Maison transfigurée
Métamorphose réussie pour cette construction des années 1980 ! La maison se distingue de ses voisines grâce à deux projets, intérieur et extérieur, réalisés simultanément. Savamment orchestrés, ils composent une ambiance minimale, chahutée par les oeuvres colorées qu’ont rassemblées Caroline et Gustave, tous deux amateurs d’art contemporain.
Une allée discrète, bordée de maisons de brique parfaitement similaires, et, tout au fond, celle d’Anne-Caroline et Gustave semble se conformer aux autres. Placée en bout de ligne, elle referme, avec son garage, le passage d’un lotissement singulier, qui recèle des qualités spatiales et constructives inattendues. Retour au début des années 1960, dans le Nord–Pas-de-Calais, lorsque de jeunes patrons de l’industrie se rassemblent pour fonder la Sedaf. Cette société de promotion immobilière, influencée par les architectures américaine et scandinave, conçoit des logements modernes éloignés des standards de l’époque. Ceux-ci profitent du vent d’expérimentation architecturale qui souffle sur l’agglomération lilloise et ses nouveaux quartiers. Les ensembles sont principalement construits à Roubaix et à Villeneuve-d’Ascq, et cinquante ans
plus tard, la renommée de Sedaf est restée intacte. La demeure de nos deux propriétaires est un peu plus récente. Elle appartient à la série des « maisons hollandaises », un modèle répandu qui compose des clos ou des hameaux, répartis sur toute la région.
Une extension au rez-de-chaussée
Maintenant que les enfants sont partis, Anne-Caroline et Gustave cherchent une habitation contemporaine à la mesure de leurs besoins : un vaste séjour pour recevoir, de la lumière naturelle dans chaque pièce, une cuisine très pratique, et peu de terrain pour peu d’entretien. Avec sa piscine, ses nombreux palmiers et son jardin, la maison de rangée présente un beau potentiel. Après vérification, la mairie autorise une extension du rez-dejardin jusqu’en limite de terrain, à condition qu’aucune fenêtre ne s’ouvre sur la propriété voisine. La seule véritable contrainte est finalement technique, car située au bout du chemin, et derrière la construction d’origine, la parcelle n’est pas accessible aux engins de chantier. Un camion-toupie équipé d’un tuyau rigide pour couler la dalle, une grue pour lever les éléments préfabriqués de l’ossature bois, tout sera fait pour ne pas avoir à passer par l’intérieur de la maison existante.
Intérieur et extérieur sont étroitement liés
Organiser les pièces autour d’un patio
Dedans, l’architecte Antoine Delespierre propose d’organiser les pièces autour d’un patio. La cuisine s’ouvre sur le couloir qui longe cette petite cour plantée d’oyats. Il mène à une chambre d’amis aménagée en retrait, éloignée du séjour. L’extension est noyée dans l’existant pour donner une impression d’ensemble, si bien qu’on ne distingue plus les limites de la construction d’origine. Dans le salon, qui bénéficie désormais d’une double orientation, les faux plafonds intègrent l’éclairage et dissimulent les tringles des rideaux et des stores. Des bonbonnes de gaz cachées sous les claires-voies de bois du patio alimentent la cheminée au gaz (Metalfire) du salon. Quelques éléments de domotique apportent un confort supplémentaire : le chauffage peut être mis en route à distance, et les vidéos des caméras de surveillance sont accessibles en ligne quand les propriétaires s’absentent.
Une grande chambre synonyme de confort
À l’étage, les surfaces sont redistribuées. La chambre du couple est doublée côté jardin, et deux petites fenêtres sont remplacées par une grande baie coulissante pour y faire entrer le ciel. La salle de bains est désormais munie d’un dressing. Dehors, le paysagiste Thomas Leplat redessine la piscine et la place au centre d’un large deck de bois. Seuls quelques palmiers sont conservés et la végétation est contenue dans des bacs de béton. Si la nouvelle construction se pare de briques, l’ensemble est peint en blanc, afin d’unifier les façades ●
Surface mutualisée pour salle de bains et dressing