André Joffre, président de Qualit'EnR
Depuis sa création en 2006, Qualit’EnR, spécialiste de la qualification des entreprises dans le domaine des énergies renouvelables, oeuvre à la promotion de la qualité des prestations proposées par les installateurs. Alors que le gouvernement a annoncé un
Qualit’EnR, qu’est-ce que c’est ?
C’est un organisme de qualification reconnu par les pouvoirs publics, qui gère, depuis sa création en 2006, un dispositif qualité qui couvre l’ensemble des filières énergies renouvelables liées au bâtiment. À ce titre, l’association oeuvre pour la qualité des installations de systèmes valorisant les énergies renouvelables, en délivrant aux installateurs des qualifications RGE (Reconnu garant de l’environnement) : Qualisol, Qualibois, QualiPV, QualiPAC, Qualiforage, Chauffage +…
Quel est l’intérêt pour le particulier de solliciter une entreprise bénéficiant de l’une de ces qualifications ?
Instaurée en 2011, la mention RGE est un gage de qualité, de confiance et de sécurité pour les particuliers. Cette qualification est un repère permettant d’identifier les professionnels en mesure d’installer des équipements utilisant les énergies renouvelables dans le neuf ou la rénovation ; ils disposent donc de tous les moyens suffisants pour mener à bien ces travaux et les réaliser en bonne et due forme. C’est également la garantie d’être couvert en cas de dommage. Par ailleurs, la qualification RGE est un dispositif reconnu par l’État qui « éco-conditionne » ses aides. En optant pour une entreprise ou un artisan RGE, le particulier peut bénéficier des aides de l’État : prêts avantageux, MaPrimeRénov’, crédits d’impôt, primes Économie d’énergie, etc.
Comment contrôlez-vous la qualité des entreprises qualifiées ?
Au-delà de la formation et du contrôle sur dossier, la vérification des installations est la meilleure preuve de la compétence des professionnels. Qualit’EnR réalise donc des audits sur des installations réelles pour s’assurer que les travaux ont été réalisés dans les règles de l’art. Si l’auditeur mandaté par Qualit’EnR constate des écarts ou des axes d’amélioration sur un chantier, il accompagne le professionnel vers une amélioration de ses pratiques. Par ailleurs, si on identifie des défauts récurrents sur les chantiers, Qualit’EnR remonte les constats aux organismes de formation pour qu’ils insistent sur ces points très précis.
Quels critères doit-on remplir ?
Pour être labellisé RGE, le professionnel du bâtiment (entreprise du BTP, artisan ou entrepreneur individuel) doit choisir le signe de qualité qu’il
souhaite obtenir en fonction de son activité ; justifier du respect de ses obligations administratives et légales, notamment en matière d’assurances, avec la garantie décennale ; désigner au moins un responsable technique et opérationnel, et apporter la preuve de ses compétences, par le moyen d’une formation courte, entre autres ; faire appel, en cas de sous-traitance, et dans la limite de 50 % de son CA, à des entreprises elles-mêmes titulaires d’un signe de qualité RGE ; disposer du matériel nécessaire ; réaliser au minimum deux chantiers achevés au cours des quatre dernières années dans l’activité désignée RGE ; se soumettre à un audit de chantier (contrôle de réalisation) dans un délai de deux ans suivant la demande de qualification et s’engager au respect d’une charte de qualité de service. Le professionnel doit aussi constituer un dossier de candidature auprès de l’organisme délivrant le signe de qualité RGE souhaité.
Quelles actions mettez-vous en oeuvre auprès du grand public ?
Au-delà des qualifications, les particuliers doivent pouvoir identifier et trouver rapidement un professionnel compétent près de chez eux. Dès 2006, Qualit’EnR a mis en place l’annuaire des professionnels de proximité compétents dans le domaine des énergies renouvelables. Par ailleurs, Qualit’EnR développe, sur son nouveau site (sortie prévue début 2021), un outil pour aider les particuliers à identifier les solutions les plus adaptées
à leurs besoins et les professionnels du réseau situés à proximité de chez eux.
Quelles sont les technologies qui permettent de produire des énergies renouvelables sous forme de chaleur, d’électricité ou de combustible ?
