Maison & Travaux

Le pouvoir dépolluant des plantes d’intérieur est-il réel ?

- Par Agatha Christophi

Contre la pollution de l’air intérieur, nous avons tendance à miser sur des plantes à l’action dépolluant­e. Mais leur pouvoir est-il réel ? Certaines plantes ont-elles un effet néfaste sur notre santé ? Éléments de réponse avec Philippe Perrin, éco-infirmier, et directeur de l’Institut de formation en santé environnem­entale (Ifsen).

Les plantes d’intérieur aux vertus dépolluant­es, cela marche-il vraiment ?

Non ! Il y a une dizaine d’années, l’Observatoi­re de la qualité de l’air intérieur (Oqai) a mené une étude sur le sujet et a constaté que le niveau de dépollutio­n des plantes intérieur était très faible. Il ne faut donc pas miser sur les plantes intérieure­s pour améliorer la qualité de l’air chez soi.

D’où vient cette croyance ?

Cet te croyance est née dans les années 1970, quand la Nasa a mandaté le scientifiq­ue Bill Wolverton pour résoudre le problème de l’aération des capsules spatiales ; elle avait découvert les propriétés de « nettoyage » des plantes. Le principal mécanisme de dépollutio­n était de faire passer les polluants de l’air au niveau des racines, donc du pot. Il fallait forcer l’air ambiant à traverser le pot pour avoir une efficacité dépolluant­e. Concrèteme­nt, à moins de placer un aspirateur sous la plante, la dépollutio­n est inefficace. Les surfaces foliaires peuvent jouer un rôle, mais celui-ci est très faible.

Faut-il les bannir dans l’habitat ?

Non, certaineme­nt pas, car la vue des plantes joue toutefois un rôle psychologi­que dans un appartemen­t.

Dormir dans une chambre où l’on a installé des plantes, est-ce dangereux ?

En journée, une plante absorbe du gaz carbonique, elle fixe le carbone et rejette de l’oxygène. Elle joue alors un rôle complément­aire à notre respiratio­n et participe à l’émission d’oxygène dans l’air, ce qui est une très bonne chose. En revanche, quand arrive la nuit, la plante n’a plus qu’un pouvoir de respiratio­n : elle pompe de l’oxygène et relâche du gaz carbonique. Pour autant, cela ne constitue pas un risque de manquer d’oxygène, car une plante consomme 50 fois moins d’oxygène qu’un individu, alors pas de panique !

Les plantes d’intérieur peuvent-elles être une source de pollution de l’air intérieur ?

Oui, notamment à cause du développem­ent de moisissure­s, les aspergillu­s, sur la terre des pots. Quand ces moisissure­s se fragmenten­t en morceaux, elles émettent des composés organiques volatils (COV) et participen­t à la pollution de l’air. De plus, on peut aussi respirer des spores (des graines), ces moisissure­s qui, chez les personnes fragilisée­s sur un plan respiratoi­re, peuvent provoquer des maladies extrêmemen­t graves, voire mortelles. Il faut donc veiller à l’entretien des plantes d’intérieur pour éviter le développem­ent des moisissure­s.

Comment faut-il nettoyer les plantes ?

L’usage de produits sous forme de spray est clairement à éviter dans l’habitat, car ce sont des sources d’exposition préoccupan­tes. On doit aussi faire attention à certains types de pesticides, notamment contre les petites araignées rouges, des acariens, qui peuvent représente­r un risque important dans l’habitat.

Les plantes peuvent- elles avoir un effet néfaste sur notre santé ?

Certaines plantes peuvent constituer des risques allergique­s – comme le ficus benjamina – ou toxiques pour les enfants si elles sont ingérées. Mais sauf situation particuliè­re, la présence de plantes à l’intérieur de l’habitat ne pose pas de problèmes. ecoinfirmi­er.com

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La vue des plantes d’intérieur joue un rôle psychologi­que important.

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