Maison & Travaux

Le Val d’Anniviers

Sur la route

- Texte : Sophie Giagnoni. Photos : Antonio Duarte.

Inscrit dans les Alpes valaisanne­s, le Val d’Anniviers s’étend sur une vingtaine de kilomètres. Il se situe entre la vallée du Rhône, à hauteur de Sierre, et les massifs de la Dent-Blanche et du Mont-Collon, contre lesquels il vient buter dans sa partie supérieure où il s’est scindé en deux vallées. Six communes historique­s s’inscrivent dans son imposant décor alpin : Ayer, Grimentz, Saint-Jean, Vissoie, Saint-Luc et Chandolin, réunies administra­tivement en une seule commune depuis 2009, Anniviers. Dotée d’une identité originale et d’une forte tradition culturelle, située au coeur de l’Europe, cette vallée attire aujourd’hui, été comme hiver, des vacanciers venus du monde entier, séduits par l’authentici­té des lieux. Ces migrations vacancière­s ont succédé à d’autres migrations périodique­s, plus pénibles et contrainte­s : les « remues » des habitants de la vallée.

Un nomadisme pastoral

Comme dans la plupart des hautes vallées alpines, les habitants du Val d’Anniviers vivent de l’agricultur­e et, notamment, de l’élevage. Mais, alors que dans les autres vallées, les éleveurs pratiquent une transhuman­ce qui se limite à un aller et retour annuel entre le village et l’alpage, les Anniviards multiplien­t les stations entre ces deux pôles et y ajoutent une descente dans la vallée. Cette multiplica­tion des stations résulte de l’aridité des sols et du morcelleme­nt de la propriété. Les Anniviards possèdent quelques arpents en plaine (vignes, prés, jardins), dans

la vallée (prés, champs, bois), et dans les alpages (pâturages). Les familles valaisanne­s possèdent jusqu’à 50 parcelles, dont la plupart ne font que quelques arpents. Et sur toutes, chaque année, elles font pâturer leurs vaches, afin d’amender la terre de leur fumier.

Un calendrier haché

Ainsi, de fin janvier à Pâques, ces familles vivent-elles dans la vallée, à Sierre, où elles taillent la vigne. Puis, de Pâques à mai, elles occupent le village d’altitude, qui peut être considéré comme leur habitat principal, même si elles n’y passent pas plus de temps que dans leurs autres résidences. Après mai, et jusqu’en septembre, elles se déplacent de mayen en mayen, c’est-à-dire de petit chalet d’alpage en petit chalet d’alpage. Fin septembre, elles redescende­nt dans la plaine pour les vendanges. Puis, fin novembre, elles remontent au village principal, qu’elles quittent de nouveau en janvier pour redescendr­e en plaine...

Villages de la vallée

Même s’ils n’y séjournent pas longtemps chaque année, les Anniviards n’en appartienn­ent pas moins à un village.

Ainsi se considèren­t-ils comme de Vissoie, Saint-Luc, Chandolin, Grimentz ou Zinal... Dans ces villages, ils possèdent une maison d’habitation, une grange avec une écurie et un grenier à provisions avec un cellier. La maison d’habitation présente généraleme­nt un soubasseme­nt en pierre qui porte deux étages en bois avec galeries. Dans certains villages, les maisons peuvent être toutes en pierre, comme à Saint-Luc, qui fut reconstrui­t deux fois au XIXe siècle après des incendies.

Le bois a une histoire

Greniers et dépendance­s

Plus frustes, les granges sont entièremen­t en bois, faites de simples madriers de sapins équarris, assemblés aux quatre coins et tenus par des aiguilles en façades. Leur rez-de-chaussée abrite l’écurie, l’étage au-dessus les réserves de foin. Le grenier à provision, celui où l’on réserve le grain, mais aussi les légumes secs, le fromage, la viande séchée, est également construit en bois, mais sur pilotis, posé sur des pierres plates. Elles les protègent des assauts des rongeurs. On l’appelle le raccard. Tandis que les madriers — ou les planches — de la grange sont mal assemblés pour permettre son aération, celles du raccard sont étroitemen­t jointes. Lui aussi est constitué de deux niveaux : une aire de battage pour le blé au niveau le plus bas, un espace de stockage au-dessus. Chaque famille dispose ainsi d’au moins trois toits dans son village.

Quartiers de Sierre

Ces habitants de Vissoie, de Saint-Luc, Chandolin et autres villages du Val d’Anniviers se regroupent tous dans la même ville de plaine, Sierre, où ils vivent rassemblés par quartier en fonction de leur appartenan­ce villageois­e. C’est que les zones cultivées de la plaine sont elles-mêmes réparties entre les différents villages anniviards. Là encore, les maisons sont à soubasseme­nts de pierre et étages en bois. Le quartier de Tservetta, originelle­ment réservé aux habitants de Saint-Jean, conserve jusqu’à aujourd’hui intacte une « maison du remuage ». Datée de 1724, cette bâtisse, qui peut être visitée, a conservé son mobilier et ses outils usuels. On y découvre un

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La constructi­on de la route Vissoie-Ayer, en 1912, a placé le village de Cuimey sur le bord du chemin. Une révolution qui n’a changé en rien l’aspect traditionn­el du village, avec ses vieilles demeures en bois étagées dans la pente, autour de son église. En contrebas, s’aperçoit le village de Mayoux.
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