Cinq grandes familles d’énergies renouvelables existent actuellement : biomasse, éolien, géothermie, hydroélectricité, solaire. Les technologies qui concernent directement Qualit’EnR sont les capteurs solaires thermiques pour l’eau chaude et le chauffage ; les panneaux solaires photovoltaïques pour la production d’électricité ; le bois énergie pour la production d’eau chaude et de chauffage ; la pompe à chaleur pour la production d’eau chaude et de chauffage, mais également pour le rafraîchissement, l’été, dans le cas d’une PAC réversible, et le forage géothermique pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire.
Quel est l’intérêt, pour le particulier, d’avoir recours aux énergies renouvelables ?
Au plan individuel, privilégier les EnR permet de réduire la facture énergétique de son foyer. Les énergies renouvelables, auxquelles il convient d’ajouter les énergies dites de récupération, sont gratuites. Sans aller jusqu’à les utiliser comme seule ressource pour alimenter un logement, on peut compter sur elles pour réduire sa facture d’électricité annuelle de façon significative.
Selon la configuration et la situation du logement, un particulier peut opter pour le solaire, l’éolien, l’hydraulique, la géothermie ou, encore, la biomasse. Sur le plan de l’intérêt général, les EnR ne produisent pas, ou peu, de gaz à effet de serre (CO2) et n’ont pas ou peu d’impact sur le réchauffement climatique. Présentes en abondance sur notre territoire, elles favorisent l’indépendance énergétique, et leur exploitation entraîne des créations d’activité. L’énergie renouvelable, c’est moins de pollution, plus d’indépendance énergétique et le développement d’une économie locale. C’est également une industrie moins dangereuse pour l’homme et le développement d’une économie plus locale.
Quelles sont les énergies renouvelables les plus plébiscitées par les particuliers ?
Si on se réfère à la dernière édition de notre baromètre « Les Français et les EnR », publié en 2019, 97 % des personnes interrogées se fient à au moins une de ces filières et 42 % font même confiance à chacune d’entre elles. En matière d’équipements résidentiels, les Français accordent leur confiance aux pompes à chaleur, puis aux panneaux solaires, suivis du bois énergie, avec un renforcement général de la confiance forte dans toutes les filières. Du côté de nos qualifications, les solutions PAC et bois restent en tête, tout comme les recherchent d’installateurs qualifiés sur notre annuaire avec, en tête du peloton, les QualiPAC et Qualibois.
Quelles sont les dernières évolutions majeures pour les particuliers ?
L’aide de l’État pour effectuer des travaux destinés à rendre les logements moins gourmands en énergie est désormais accessible à tous les ménages, ainsi qu’aux propriétaires bailleurs et aux copropriétés. Le dispositif MaPrimeRénov’ monte en puissance. Il favorise les rénovations les plus ambitieuses et finance désormais l’assistance à maîtrise d’ouvrage, pour faciliter l’accompagnement des ménages. Il peut aussi être cumulé avec d’autres aides financières.
Les ménages modestes peuvent-ils aussi prétendre à ces aides ?
Oui. D’ailleurs, pour renforcer la lutte contre la précarité énergétique des ménages modestes et très modestes, le programme « Habiter mieux » s’adresse aux propriétaires, occupant un logement de plus de quinze ans, qui souhaitent mener à bien des travaux de rénovation énergétique dans leur bien (isolation, amélioration du système de chauffage ou de production d’eau chaude, etc.). Désormais, il subventionnera jusqu’à 50 % des travaux de rénovation énergétique permettant un gain d’au moins 35 %, avec un plafond de travaux porté à 30 000 €. Une prime pour les sorties de passoires énergétiques et un bonus pour les rénovations atteignant l’étiquette énergétique A ou B complètent le dispositif.
Quels sont les travaux concernés ?
L’isolation du toit, des combles et des murs, le changement de chaudière à gaz, à bûches ou à granulés, mais aussi l’installation de nouvelles fenêtres et de systèmes de ventilation. Les matériaux utilisés sont de meilleure qualité, plus durables, donc plus respectueux de l’environnement. Des actions de rénovation énergétique peuvent être déclenchées rapidement pour un coût maîtrisé, grâce aux aides… Les particuliers auraient tort de s’en priver !
