« La coursive affirme le caractère contemporain de la maison »
Comment vous y prenez-vous pour concevoir vos projets ?
La vie est au coeur de chacune de mes conceptions. On dessine, on construit des murs et des toits qui sont des éléments figés, immobiles, voire inertes, mais ce sont les vides ainsi générés qui sont importants, car c’est dans ces « vides » que sera la vie. Je me projette donc dans la vie de la future maison, un peu comme lorsque, enfant, je jouais aux Playmobil. J’imagine le déroulement quotidien des activités des futurs habitants en « vivant » des scénarios : quel parcours, quelles contraintes si on arrive à pied ou en voiture, chargé de courses en été, puis en hiver, si on accueille un inconnu ou des amis ! Si on est le premier levé, peut-on commencer sa journée sans gêner ceux qui dorment encore ? Vais-je bénéficier d’un rayon de soleil au petit déjeuner ? Ne suis-je pas dérangé par un vis-à-vis ? Ai-je une belle vue sur cet arbre ? Les scénarios qui répondent le mieux aux besoins exprimés sont ensuite développés. Ils aboutissent à deux ou trois esquisses présentées et discutées avec mes clients pour définir l’organisation générale du projet (la distribution des pièces, l’organisation des circulations, le positionnement des ouvertures…) qui sera la plus cohérente avec leur propre manière de vivre, tout en profitant au maximum du potentiel de leur cadre de vie (bâti existant, terrain, orientation, vues…). Une fois l’organisation générale validée, commence la partie « sensible » de la conception : déterminer les différents degrés d’intimité souhaités pour chaque espace, travailler la définition des limites, des transitions, entre les différents espaces, leurs fonctions, le choix des cadrages, des transparences…
Ici, à quoi tient le mariage réussi entre ancien et contemporain ?
Sans doute à la couverture zinc de la coursive, qui s’inscrit dans le prolongement du bardage mis en oeuvre en partie haute des murs de pierres, pour cacher la rehausse en parpaings et le chaînage béton existant. Cet ensemble est le « geste fort » qui assure le « mariage » entre éléments anciens et neufs.
Quelle est la plus grande réussite de ce projet ?
C’est d’abord l’organisation de la maison : les chambres sont en bas, tandis que séjour, cuisine et salle à manger permettent de vivre entre le village et la vue, tout en profitant du soleil, du lever jusqu’au coucher. C’est sans aucun doute un élément déterminant pour la qualité de la vie quotidienne dans cette maison. Mais c’est aussi la coursive qui m’apparaît comme une « réussite architecturale » affirmant le caractère contemporain de la maison tout en « soulignant » les murs de pierres pour les mettre en valeur. L’implication des propriétaires et des artisans n’est pas à négliger non plus. Tous ont enrichi le projet.