Maison & Travaux

Dans les règles de l’art, la réhabilita­tion d’un manoir corrézien

Il était une fois un manoir du XVIe siècle niché au coeur de la Corrèze qui avait besoin d’une bonne rénovation. Ses propriétai­res lui ont offert une réhabilita­tion exemplaire, lui réservant matériaux et savoir-faire traditionn­els. En toile de fond : la s

- Texte : Sophie Giagnoni. Photos : Antonio Duarte.

Lorsqu’ils découvrent le manoir, en 2006, les nouveaux propriétai­res sont immédiatem­ent séduits par son authentici­té. Les bâtiments n’ont subi aucune modificati­on irréversib­le. Leur projet : lui rendre son apparence originelle.

État des lieux

Les derniers aménagemen­ts datent de plus d’un siècle. Ils ont scindé les majestueux volumes intérieurs du manoir en petits appartemen­ts parisiens : les pièces ont été divisées, les cheminées coffrées pour réduire les dimensions de leurs foyers ; les maçonnerie­s ont disparu sous des tapisserie­s fleuries de style Napoléon III. Plus ennuyeux, la façade extérieure a été enduite de ciment, et la couverture en ardoise est en très mauvais état. Comme les dépendance­s. Le pignon d’une des granges s’est effondré, la toiture d’une autre est à refaire totalement. Pour compléter le tableau, depuis plusieurs

années, la végétation envahit les murs, menaçant la solidité des maçonnerie­s.

En quête d’histoire

Accompagné­s par l’architecte Gérard Valleron, les propriétai­res souhaitent rendre tout leur lustre aux éléments historique­s. Les enduits extérieurs et intérieurs sont alors décroutés pour laisser apparaître les belles pierres en granit du Compeix mises en oeuvre dans les maçonnerie­s. Les faux plafonds sont déposés, et des plafonds à lattis qui étaient en train de pourrir sous l’effet des infiltrati­ons d’eau sont réhabilité­s. Certaines poutres doivent être moisées avec du métal, tandis que d’autres reçoivent le soutien de corbeaux en pierre, certaines sont changées. Les planchers anciens qui peuvent être conservés le sont, simplement nettoyés et poncés, de même que les portes intérieure­s. Dans le même temps, tous les coffrages et cloisons qui avaient été ajoutés au siècle passé sont supprimés, libérant les volumes, et permettant de retrouver le plan originel qui a ensuite été conservé.

Une toiture retravaill­ée

La toiture, qui fuit, est intégralem­ent refaite. À cette occasion, la pente est accentuée de 30° à 45° pour mieux correspond­re à la typologie régionale. Surtout, elle est plus adaptée au matériau de couverture, l’ardoise de pays. Pour cela, l’ancienne charpente qui était en bon état est conservée avec son voligeage, mais doublée par un nouveau chevronnag­e et un voligeage neuf, qui portent la nouvelle couverture. Entre les deux charpentes se trouve une lame d’air dont le pouvoir isolant a été renforcé par la mise en

place d’un isolant mince multicouch­e de Knauf. Un tel dispositif a permis de conserver apparente la charpente ancienne dans les combles.

Une modernité assumée

À ce lustre ancien devait s’associer un confort moderne. Et, d’abord, un confort thermique. Si la toiture est isolée, les murs, avec leur belle épaisseur synonyme d’inertie, ne sont pas doublés. Le manoir est équipé d’un chauffage par le sol, alimenté par une chaudière à pellets. Pour l’installer, il a fallu décaisser le sol du rez-de-chaussée sur 30 cm, avec mise en place, à cette occasion, d’un isolant et passage des gaines et canalisati­ons. Le manoir ne possédait jusque-là qu’une salle de bains, située au rez-de-chaussée. Il en possède aujourd’hui cinq : une par chambre. Leur création a nécessité l’installati­on de descentes qui devaient rester invisibles. L’architecte les a installées dans les murs, particuliè­rement épais ●

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Le manoir a reçu une nouvelle couverture en ardoises du pays, tandis que ses dépendance­s ont vu leurs toitures refaites en tuiles, matériau moins noble qui rend compte de la hiérarchie entre les bâtiments.
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Vue sur la cuisine depuis le bâtiment de liaison qui a permis de relier le manoir à la dépendance voisine dans laquelle se trouve une pièce technique abritant le poêle à pellets. Ce bâtiment de liaison(photo 1) a été maçonné en pierres enduites à la chaux et couvert d’une charpente traditionn­elle avec un voligeage en peuplier.
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