Il suffit de consulter l’annuaire des professionnels RGE sur notre site, soit près de 15 000 entreprises pour plus de 24 000 qualifications actives.
« L’aide de l’État pour effectuer des travaux destinés à rendre les logements moins gourmands en énergie est désormais accessible à tous les ménages, ainsi qu’aux propriétaires bailleurs et aux copropriétés »
Depuis le 1er janvier 2021, ce sont 19 catégories de travaux qui doivent être réalisées par une entreprise qualifiée RGE pour que le client bénéficie d’une aide…
Cette nouvelle mouture vient préciser les catégories de travaux et les domaines de compétences associés pour mieux identifier les professionnels et fiabiliser le dispositif avec des moyens de contrôle appropriés et efficaces. Certains travaux méritaient leur domaine propre, car, même s’ils peuvent paraître similaires, ils ne requièrent pas les mêmes compétences et peuvent malheureusement laisser place à certaines malfaçons ! Par exemple, une isolation de toiture par l’extérieur ne requiert pas les mêmes compétences qu’une isolation des planchers de combles perdus…
Quelles sont les nouvelles catégories de travaux qui doivent être réalisés par une entreprise qualifiée, pour obtenir une aide ?
Pour lutter contre les pratiques frauduleuses, le gouvernement et les professionnels ont ciblé six domaines de travaux supplémentaires dits « critiques » qui feront l’objet d’un traitement particulier, notamment en termes de contrôles de chantiers. Il s’agit de l’isolation des combles et de l’isolation des planchers bas, ainsi que du changement des chaudières : pompes à chaleur, chauffe-eau thermodynamiques, chaudières à bois et inserts.
Le 15 juin dernier, vous avez lancé une nouvelle qualification RGE baptisée QualiPV 0-250. De quoi s’agit-il ?
Avec sa nouvelle qualification pour le solaire photovoltaïque QualiPV 0 à 250, qui couvre les installations de panneaux photovoltaïques jusqu’à 250 kWc, Qualit’EnR répond aux exigences du référentiel RGE et permet aux installations réalisées par des installateurs qualifiés de bénéficier du tarif d’achat ou de la prime d’autoconsommation si elles y sont éligibles. Cette nouvelle qualification peut impulser un projet d’installation de panneaux solaires dans une copropriété, par exemple, et faire émerger des opérations « modèles », innovantes, ambitieuses et réplicables, en vue de massifier et d’industrialiser la rénovation des bâtiments. Cette approche globale doit permettre de fédérer des savoir-faire, d’intégrer des compétences locales et de standardiser la rénovation (et la construction de bâtiments neufs) dans l’idée de créer une dynamique économique. L’élargissement de la nouvelle aide de l’État, MaPrimeRénov’ aux propriétaires bailleurs et aux copropriétés devrait d’ailleurs inciter de telles initiatives, facilitées par le financement des travaux grâce à une seule aide collective, versée au syndicat de copropriétaires, indépendamment des situations individuelles des copropriétaires.
Quel est l’avenir de la filière ENR ?
La filière des EnR est naturellement appelée à occuper une place importante dans le mix énergétique français. Selon notre baromètre réalisé en 2019 avec OpinionWay (« Les Français et les EnR »), 41 % des Français déclarent être équipés d’au moins un appareil valorisant les énergies renouvelables pour leur logement (+ 6 points), un taux d’équipement qui atteint même 61 % chez les propriétaires de maisons individuelles. Et la confiance des Français envers les installateurs d’équipements énergétiques, en forte progression, atteint son maximum historique ( 71 %, + 9 points). C’est une bonne chose !
Vous êtes donc optimiste ?
La transition énergétique a fait du chemin. C’est un objectif politique affiché et, visiblement, une attente de plus en plus marquée au sein de la société. C’est une excellente nouvelle
« Pour lutter contre les pratiques frauduleuses, le gouvernement et les professionnels ont ciblé six domaines de travaux supplémentaires qui feront l’objet d’un traitement particulier »