GÉRARD MICHEL DU PRÉTOIRE AU PRESSOIR
Après une carrière bien remplie entre les tribunaux et les plateaux de télévision où maitre Michel prenait régulièrement la défense des téléspectateurs de l'émission de Julien Courbet « sans aucun doute », le célèbre avocat qui officie aujourd'hui dans l'émission « la quotidienne »* sur France 5 partage sa vie entre les médias et sa résidence du Pays d'auge.
Après avoir tiré sa révérence au barreau de Nancy après une carrière éclatante, Maître Michel et son épouse cédant aux sirènes du sud, décidaient d'aller s'installer au soleil. Hélas, les Nancéens, peu acclimatés à des températures de quarante degrés eurent tôt fait de regretter cet exil méridional. Au terme d'une mûre réflexion, la Normandie gagna les faveurs du jury et le couple décida de troquer les palmiers pour des pommiers et de s'installer au coeur du Pays d'auge avec l'intime conviction que le climat offrirait toutes les garanties d'une modération et d'une douceur sans appel. Le couple connaissant la Normandie pour y avoir séjourné, le Pays d'auge s'avéra une terre d'élection idéale tant pour la sérénité des paysages verdoyants que pour la clémence de ses cieux et à l'écart du littoral très fréquenté. Guidés tout naturellement par l'esprit du terroir qui imprègne la région de Bonnebosq, ils tombèrent sous le charme d'un ancien pressoir où naguère l'alchimie fruitière produisait le précieux nectar normand : le cidre dont L'AOC Pays d'auge est la plus prestigieuse. Si le pressoir a perdu sa vocation depuis environ 25 ans, la bâtisse conserve toute sa structure originelle et malgré quelques travaux d'aménagement dans les années 90, il garde la trace de son activité.
De la couleur avant toute chose
Les poutres en chêne du salon et de la salle à manger portent sans défaillir la demeure depuis près de deux siècles. Le sol originel a dû être rénové par la maison Lebas, spécialiste de la maison traditionnelle de la région. La pierre calcaire blanche locale réussit la gageure d'apporter la modernité tout en conservant une certaine solennité à la demeure et une unité qui permet toutes les audaces décoratives dont les flamboyants propriétaires ne se privent pas. La cuisine aussi vaste que conviviale est une pièce majeure de la maison. La grande table semble toujours prête à accueillir les amis ou les enfants et petits enfants du couple. Sur les murs, l'esprit « chine » ne se dément pas, une exceptionnelle collection de cuivres de Villedieu ou d'ailleurs rehausse la peinture rouge vif de l'entre colombages. La cuisinière Aga, de fabrication anglaise, avec ses cinq fours incarne toute la passion de la famille pour l'art de vivre. Partout dans la maison, de délicates gravures et de subtils objets d'art célèbrent la beauté et la nature, de délicates naïades, des scènes de chasse ou des planches de botanique ornent avec grâce toute la maison. Plus de vingt ans de chine ont permis d'engranger des trésors, ne laissant aucune place au hasard, chaque objet siège à la place qui lui revient au gré de l'histoire que la propriétaire propose de raconter.
L’art de vivre en majesté
Autant les caractéristiques extérieures de la maison sont empreintes de la tradition normande la plus orthodoxe avec des pans de bois et un bardage de châtaignier, la décoration intérieure entièrement dédiée à la couleur et à la prodigalité rend le lieu unique et théâtral. Brisant tous les codes, la propriétaire aime à se jouer des usages en donnant carte blanche à la couleur ! Avec un plaisir non dissimulé, les tonalités franches et saturées s'expriment pleinement et en toute insolence. Du rouge carmin qui s'impose dès l'entrée au vert céladon en passant par le turquoise et le marine qui rayonnent au salon, la couleur est à l'honneur. Dans leur imposante présence, les tonalités chromatiques sont déclinées dans les objets d'art et les tableaux des murs qui racontent mille histoires, réelles ou imaginaires. Car c'est bien à l'imagination et à la vie triomphante que s'adresse la généreuse décoration. Avec des tableaux Grand Siècle, des céramiques d'un classicisme affirmé ou une lustrerie baroque, le mélange des genres est aussi franc que le caractère des habitants de la demeure dont la générosité transparait au détour de chaque objet.
En prise directe avec le paysage, le jardin d'hiver offre un espace de liberté pour la lecture et la rêverie. La verrière, utilisée comme débarras par les anciens occupants est devenue un salon lumineux et dédié à la culture dans un esprit de cabinets de curiosités où les objets hétéroclites viennent dialoguer avec des tableaux classiques et des livres reliés. Une confortable méridienne et un cabriolet aux tonalités vertes qui répondent au paysage donnent le ton pour des contemplations sans fin, confortablement installés au coeur de la nature qui rayonne de toute part.
Le jardin d’hiver comme un cabinet de curiosités
La grâce de la lumière
L'étage n'échappe pas à la fantaisie colorée, au sommet de l'escalier de chêne réalisé par un artisan local, les portraits des ancêtres ouvrent la voie d'une longue coursive aux murs rouge vif. Plusieurs espaces de nuit accueillent la nombreuse famille du couple. L'audace colorée est également de mise dans les chambres aux beaux volumes. En rouge vif ou en turquoise, les nuits promettent des rêves aux mille couleurs sous le ciel du pays d'auge et ses pommiers aux fleurs éclatantes au printemps dont on ne se lasse pas.