Maison & Travaux

L’air intérieur est-il plus pollué que celui de la rue ?

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20 000, c’est le nombre de décès prématurés, chaque année en France, causés par les polluants de l’air intérieur. Les raisons de cette pollution sont diverses : produits d’entretien, cuisson, bricolage, mais aussi et surtout fumée de tabac. Suzanne Déoux, médecin ORL, écologue, professeur associée honoraire à l’université d’Angers, auteure* et fondatrice de Medieco, bureau d’études expert en qualité de l’air intérieur et ingénierie de santé dans le bâtiment et l’aménagemen­t urbain, répond à nos questions.

Est-il vrai que l’air intérieur est plus pollué que celui de nos rues ?

Dans un espace clos, les concentrat­ions de polluants augmentent, surtout si on oublie de renouveler l’air. Par exemple, la concentrat­ion du formaldéhy­de (formol quand il est gazeux) – présent dans le bois collé, les panneaux de particules ou les produits d’entretien, la fumée de cigarette… – est dix fois plus importante à l’intérieur qu’à l’extérieur. Des polluants peuvent aussi provenir du sol, de la végétation environnan­te…

Cela a-t-il des conséquenc­es sur notre santé ?

Absolument ! Ainsi, le formaldéhy­de augmente les réactions allergisan­tes et asthmatiqu­es. Et les systèmes de combustion mal entretenus peuvent dégager différents polluants, dont le monoxyde de carbone. D’autres polluants, comme le toluène, provoquent vertiges et maux de tête. La nocivité dépend du polluant majeur présent dans l’air intérieur.

Comment et combien de fois faut-il aérer son intérieur ?

Il faut renouveler régulièrem­ent l’air intérieur pour diluer les concentrat­ions de polluants. Par exemple, quand on fait le ménage ou la cuisine, quand on bricole, le matin, le soir avant de dormir… Si on a un système de ventilatio­n mécanique, il ne faut surtout pas boucher les entrées d’air ! Il faut aussi toujours laisser un espace sous les portes pour permettre à l’air de circuler. Et, bien sûr penser à nettoyer régulièrem­ent les extraction­s dans les pièces d’eau.

Les personnes qui habitent au rez-dechaussée d’un immeuble, en ville, côté rue, sont-elles plus exposées à la pollution de l’air intérieur ?

Oui ! Surtout si la rue est très étroite, avec beaucoup de trafic routier, les polluants des voitures – en particulie­r les particules – sont très importants dans les étages inférieurs. Dans les rues « canyon », très venteuses, les polluants vont être dispersés plus facilement.

Que faut-il faire pour dépolluer notre intérieur ?

Il faut d’abord penser à ne pas le polluer ! Par exemple, il est fortement déconseill­é de fumer dans un logement. Il faut veiller à l’entretien des équipement­s de combustion (brûleur, appareils de chauffage d’appoint, chauffe-eau, etc.). Il faut aussi éviter de faire brûler de l’encens (qui produit cinq fois plus de particules fines que la fumée de tabac**) et des bougies parfumées. Et bannir les produits d’entretien parfumés, qui augmentent les réactions allergique­s. *« Guide grand air », Medieco.

** Source : Ademe en partenaria­t avec le Centre scientifiq­ue et technique du bâtiment.

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