Pentys bretons en duo
Indépendantes depuis leur construction au XVIIIe siècle, ces deux petites maisons de granit ont été reliées par une extension construite en ossature bois après que les propriétaires de l’une ont acquis la seconde. Une révolution lumineuse !
De tout temps, ces deux petites maisons, de 35 m2 chacune, ont appartenu à deux familles distinctes. À l ’ or igine, ces jol ies demeures de caractère étaient habitées par des ouvriers agricoles ou littoraux. Mais, comme elles sont situées à quelques centaines de mètres d’une plage de sable du Morbihan, elles sont finalement devenues des résidences de vacances. En 2010, les propriétaires de l’une ont pu acquérir la seconde et ont demandé à l’architecte Alain Le Masson d’imaginer un bâtiment qui les relie. À cette occasion, les propriétaires ont souhaité créer un grand séjour lumineux, trois chambres et trois salles de bains dans leur maison.
Une somme de contraintes
Séparées par un espace large de 11 m, les deux petites habitations existantes ont des façades principales orientées au nord. Côté sud, leurs façades arrière s’adossent au mur aveugle d’une longère ; l’une est mitoyenne avec la longère, l’autre en est séparée par un petit passage de 1,40 m de large. Du fait de la faible emprise foncière du terrain (seulement de 250 m2), l’extension devait obligatoirement venir se loger dans cet espace vide et s’aligner sur les façades existantes. À cette première contrainte s’ajoutait, pour Alain Le Masson, les inconvénients d’exposition : les façades principales tournées au nord, l’ombre projetée au sud par la longère mitoyenne. Et, bien sûr, le nécessaire respect de l’architecture des maisons existantes, à l’identité régionale forte.
Des solutions lumineuses
Pour apporter un maximum de lumière à la future construction, l’architecte a d’emblée proposé de la concevoir
autour d’un patio. D’une surface de 16 m2 (4,60 x 3,50 m), ce patio constitue un véritable puits de soleil, autour duquel le nouveau bâtiment déploie un plan en L. Ce L abrite, d’une part, une galerie d’entrée relativement étroite et, d’autre part, un vaste séjour aux dimensions carrées. Pris entre le jardin et le patio, totalement vitrée sur l’une des façades et partiellement vitrée sur l’autre, la galerie d’entrée se caractérise par une grande transparence. D’un côté, elle donne accès à la chambre principale logée dans une maison ancienne, de l’autre, elle ouvre sur le séjour de 38 m2. Cette pièce bénéficie également de généreuses ouvertures sur le jardin, le patio, mais aussi sur la cuisine ; autant de perspectives qui le font paraître bien plus grand.
Langage maritime
Le bâtiment de liaison a été conçu en ossature bois, bardé à l’extérieur de bois Douglas à clins verticaux et couvre-joints teints en noir, à la manière des chantiers de conchyliculture. Cette référence aux anciens ateliers ostréicoles permet d’inscrire la construction sur son territoire littoral et participe ainsi à sa bonne intégration entre les deux maisons existantes. Loin de les dénaturer, le nouvel édifice valorise au contraire leur architecture minérale et traditionnelle. Sa couverture reprend le même matériau que celle des habitations existantes, l’ardoise, et vient volontairement se placer légèrement en dessous pour limiter l’impact volumétrique de la construction. Édifiées à même le granit, les deux maisons
existantes souffraient de remontées d’humidité provenant des fondations. Des solutions de drainage ont été mises en oeuvre sur toute leur périphérie extérieure. Parallèlement, à l’intérieur, les pierres ont été mises à nu, puis isolées avec un enduit chaux chanvre qui régule l’hygrométrie persistante dans l’épaisseur des murs. Ces petites maisons abritent aujourd’hui, pour l’une, deux chambres et deux salles de bains, et pour l’autre, la cuisine et une chambre avec salle de bains. Si les chambres et la cuisine disposent de surfaces quasi normales, les salles de bains ont été logées au chausse-pied dans des espaces réduits. L’une occupe ainsi l’étroit passage qui existait autrefois entre une des deux maisons et la longère située au dos. Dans ces petites constructions, l’espace a été réellement optimisé