La Moselle
Adossée à l’Allemagne, la Moselle, perle du Grand Est, est marquée à la fois par des influences françaises et allemandes. La région possède un paysage architectural original et admirable.
Une architecture sous influence
Située tout à l’est de la France, aux portes de l’Allemagne, la Moselle possède une architecture singulière. Bâtiments publics, privés : tous affichent des traits qui témoignent de l’influence germanique, la Moselle ayant été annexée par l’Allemagne en 1871 et en 1940. Par ailleurs, la région a subi de nombreuses destructions durant les deux guerres mondiales, et l’architecture de la reconstruction constitue une autre de ses caractéristiques majeures. Cependant, l’influence germanique et la reconstruction se sont elles-mêmes adaptées à des traditions existantes. Elles ont davantage introduit des évolutions que des bouleversements. Si l’influence germanique a modifié les volumétries, elle repose sur des matériaux et des savoir-faire
locaux. La reconstruction décline les formes établies dans les matériaux nouveaux de l’après-guerre, au premier rang desquels, le béton.
Metz, capitale emblématique
Entre 1871 et 1914, l’Empire allemand dote Metz d’une « nouvelle ville », aujourd’hui son « quartier impérial ». Strasbourg en possède également un. Ces deux quartiers offrent un condensé très bien conservé de l’architecture allemande durant le Second Reich ; l’Allemagne a perdu ce patrimoine durant les deux guerres mondiales. Formant un triangle aux extrémités délimitées par la gare centrale, l’église Sainte-Thérèse et la porte Serpenoise, ce quartier dévoile un style historiciste allemand et des réinterprétations de l’architecture médiévale. La gare en propose un bel exemple. Les édifices privés arborent des styles plus éclectiques : Jugendstil (Art nouveau allemand), Sécession viennoise ou alsacienne. En « réaction », durant l’entre- deux- guerres, la France imposera à Metz des constructions de type haussmannien à l’identité parisienne.
Des villages mosellans à l’usoir original
Dans les campagnes aussi, l’influence germanique se fait sentir avec l’émergence de quelques grands domaines isolés, alors que partout, en Moselle, l’habitat apparaît historiquement groupé. Cette forme est restée dominante jusqu’à aujourd’hui avec des villages-rues, pour l’essentiel constitués de fermes « blocs » mitoyennes et de maisons plus modestes appartenant aux ouvriers agricoles. Entre les façades des maisons et la rue s’étire l’usoir, une bande de terrain large de trois à sept mètres, qui reste la propriété de la commune. Sur cet usoir, le passage est libre, mais l’usage est privatisé au profit des maisons qui le bordent : les familles y entreposent du bois, des outils, leur fumier... Dans la campagne, ces villages possèdent tous une silhouette caractéristique, avec leur ligne de toitures à faible pente descendant très bas, dont émerge un clocher. Le tout est enserré d’un écrin végétal constitué de quelques arbres et d ’ une ceinture de vergers dominée par les mirabelliers.
Des villages à l’identité singulière
Matériaux et pans de bois
Dans ces villages, la pierre domine. Pour l’essentiel, des calcaires à l’ouest du département (dont la belle pierre jaune du Jaumont), des grès à l’est (parmi lesquels le grès rouge des Vosges). Cette partition géographique au sein de la Moselle se retrouve aussi dans les toitures : en tuile canal lorraine à l’ouest, en tuile plate alsacienne à l’est. Par ailleurs, jusqu’au XIXe siècle, toutes les constructions situées à l’est d’une ligne Saint-Avold-Sarrebourg étaient réalisées en pans de bois. Dominantes autrefois, ces maisons sont malheureusement, aujourd’hui, une espèce en voie de disparition. La commune de Kappelkinger en abrite encore quelques-unes, véritablement remarquables
Un passé recomposé