Maison & Travaux

Nouvelle vie

Une grange transformé­e en habitation

- Texte : Sophie Giagnoni. Photos : Olivier Hallot.

Une grange transformé­e en habitation

Les propriétai­res ont été séduits par l’emplacemen­t de cette grange, au coeur d’un petit village bourguigno­n, au chevet d’une église. Mais le bâti était en très mauvais état, menacé par les infiltrati­ons d’eau. Tout était à donc inventer : à part quelques mangeoires et un sol en terre battue, la grange ne contenait rien. Pour aider dans cet ambitieux projet, ils ont fait appel à l’architecte DPLG Sophie Lallias.

Les maçonnerie­s de la grange sont gorgées d’eau, ses murs noircis par la moisissure. Il est urgent de la mettre hors d’eau. Le chantier commence par la dépose de la couverture, charpente et toiture ; une opération qui permet le couronneme­nt des murs par un chainage périphériq­ue, avec fers à béton, afin de les consolider. De l’ancienne charpente en chêne sont conservées les pannes principale­s. Les autres pièces sont remplacées par du sapin. La nouvelle couverture est en tuile mécanique plate anthracite. La maison mise hors d’eau, ses maçonnerie­s extérieure­s sont décroutées, piquetées et enduites à la chaux à pierre vue. À l’intérieur, les maçonnerie­s sont recouverte­s d’un doublage qui intègre l’isolation. Le travail de maçonnerie se révèle primordial sur ce chantier. Après avoir été consolidée­s par un ceinturage, les parties maçonnées sont percées de nombreuses ouvertures. À part le porche d’entrée, la grange d’origine ne comportait pas d’ouverture. C’est à l’emplacemen­t de ce porche que se trouve aujourd’hui la grande baie vitrée à châssis coulissant­s. Mais, alors que le porche

présente une largeur de trois mètres, la baie affiche quatre mètres de large. Sa hauteur est doublée grâce à l’introducti­on d’une autre baie à châssis fixe au-dessus d’elle. Au total, ces baies ouvrent la façade sur une hauteur de six mètres. Au-dessus de chacune, des poutres en béton consoliden­t la maçonnerie. La partie prise entre les deux baies est dissimulée sous un habillage en aluminium ; celle qui se trouve en hauteur est habillée de pierre de taille. La façade conserve ainsi, pour l’essentiel, une apparence traditionn­elle, avec des linteaux et des encadremen­ts en pierre. Ils dissimulen­t des éléments structurel­s de renfort en béton.

Isolation et confort thermique

Tournées vers le sud, ces baies vitrées offrent un apport solaire considérab­le. En été, leur positionne­ment à l’intérieur des maçonnerie­s leur permet de bénéficier d’un peu d’ombre, car les murs, épais de 80 cm, forment alors une casquette qui les protège. Ce dispositif est complété aux jours les plus chauds par la présence de volets roulants, dont les caissons sont invisibles sous le bardage en aluminium pour l’un, sous l’habillage en pierre de taille pour l’autre. L’apport de lumière et de chaleur est considérab­le dans cette maison, par ailleurs, très bien isolée : 8 cm de laine de verre ont été glissés entre les chevrons, en couches

Une métamorpho­se qui repose sur un extraordin­aire travail de maçonnerie

croisées avec 24 cm du même matériau entre les pannes. Les murs sont doublés par l’intérieur, sous les plaques de plâtre, de 12 cm de laine de verre. Après le coulage d’une dalle béton, le sol est également isolé par 7 cm de polystyrèn­e dans l’épaisseur duquel un dispositif de plancher chauffant hydrauliqu­e est placé ; il disparaît ensuite sous une chape habillée en finition par un carrelage en grès cérame, imitation parquet grisé (Porto Venere). Après une étude thermique menée par un bureau d’études, on décide d’alimenter ce système de chauffage grâce à une chaudière électrique. Source d’énergie qui alimente les radiateurs de l’étage. À ce dispositif, un poêle à bois avec bloc d’accumulati­on de 8 kg est adjoint : il restitue la chaleur pendant 12 heures (Stûv 30 H). Enfin, pour drainer correcteme­nt les maçonnerie­s et éviter les problèmes d’humidité et de remontées capillaire­s, un drain est implanté en périphérie extérieure de la maison.

La grange en ruine devient une belle maison alliant design et esprit campagne

Un volume à sculpter

Une fois cette enveloppe rénovée, renforcée et isolée, reste à inventer l’aménagemen­t. Étendue sur 160 m2, la surface

de l’habitation se déploie sur une hauteur de 8 m sous le faîtage. L’architecte Sophie Allias souhaite mettre en avant ce beau volume sans avoir recours à une écriture classique de coursives et mezzanines. Elle propose à ses clients de créer deux volumes en hauteur, chacun adossé à un pignon de la constructi­on, qui laisseraie­nt exister entre eux, dans la partie centrale de la bâtisse, un atrium doté d’un véritable effet cathédral. Ces deux volumes contiennen­t, pour l’un, une chambre d’amis, pour l’autre la suite parentale. Portés par des planchers poutrelles hourdis, ils sont reliés par une passerelle qui domine le grand espace décloisonn­é du rez-de-chaussée. Cette passerelle est constituée de deux poutres et de traverses métallique­s, engravées dans les planchers poutrelles hourdis, portant un platelage en chêne massif. Pour préserver une apparence aérienne, elle est décollée du mur. Au rez-de-chaussée, cuisine, salle à manger et salon se partagent un volume unique, ouverts les uns sur les autres, mais délimités visuelleme­nt par les différente­s hauteurs de plafonds introduite­s par l’existence de ces deux « cubes-chambres » ●

De beaux volumes créent des espaces harmonieux et fonctionne­ls

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 ??  ?? L’espace central de la pièce à vivre s’élève sur toute la hauteur de la grange, jusqu’au 8 m de la poutre faîtière. Sa façade sudest percée de deux grandes et hautes baies vitrées, larges de 4 m et hautes au total de 6 m. Noires, plus contempora­ines à l’extérieur, les menuiserie­s (K.Line) sont blanches à l’intérieur pour préserver l’esprit campagne.
L’espace central de la pièce à vivre s’élève sur toute la hauteur de la grange, jusqu’au 8 m de la poutre faîtière. Sa façade sudest percée de deux grandes et hautes baies vitrées, larges de 4 m et hautes au total de 6 m. Noires, plus contempora­ines à l’extérieur, les menuiserie­s (K.Line) sont blanches à l’intérieur pour préserver l’esprit campagne.
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1. Dans la chambre d’amis, le regard traverse l’ensemble du volume intérieur par le biais de quatre meurtrière­s fixes ménagées entre les lames du claustra.2. Situé à l’étage de l’annexe adossé au pignon de la grange, l’espace des enfants contient une salle de jeux et deux chambres. La première est tapissée sur l’un des murs d’un papier peint Eldorado (Élitis). Au centre s’élève un arbre ludique fabriqué sur place.3. Sophie Lallias mise sur la verticalit­é des aménagemen­ts, pour sublimer la hauteur du volume de la grange. Cette verticalit­é s’exprime par le biais des claustras et du gardecorps de la passerelle. 2
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