Nouvelle vie
Une grange transformée en habitation
Une grange transformée en habitation
Les propriétaires ont été séduits par l’emplacement de cette grange, au coeur d’un petit village bourguignon, au chevet d’une église. Mais le bâti était en très mauvais état, menacé par les infiltrations d’eau. Tout était à donc inventer : à part quelques mangeoires et un sol en terre battue, la grange ne contenait rien. Pour aider dans cet ambitieux projet, ils ont fait appel à l’architecte DPLG Sophie Lallias.
Les maçonneries de la grange sont gorgées d’eau, ses murs noircis par la moisissure. Il est urgent de la mettre hors d’eau. Le chantier commence par la dépose de la couverture, charpente et toiture ; une opération qui permet le couronnement des murs par un chainage périphérique, avec fers à béton, afin de les consolider. De l’ancienne charpente en chêne sont conservées les pannes principales. Les autres pièces sont remplacées par du sapin. La nouvelle couverture est en tuile mécanique plate anthracite. La maison mise hors d’eau, ses maçonneries extérieures sont décroutées, piquetées et enduites à la chaux à pierre vue. À l’intérieur, les maçonneries sont recouvertes d’un doublage qui intègre l’isolation. Le travail de maçonnerie se révèle primordial sur ce chantier. Après avoir été consolidées par un ceinturage, les parties maçonnées sont percées de nombreuses ouvertures. À part le porche d’entrée, la grange d’origine ne comportait pas d’ouverture. C’est à l’emplacement de ce porche que se trouve aujourd’hui la grande baie vitrée à châssis coulissants. Mais, alors que le porche
présente une largeur de trois mètres, la baie affiche quatre mètres de large. Sa hauteur est doublée grâce à l’introduction d’une autre baie à châssis fixe au-dessus d’elle. Au total, ces baies ouvrent la façade sur une hauteur de six mètres. Au-dessus de chacune, des poutres en béton consolident la maçonnerie. La partie prise entre les deux baies est dissimulée sous un habillage en aluminium ; celle qui se trouve en hauteur est habillée de pierre de taille. La façade conserve ainsi, pour l’essentiel, une apparence traditionnelle, avec des linteaux et des encadrements en pierre. Ils dissimulent des éléments structurels de renfort en béton.
Isolation et confort thermique
Tournées vers le sud, ces baies vitrées offrent un apport solaire considérable. En été, leur positionnement à l’intérieur des maçonneries leur permet de bénéficier d’un peu d’ombre, car les murs, épais de 80 cm, forment alors une casquette qui les protège. Ce dispositif est complété aux jours les plus chauds par la présence de volets roulants, dont les caissons sont invisibles sous le bardage en aluminium pour l’un, sous l’habillage en pierre de taille pour l’autre. L’apport de lumière et de chaleur est considérable dans cette maison, par ailleurs, très bien isolée : 8 cm de laine de verre ont été glissés entre les chevrons, en couches
Une métamorphose qui repose sur un extraordinaire travail de maçonnerie
croisées avec 24 cm du même matériau entre les pannes. Les murs sont doublés par l’intérieur, sous les plaques de plâtre, de 12 cm de laine de verre. Après le coulage d’une dalle béton, le sol est également isolé par 7 cm de polystyrène dans l’épaisseur duquel un dispositif de plancher chauffant hydraulique est placé ; il disparaît ensuite sous une chape habillée en finition par un carrelage en grès cérame, imitation parquet grisé (Porto Venere). Après une étude thermique menée par un bureau d’études, on décide d’alimenter ce système de chauffage grâce à une chaudière électrique. Source d’énergie qui alimente les radiateurs de l’étage. À ce dispositif, un poêle à bois avec bloc d’accumulation de 8 kg est adjoint : il restitue la chaleur pendant 12 heures (Stûv 30 H). Enfin, pour drainer correctement les maçonneries et éviter les problèmes d’humidité et de remontées capillaires, un drain est implanté en périphérie extérieure de la maison.
La grange en ruine devient une belle maison alliant design et esprit campagne
Un volume à sculpter
Une fois cette enveloppe rénovée, renforcée et isolée, reste à inventer l’aménagement. Étendue sur 160 m2, la surface
de l’habitation se déploie sur une hauteur de 8 m sous le faîtage. L’architecte Sophie Allias souhaite mettre en avant ce beau volume sans avoir recours à une écriture classique de coursives et mezzanines. Elle propose à ses clients de créer deux volumes en hauteur, chacun adossé à un pignon de la construction, qui laisseraient exister entre eux, dans la partie centrale de la bâtisse, un atrium doté d’un véritable effet cathédral. Ces deux volumes contiennent, pour l’un, une chambre d’amis, pour l’autre la suite parentale. Portés par des planchers poutrelles hourdis, ils sont reliés par une passerelle qui domine le grand espace décloisonné du rez-de-chaussée. Cette passerelle est constituée de deux poutres et de traverses métalliques, engravées dans les planchers poutrelles hourdis, portant un platelage en chêne massif. Pour préserver une apparence aérienne, elle est décollée du mur. Au rez-de-chaussée, cuisine, salle à manger et salon se partagent un volume unique, ouverts les uns sur les autres, mais délimités visuellement par les différentes hauteurs de plafonds introduites par l’existence de ces deux « cubes-chambres » ●
De beaux volumes créent des espaces harmonieux et fonctionnels