Le Val d’Anniviers
Sur la route
Inscrit dans les Alpes valaisannes, le Val d’Anniviers s’étend sur une vingtaine de kilomètres. Il se situe entre la vallée du Rhône, à hauteur de Sierre, et les massifs de la Dent-Blanche et du Mont-Collon, contre lesquels il vient buter dans sa partie supérieure où il s’est scindé en deux vallées. Six communes historiques s’inscrivent dans son imposant décor alpin : Ayer, Grimentz, Saint-Jean, Vissoie, Saint-Luc et Chandolin, réunies administrativement en une seule commune depuis 2009, Anniviers. Dotée d’une identité originale et d’une forte tradition culturelle, située au coeur de l’Europe, cette vallée attire aujourd’hui, été comme hiver, des vacanciers venus du monde entier, séduits par l’authenticité des lieux. Ces migrations vacancières ont succédé à d’autres migrations périodiques, plus pénibles et contraintes : les « remues » des habitants de la vallée.
Un nomadisme pastoral
Comme dans la plupart des hautes vallées alpines, les habitants du Val d’Anniviers vivent de l’agriculture et, notamment, de l’élevage. Mais, alors que dans les autres vallées, les éleveurs pratiquent une transhumance qui se limite à un aller et retour annuel entre le village et l’alpage, les Anniviards multiplient les stations entre ces deux pôles et y ajoutent une descente dans la vallée. Cette multiplication des stations résulte de l’aridité des sols et du morcellement de la propriété. Les Anniviards possèdent quelques arpents en plaine (vignes, prés, jardins), dans
la vallée (prés, champs, bois), et dans les alpages (pâturages). Les familles valaisannes possèdent jusqu’à 50 parcelles, dont la plupart ne font que quelques arpents. Et sur toutes, chaque année, elles font pâturer leurs vaches, afin d’amender la terre de leur fumier.
Un calendrier haché
Ainsi, de fin janvier à Pâques, ces familles vivent-elles dans la vallée, à Sierre, où elles taillent la vigne. Puis, de Pâques à mai, elles occupent le village d’altitude, qui peut être considéré comme leur habitat principal, même si elles n’y passent pas plus de temps que dans leurs autres résidences. Après mai, et jusqu’en septembre, elles se déplacent de mayen en mayen, c’est-à-dire de petit chalet d’alpage en petit chalet d’alpage. Fin septembre, elles redescendent dans la plaine pour les vendanges. Puis, fin novembre, elles remontent au village principal, qu’elles quittent de nouveau en janvier pour redescendre en plaine...
Villages de la vallée
Même s’ils n’y séjournent pas longtemps chaque année, les Anniviards n’en appartiennent pas moins à un village.
Ainsi se considèrent-ils comme de Vissoie, Saint-Luc, Chandolin, Grimentz ou Zinal... Dans ces villages, ils possèdent une maison d’habitation, une grange avec une écurie et un grenier à provisions avec un cellier. La maison d’habitation présente généralement un soubassement en pierre qui porte deux étages en bois avec galeries. Dans certains villages, les maisons peuvent être toutes en pierre, comme à Saint-Luc, qui fut reconstruit deux fois au XIXe siècle après des incendies.
Le bois a une histoire
Greniers et dépendances
Plus frustes, les granges sont entièrement en bois, faites de simples madriers de sapins équarris, assemblés aux quatre coins et tenus par des aiguilles en façades. Leur rez-de-chaussée abrite l’écurie, l’étage au-dessus les réserves de foin. Le grenier à provision, celui où l’on réserve le grain, mais aussi les légumes secs, le fromage, la viande séchée, est également construit en bois, mais sur pilotis, posé sur des pierres plates. Elles les protègent des assauts des rongeurs. On l’appelle le raccard. Tandis que les madriers — ou les planches — de la grange sont mal assemblés pour permettre son aération, celles du raccard sont étroitement jointes. Lui aussi est constitué de deux niveaux : une aire de battage pour le blé au niveau le plus bas, un espace de stockage au-dessus. Chaque famille dispose ainsi d’au moins trois toits dans son village.
Quartiers de Sierre
Ces habitants de Vissoie, de Saint-Luc, Chandolin et autres villages du Val d’Anniviers se regroupent tous dans la même ville de plaine, Sierre, où ils vivent rassemblés par quartier en fonction de leur appartenance villageoise. C’est que les zones cultivées de la plaine sont elles-mêmes réparties entre les différents villages anniviards. Là encore, les maisons sont à soubassements de pierre et étages en bois. Le quartier de Tservetta, originellement réservé aux habitants de Saint-Jean, conserve jusqu’à aujourd’hui intacte une « maison du remuage ». Datée de 1724, cette bâtisse, qui peut être visitée, a conservé son mobilier et ses outils usuels. On y découvre un