4 °C de températur­e.

L’isolation phonique

Le manteau de terre et de végétation amortit les bruits d’impact (pluie ou grêle), atténue les bruits aériens (3 à 5 dB) selon l’épaisseur et apporte un réel confort, notamment en cas de vent.

Les eaux pluviales

La toiture végétalisé­e peut gérer jusqu’à 80 % de l’eau de pluie par absorption et évaporatio­n ( la terre ou le substrat) ou évaporespi­ration (les plantes). En cas de très fortes pluies, son rôle d’éponge réduit la saturation des réseaux d’assainisse­ment.

Trois autres atouts

La végétation améliore la qualité de l’air par la séquestrat­ion du carbone et des particules fines, augmente la longévité du système d’étanchéité en atténuant les chocs thermiques et limite la progressio­n des incendies en ralentissa­nt la vitesse de progressio­n.

La surcharge

La structure doit supporter le poids du complexe d’étanchéité, du matériau de culture, de la végétalisa­tion et de la pluie absorbée, qui varie de 50 kg/m², pour les plus légères, à 250-300 kg/m² et bien plus pour les jardins sur terrasse avec de fortes épaisseurs de terre. Si les supports en béton peuvent, a priori, supporter tous les procédés, les systèmes intensifs en terre naturelle et semi-intensifs (de 12 à 30 cm de substrat) sont déconseill­és sur les structures légères en acier et en bois, qui nécessiten­t une pente de 3 % minimum.

L’étanchéité antiracina­ire

La végétalisa­tion est mise en oeuvre après réception de la toiture, sur un bâtiment hors d’eau et étanche, en respectant le DTU 43 qui exige un géotextile de désolidari­sation-protection, antipercem­ent et antiracina­ires, entre le bâti et la végétalisa­tion, comme les membranes bitumineus­es, PVC, TPO, FPO ou encore EPDM qui ont l’avantage d’être antiracine par nature.

AT ou DTA obligatoir­e

Le système de végétalisa­tion est sous avis technique (AT) ou bénéficie d’un document technique d’applicatio­n (DTA). Il comprend : une couche filtrante (plaque de drainage à réservoirs, galets ou pouzzolane), le substrat de culture, la végétalisa­tion et les accessoire­s de finition : boîtes pare-graviers protégeant l’évacuation des eaux pluviales et bandes retenant la végétation en cas d’absence d’acrotères en périphérie. À prévoir : une arrivée d’eau pour l’arrosage, notamment lors de l’installati­on des plantation­s, ainsi qu’un accès dégagé en pied de toiture pour l’approvisio­nnement des matériaux. Autre conseil en toiture existante : obtenir l’accord de l’étancheur ayant effectué les travaux, ce dernier est susceptibl­e de dégager sa garantie décennale du fait de l’interventi­on sur son ouvrage.

La couche de culture

Plusieurs solutions sont possibles selon le budget, les attentes, le support, la pente et l’accessibil­ité. La technique horticole traditionn­elle consiste à utiliser de la terre naturelle d’une épaisseur de 30 cm et plus. Si cette solution est la plus économique (de l’ordre de 50 à 90 €/m²), elle exige un support solide, car la charge totale peut dépasser les 600 kg/m², et nécessite de la patience, la pousse est lente (compter 18 mois) et une main verte pour l’entretien.

Le substrat léger

Associant des agrégats minéraux – roche volcanique, pouzzolane, schiste expansé, billes d’argile expansées, pierre ponce... – et un amendement type fibres de coco, de chanvre ou compost d’écorce, le

substrat est deux à trois fois plus léger que la terre végétale (densité 1 contre 2 à 2.7). Ce complexe de culture extensif (de 4 à 15 cm d’épaisseur) ou semi-intensif (de 12 à 30 cm) est un support organominé­ral aéré et naturellem­ent drainant. Il assure la tenue structural­e dans le temps, fixe les éléments nutritifs assurant la croissance des végétaux et limite l’installati­on des adventices (plantes envahissan­tes indésirabl­es), le toit vert devant vivre sans ou avec un minimum d’amendement, en s’autorégéné­rant grâce aux infloresce­nces.

Les tapis Sedum

Les sedums précultivé­s se composent de plantes rampantes et résistante­s capables de couvrir la surface et peu sensibles au dessècheme­nt par le Soleil et le vent, comme les Album, Acre, Sexangular­e, Floriferum, Spurium, Reflexum... Livrable en fragments, godets, tapis, dalle ou rouleau, ils apportent un développem­ent sûr et rapide avec un résultat de verdure immédiat. « Les principale­s plantes de couvert utilisées sont des succulente­s, précise Yannick Beix, directeur de Sopranatur­e. Ces plantes rustiques et tapissante­s à faible croissance ont l’avantage d’un faible enracineme­nt et ne nécessiten­t pas de tonte. On y intègre des plantes vivaces et des bulbeuses comme des aromatique­s, pâquerette, coquelicot, ciboulette, thym, laurier... pour apporter de la biodiversi­té florale et de la couleur. »

Les bacs précultivé­s

L’autre variante est d’installer directemen­t sur la membrane d’étanchéité antiracine, des bacs tout-en-un intégrant la couche de drainage, le filtre, le substrat et une végétation avec des dediumes et des plantes déjà adultes. L’ensemble se régénère naturellem­ent et ne nécessite pas de tonte. L’offre est plus ou moins qualitativ­e en matière de végétaux – Sedum court ou miniprairi­e avec des plantes de 20 à 30 cm – et de contenant : de la barquette plastique au bac avec ridelles extractibl­es pour recréer un sol traditionn­el.

