Quel visage pour la maison de demain ?
Une fois par an, les constructeurs de maisons individuelles et promoteurs immobiliers adhérents à LCA-FFB (Les Constructeurs et Aménageurs) se réunissent lors d’un grand séminaire technique. Maison&Travaux y a assisté. L’occasion de découvrir des réalisations innovantes et, à travers elles, les enjeux actuels et futurs de la construction. À quoi ressemblent et ressembleront les maisons demain ? À quelles problématiques répondrontelles ? Éléments de réponses.
Nos modes de vie évoluent, nos maisons aussi. Vieillissement de la population, développement du travail à domicile, apparition de nouvelles technologies, écoresponsabilité... Autant d’enjeux auxquels les constructeurs tentent de répondre en développant de nouveaux concepts d’habitations. Au programme : bioclimatisme, réversibilité et modularité, réduction des déchets, récupération des eaux de pluie...
Des maisons efficaces sur le plan énergétique et à faible empreinte carbone : E+C
Le
Challenge de l’Habitat innovant 2018, palmarès dédié à la maison neuve organisé par LCA FFB (Les Constructeurs et Aménageurs), dont les résultats sont dévoilés lors de son séminaire technique annuel, met en lumière les plus innovants du moment. Des projets très diversifiés, mais qui présentent un certain nombre de points communs. Ils dessinent la silhouette de nos futures maisons... Cadre réglementaire oblige, les maisons neuves dites BBC ou RT 2012 sont devenues
extrêmement efficaces sur le plan énergétique. Pour preuve, leur consommation se limite à 50 kWh/ m2/an. Et elle descend à moins de 15 kWh/m2/an pour les habitations passives. Des chiffres records par rapport aux anciennes générations de maisons ! Mais ce n’est pas tout : désormais, le volet carbone entre en ligne de compte. Le but : réduire l’empreinte carbone des constructions, et ce pendant toute la durée de vie du bâtiment, depuis la construction jusqu’à la phase de démolition. Pour y parvenir, les leviers sont multiples, comme l’explique JeanJacques Barreau, directeur technique LCA-FFB : « En rénovation comme en construction neuve, la réduction de l’empreinte carbone passe essentiellement par le bon choix des matériaux de construction, des modes constructifs économes et une consommation d’énergie maîtrisée. »
La maison Home Sweet Home du constructeur Maisons à Vivre, qui s’est distinguée lors du Challenge de l’Habitat innovant 2018 LCA-FFB, illustre bien ce nouvel axe carbone. Et pour cause, elle est arrivée à réduire significativement son impact sur l’environnement grâce, notamment, à l’adoption d’un poêle à granulés à faibles émissions de carbone (bénéficiant d’une fiche PEP, carte d’identité environnementale), mais aussi grâce au remplacement du chauffe-eau thermodynamique (CET) initialement prévu par un autre modèle utilisant un gaz moins impactant.
Des maisons toujours plus connectées, confort et économie d’énergie
« Depuis 2016, les obligations réglementaires se traduisent par un équipement minimum garantissant aux occupants la possibilité de téléphoner, de se connecter à Internet, de regarder la télévision avec une connectique universelle, grâce aux prises RJ 45 installées, rappelle Jean-Jacques Barreau. Le raccordement à la fibre en attente est prévu dans tous les logements neufs », poursuit-il. Un tableau de communication installé à côté du tableau électrique permet de gérer toutes les offres des opérateurs (Orange, Free, SFR, Bouygues Telecom...).
Les équipements domotiques du logement peuvent donc être pilotables à l’aide d’un smartphone, d’une tablette ou d’une interface de commande. Une panoplie qui permet aux occupants de gérer leurs équipements à distance (volets, radiateurs, alarmes, éclairage), de créer des scénarios, le tout pour gagner en confort, mais également pour favoriser les économies d’énergie.
Des maisons confortables toute l’année, confort quatre saisons
Si, pendant longtemps, il a fallu choisir entre confort d’été et d’hiver, c’est terminé ! Les constructeurs proposent un « confort quatre-saisons », autrement dit une maison agréable à vivre toute l’année, dans laquelle les surchauffes estivales et la sensation de parois froides en hiver sont supprimées. Pour y parvenir, ils appliquent les principes de l’architecture bioclimatique qui visent, grâce à l’orientation du bâtiment notamment, à favoriser les apports solaires passifs. Dans la maison Green Home, signée Ariane Constructions, présentée elle aussi dans le cadre du Challenge LCA-FFB, ce « confort quatre saisons » est obtenu, entre autres, par la mise en oeuvre d’un vitrage nouvelle génération : le vitrage actif Sage Glass , de Saint-Gobain, capable de maîtriser l’apport de lumière naturelle et de chaleur en régulant sa teinte. Il est associé à des sondes géothermiques assurant le rafraîchissement passif de l’habitation. Résultat : malgré une toiture presque entièrement vitrée, la maison parvient à bloquer près de 96 % de chaleur en été. Un record !
Des maisons là où on ne les attend pas, combler les dents creuses
À l’heure où le foncier est difficile à trouver, la priorité des constructeurs, mais aussi des architectes, est d’exploiter ce qu’on appelle les « dents creuses ». En ville comme à la campagne, ils cherchent à tirer parti du moindre mètre carré disponible. On voit ainsi les immeubles existants gagner en hauteur, avec des surélévations. C’est, notamment, la spécialité de l’architecte Didier Mignery (Up Factor) qui aide les propriétaires à mesurer le potentiel de valorisation de leur « patrimoine aérien ». Résultat : les toits des immeubles deviennent des biens immobiliers à fort potentiel, des surfaces à construire convoitées aussi bien par les particuliers que par les promoteurs. De leur côté, les copropriétés y voient une source de revenus supplémentaires... La physionomie des villes s’en trouve transformée : la verticalité est accentuée. Même chose en province : on cherche à tirer parti toutes les parcelles disponibles, y compris celles situées dans des villages classés. Il en résulte des projets qui font étroitement cohabiter constructions neuves et bâtiments anciens. C’est le cas, par exemple, du programme Les Matelles, situé près de Montpellier, du constructeur Maisons BIC — projet également mis en lumière dans le cadre du Challenge LCA-FFB 2018 — qui a édifié cinq nouveaux logements dans l’enceinte et à proximité d’une maison paroissiale. Un bel exemple de préservation du patrimoine en secteur classé et d’optimisation du foncier ●