Maison & Travaux

Vos droits : mon entreprene­ur m’abandonne, quels sont les recours ?

Mon entreprene­ur m’abandonne en plein chantier.

- Par Ganaëlle Soussens, avocate, experte en droit de l’immobilier, www.ganaelleso­ussensavoc­at.com

Lorsqu’un particulie­r confie des travaux à une entreprise de bâtiment ou de rénovation, il endosse alors le rôle du « maître d’ouvrage ». Ce dernier signe un contrat avec l’entreprise, règle les situations de travaux, réceptionn­e le chantier et gère les difficulté­s qui peuvent survenir, comme un abandon du chantier.

Quelles sont les précaution­s à prendre avant le démarrage des travaux ?

D’abord, il est indispensa­ble de signer un contrat avec l’entreprise, un « marché » de travaux. Les entreprise­s proposent souvent un simple devis que le maître d’ouvrage accepte. Mais attention à cette façon de procéder, elle se révèle risquée pour le maître d’ouvrage lorsque les choses tournent mal sur le chantier !

Pour prévenir les éventuelle­s difficulté­s ultérieure­s, fréquentes en matière de travaux, le maître d’ouvrage doit : • se faire communique­r par l’entreprise le détail des assurances qu’elle a sous

crites. Il faut soigneusem­ent vérifier que les « activités garanties » par l’assureur correspond­ent aux travaux envisagés ; électricit­é, plomberie, revêtement­s durs (c’est-à-dire les carrelages), peintures intérieure­s, ravalement, etc. • Avoir une visibilité sur les modalités de paiement. S’il est logique de régler un acompte au démarrage des travaux, il est ensuite préférable de régler au fur et à mesure de leur avancement. • Faire figurer au contrat le planning des travaux et leur date d’achèvement. Ce type de précision ne figure généraleme­nt pas dans un devis ou n’est mentionnée qu’à titre indicatif. Mieux vaut que les délais soient impératifs et s’imposent donc à l’entreprise. • Assurer le respect de ces délais par une clause prévoyant des pénalités de retard. Le marché de l’entreprise précisera que celle-ci supportera une pénalité de X euros par jour de retard.

Quels sont les recours du maître d’ouvrage en cas d’abandon du chantier ?

1) Mise en demeure et constat d’huissier. L’entreprene­ur qui s’est engagé à réaliser des travaux doit évidemment les achever. S’il interrompt son travail, le maître d’ouvrage doit lui adresser, par lettre recommandé­e avec demande d’avis de réception, une « mise en demeure » de respecter ses engagement­s contractue­ls : nature des travaux, délais, etc. Cette mise en demeure précisera, par exemple, qu’à défaut de reprise du chantier sous huit jours, le maître d’ouvrage procédera à la résiliatio­n du marché, c’est-à-dire à la rupture du contrat. Le maître d’ouvrage pourra également faire réaliser un constat d’huissier pour disposer d’une « photograph­ie » incontesta­ble de l’état du chantier au moment de son abandon. Le recours à un expert est parfois utile. Le maître d’ouvrage devra arbitrer entre le coût de ces différente­s interventi­ons et l’enjeu financier du litige qui l’oppose à l’entreprise.

2) Pressions et paiements. Dans tous les cas, il faut absolument résister à la pression de l’entreprene­ur qui exigerait du maître d’ouvrage des règlements complément­aires ou supplément­aires pour poursuivre le chantier. Si le maître d’ouvrage doit veiller à régler ce qu’il doit à l’entreprise, il doit également être soucieux de préserver ses propres intérêts et, spécialeme­nt, de conserver des fonds pour pouvoir, si nécessaire, faire intervenir une seconde entreprise après la résiliatio­n du marché de la première.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France