À Bordeaux, une villa balnéaire
Quand un architecte bordelais rentre au pays après vingt-cinq ans de vie parisienne, il rêve d’espace, de soleil, de plage, de dunes… Et transforme une échoppe du centre-ville en villa ferretcapienne ! Récit d’une métamorphose.
Là se tenait autrefois une petite échoppe bordelaise typique, dressée sur un seul étage, avec une petite façade étroite en pierre sur rue et une autre deux mètres plus bas sur jardin. Entre les deux quelque 90 m2 qui, longtemps, accueillirent une boulangerie. Abandonnée depuis cinq ans, en très mauvais état, mais bien située, avec un joli petit jardin, cette petite bâtisse avait de quoi séduire l’architecte Frédéric Thet. Derrière sa façade rénovée à l’identique, Frédéric Thet a métamorphosé son architecture et créé un intérieur, qui, de 90 m2, est passé à 190 m2. Et de vétuste est devenu moderne et balnéaire.
Une verrière au coeur
Le premier secret de cette métamorphose réside dans la création d’un étage. En décalant la ligne du faîtage vers le jardin, Frédéric Thet a pu surélever la maison sur sa façade arrière, sans transformer la façade côté rue. Parallèlement, en exploitant le décalage de niveaux entre la rue et le
jardin – avec la création de niveaux intermédiaires qui donnent la possibilité de passer progressivement de la hauteur de l’une à celle de l’autre –, il a permis à cette surélévation partielle d’offrir des hauteurs de plafonds confortables tant au rez-dechaussée qu’à l’étage, et de gagner ainsi un étage complet. Ce niveau, tout comme la façade sur jardin qui a dû être complètement refaite, a été élevé en ossature bois, avec une isolation en laine de bois. Dans la nouvelle toiture, en plein centre de la maison, sur le plan orienté au sud, Frédéric Thet a ouvert une grande verrière qui inonde l’intérieur de lumière. Les apports déterminants sont gérés, en été, par un store occultable anti-UV. Le reste de l’année, ils compensent l’orientation de la façade sur le jardin, percée d’ouvertures généreuses, mais tournées vers le nord. La mise en place d’un filet de hamac sous cette verrière de toit comme le recours à de nombreuses fenêtres intérieures permet à cette lumière d’illuminer les deux niveaux de la maison et de se répandre sur toute leur surface.
Un volume de loft
Cette surface, au rez-de-chaussée, apparaît très largement décloisonnée. À l’occasion de la surélévation et de la réfection de la façade arrière de la maison, c’est toute la structure de la bâtisse qui a été repensée. L’installation de poutrelles métalliques de type IPN permet de gagner en légèreté et en portée maximale. Ces IPN qui structurent et traversent l’espace ont été laissés apparents et peints en noir pour injecter un esprit loft à l’aménagement intérieur. Ils portent le plancher d’étage, constitué de bacs collaborants remplis de béton. Au-dessus, l’espace s’organise autour du filet de hamac, situé sous la verrière.
À la manière d’un palier, cet espace dessert trois chambres, un bureau, deux salles de bains et un dressing.
Et une ambiance balnéaire
Un volume de loft donc, mais la froideur en moins ! Le bois, omniprésent, réchauffe l’atmosphère. Bois du bardage extérieur, réalisé en lames de pin douglas, véritable hommage aux cabanes ostréicoles du bassin d’Arcachon. Un hommage qui échappe néanmoins au pastiche, grâce à la singularité de son calepinage, fait d’une association aléatoire de lames de plusieurs largeurs, posées ajourées sur pare-pluie. Ce bardage se retrouve à l’intérieur, en sous-face du plancher d’étage, ou encore en habillage de l’îlot central dans la cuisine. Bois également des parquets, en chêne teinté foncé à l’étage, en pin douglas en lames version XXL au rezde-chaussée (30 cm de large x 12 m de long). À cette chaleur du bois s’ajoute un jeu de couleurs, dominé par les bleus et les verts, évocateur de l’Atlantique et des pinèdes voisines ; ou, plus modestement, de la piscine et de la pelouse qui se partagent le jardin