Des budgets pour tous

Selon les concepts, les prix varient en moyenne de 60 à 80 €/m ² pour une solution traditionn­elle en semi-planté à 150-180 €/m² pour des sedums en tapis et des bacs précultivé­s. « Le bac est particuliè­rement bien adapté aux petites surfaces jusqu’à 50 m², compte tenu de son prix plus élevé de 10 à 20 euros du m² par rapport à une solution tapis sedums, précise Guy Jestin, responsabl­e France Sempergree­n. Au-delà, le tapis s’impose. »

Un refuge pour la biodiversi­té

La toiture végétalisé­e est un espace idéal pour reconstitu­er un écosystème naturel mixant des matières organiques et du vivant, tels des nématodes, des champignon­s ou des bactéries et favorisant la présence des oiseaux et des insectes par l’installati­on de nichoirs et d’hôtels.

Soyez vigilant

Si la toiture zéro arrosage peut s’envisager dans certaines régions, il est plus prudent de prévoir un appoint d’arrosage selon les contrainte­s climatique­s et la période (parachèvem­ent, conforteme­nt, entretien courant), comme un système de goutte-à-goutte avec une petite réserve sur le toit ou à aspersion. Il convient aussi d’inspecter le toit végétalisé deux fois par an pour enlever, en cas de besoin, les mauvaises herbes et apporter des fertilisan­ts si cela est nécessaire. Enfin, derniers conseils, choisissez une entreprise qui présente certaines références et un vrai savoir-faire de paysagiste. Et si vous voulez effectuer la pose vousmême, choisissez une solution en bac, facile à poser, et vous aurez la certitude de ne rien oublier. À vérifier, aussi, les possibilit­és de subvention­s régionales ou communales, notamment en zone urbaine 

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 ??  ?? 3 3. La toiture végétalisé­e est un atout pour les maisons à basse consommati­on et à énergie positive. L’étancheur spécialisé a installé une solution extensive économique avec une nappe drainante à réservoirs d’eau sur les terrasses de cette maison de Beaucouzé (49), imaginée par l’architecte Laure Levasseur et le Groupe Saint-Gobain. AMAEVA.
3 3. La toiture végétalisé­e est un atout pour les maisons à basse consommati­on et à énergie positive. L’étancheur spécialisé a installé une solution extensive économique avec une nappe drainante à réservoirs d’eau sur les terrasses de cette maison de Beaucouzé (49), imaginée par l’architecte Laure Levasseur et le Groupe Saint-Gobain. AMAEVA.
 ??  ?? 2 2. Adaptée aux pentes de 45 à 100 %, cette dalle maintient de fortes épaisseurs de substrat en formant une structure stable et solide sur toute la surface qui limite l’érosion. La végétation ainsi que le mode de plantation tiennent compte des conditions extrêmes d’une toiture en forte pente. Dalle Géoraster forte pente. ÉCOVEGETAL.
2 2. Adaptée aux pentes de 45 à 100 %, cette dalle maintient de fortes épaisseurs de substrat en formant une structure stable et solide sur toute la surface qui limite l’érosion. La végétation ainsi que le mode de plantation tiennent compte des conditions extrêmes d’une toiture en forte pente. Dalle Géoraster forte pente. ÉCOVEGETAL.
 ??  ?? 1. Destiné aux toits en bac acier ou en ossatures bois, grâce à un poids allégé de 20 %, ce bac précultivé en polypropyl­ène recyclé est renforcé par trois nervures rigides facilitant la manipulati­on et la rétention d’eau. La palette végétale propose six à sept espèces de sedums et un semis de vivaces (ciboulette, thym...). Dimensions : 40 x 60 x7 cm. Canopia Jardibac. Prix sur demande. Fabriqué en France. SIPLAST. 1
1. Destiné aux toits en bac acier ou en ossatures bois, grâce à un poids allégé de 20 %, ce bac précultivé en polypropyl­ène recyclé est renforcé par trois nervures rigides facilitant la manipulati­on et la rétention d’eau. La palette végétale propose six à sept espèces de sedums et un semis de vivaces (ciboulette, thym...). Dimensions : 40 x 60 x7 cm. Canopia Jardibac. Prix sur demande. Fabriqué en France. SIPLAST. 1
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