Dans les règles de l’art, la réhabilitation d’un manoir corrézien
Il était une fois un manoir du XVIe siècle niché au coeur de la Corrèze qui avait besoin d’une bonne rénovation. Ses propriétaires lui ont offert une réhabilitation exemplaire, lui réservant matériaux et savoir-faire traditionnels. En toile de fond : la s
Lorsqu’ils découvrent le manoir, en 2006, les nouveaux propriétaires sont immédiatement séduits par son authenticité. Les bâtiments n’ont subi aucune modification irréversible. Leur projet : lui rendre son apparence originelle.
État des lieux
Les derniers aménagements datent de plus d’un siècle. Ils ont scindé les majestueux volumes intérieurs du manoir en petits appartements parisiens : les pièces ont été divisées, les cheminées coffrées pour réduire les dimensions de leurs foyers ; les maçonneries ont disparu sous des tapisseries fleuries de style Napoléon III. Plus ennuyeux, la façade extérieure a été enduite de ciment, et la couverture en ardoise est en très mauvais état. Comme les dépendances. Le pignon d’une des granges s’est effondré, la toiture d’une autre est à refaire totalement. Pour compléter le tableau, depuis plusieurs
années, la végétation envahit les murs, menaçant la solidité des maçonneries.
En quête d’histoire
Accompagnés par l’architecte Gérard Valleron, les propriétaires souhaitent rendre tout leur lustre aux éléments historiques. Les enduits extérieurs et intérieurs sont alors décroutés pour laisser apparaître les belles pierres en granit du Compeix mises en oeuvre dans les maçonneries. Les faux plafonds sont déposés, et des plafonds à lattis qui étaient en train de pourrir sous l’effet des infiltrations d’eau sont réhabilités. Certaines poutres doivent être moisées avec du métal, tandis que d’autres reçoivent le soutien de corbeaux en pierre, certaines sont changées. Les planchers anciens qui peuvent être conservés le sont, simplement nettoyés et poncés, de même que les portes intérieures. Dans le même temps, tous les coffrages et cloisons qui avaient été ajoutés au siècle passé sont supprimés, libérant les volumes, et permettant de retrouver le plan originel qui a ensuite été conservé.
Une toiture retravaillée
La toiture, qui fuit, est intégralement refaite. À cette occasion, la pente est accentuée de 30° à 45° pour mieux correspondre à la typologie régionale. Surtout, elle est plus adaptée au matériau de couverture, l’ardoise de pays. Pour cela, l’ancienne charpente qui était en bon état est conservée avec son voligeage, mais doublée par un nouveau chevronnage et un voligeage neuf, qui portent la nouvelle couverture. Entre les deux charpentes se trouve une lame d’air dont le pouvoir isolant a été renforcé par la mise en
place d’un isolant mince multicouche de Knauf. Un tel dispositif a permis de conserver apparente la charpente ancienne dans les combles.
Une modernité assumée
À ce lustre ancien devait s’associer un confort moderne. Et, d’abord, un confort thermique. Si la toiture est isolée, les murs, avec leur belle épaisseur synonyme d’inertie, ne sont pas doublés. Le manoir est équipé d’un chauffage par le sol, alimenté par une chaudière à pellets. Pour l’installer, il a fallu décaisser le sol du rez-de-chaussée sur 30 cm, avec mise en place, à cette occasion, d’un isolant et passage des gaines et canalisations. Le manoir ne possédait jusque-là qu’une salle de bains, située au rez-de-chaussée. Il en possède aujourd’hui cinq : une par chambre. Leur création a nécessité l’installation de descentes qui devaient rester invisibles. L’architecte les a installées dans les murs, particulièrement épais ●