Maisons Normandie

C’EST LE MÉTIER QUI COMPTE !

- Reportage : Michel Herman – Photos : D.R.

On ne s'improvise pas constructe­ur de maisons normandes S'il est des profession­s qui exigent compétence et expérience, il s'agit bien de celles-là, si essentiell­es à la pérennité de la maison, autant qu'à son esthétique. Il est donc impératif de confier ces travaux de charpente et de couverture à des entreprise­s chevronnée­s qui sauront construire, restaurer rénover et remanier avec l'expérience que leur confèrent bien souvent des années, voire des décennies de savoir-faire.

En Normandie, la tradition des maisons à pans de bois obéit à certaines règles comme l’usage systématiq­ue du chêne massif

Très présent dans les forêts de la région, ce bois noble a servi depuis longtemps à construire les habitation­s, chaumières et manoirs de la région. Les logis des XVIE et XVIIE siècles qui ont victorieus­ement traversé les épreuves du temps en témoignent assurément. Estimé pour sa dureté et sa longévité, ce bois remarquabl­e dispose de qualités qui le rendent indispensa­ble, notamment pour les pièces verticales de la charpente, que l'on appelle poinçons. Ces éléments relient l'entrait, la pièce horizontal­e, à la jonction des deux arbalétrie­rs, les deux pièces obliques formant la triangulat­ion de la ferme. Le choix du chêne pour le poinçon se justifie par le fait que cette pièce travaille en compressio­n debout, et que le chêne, en raison de ses fibres courtes, résiste bien à la compressio­n. Ces beaux spécimens d'arbres étaient, selon la tradition, coupés à la bonne lune, à la sève descendant­e ; bien informés par l'héritage des Anciens, l'on prenait soin d'enlever l'aubier qui représente l'enveloppe extérieure tendre dans laquelle les insectes peuvent s'incruster, tandis que le bois dur (le liber), ne le leur permet pas.

Pour la protection des bois extérieurs, on utilisait l'huile de lin quand on le pouvait car, selon les historiens du XIXE siècle, celle-ci était souvent onéreuse et rare. De nos jours, ajoutée aux nombreux produits du commerce, l'huile de lin, bien plus abordable, peut être utilisée pure ou mélangée à un solvant, tel que l'essence de térébenthi­ne, par exemple. Pour les pans de bois et les éléments de charpente, on peut s'en servir pour l'huiler et protéger ainsi les assemblage­s, tenons et mortaises, de la pourriture ; cela demande bien entendu de l'appliquer avant l'assemblage des différents éléments de la structure. Si les bois apparents et menuiserie­s des portes et fenêtres, ont été peints, il est inutile de les passer à l'huile de lin. Par contre, l'huile de lin, si on la mélange par exemple à du brou de noix, peut se montrer un excellent colorant. Pour ce qui concerne l'ancienneté de la maison, il ne faut pas trop se fier au linteau qui surmonte la porte d'entrée, et sur lequel figure parfois une date. Elle peut avoir été inscrite lors d'une rénovation ou d'un héritage, le nouvel occupant s'empressant ici de signifier son accession dans les lieux et gommant de la sorte tout le passé de la maison.

L’huile de lin protectric­e pour les assemblage­s, tenons et mortaises

Le roseau de Camargue ou de Baie de Seine couvre aujourd’hui les chaumières de Normandie

La charpente ne nous informe pas davantage sur l'âge de la maison si ce n'est les traditionn­elles inscriptio­ns des compagnons, marques destinées à situer l'emplacemen­t de chaque poutre dans la structure. A l'inverse, ce sont souvent les ouvertures qui nous renseignen­t. Pour savoir si la date portée par votre maison est sa véritable date de constructi­on, regardez comment sont conçues ses fenêtres. Si elles sont surmontées de linteau en segment d'arc, par exemple, on peut supposer la façade a été construite au XVIIIE siècle. Pour les couverture­s normandes historique­s, impossible de ne pas évoquer les chaumières qui au XVIIE et au XVIIIE furent longtemps couvertes de paille de seigle. Les risques d'incendie et les édits royaux en proscrivan­t l'usage ont conduit à remplacer ce matériau par de l'ardoise. Pour opérer ce changement, il fut nécessaire de redresser l'inclinaiso­n de la toiture, l'ardoise ne nécessitan­t pas d'être posée sur des versants aussi abrupts que le chaume de seigle. Remplaçant le seigle dont la culture en France a quasiment disparu, le roseau de Camargue ou de Baie de Seine couvre aujourd'hui les chaumières de Normandie…

Extension d'une habitation de charme, avec toiture en chaume et création de velux, charpente en colombages de récupérati­on, entre-colombage en torchis fait à l'ancienne, soubasseme­nt en silex, et aménagemen­t intérieur et extérieur comprenant la création d'une cuisine, salon, trois chambres et trois salles de bain, le tout dans l'esprit traditionn­el de conservati­on de l'architectu­re augeronne. Études et travaux supervisés par la société Normex architectu­re représenté par Guillain Rendu, Architecte D.P.L.G.

Mélanger les tuiles anciennes et les tuiles neuves qui se patineront avec le temps

En dehors du roseau, on trouve le plus souvent la tuile plate sur les toitures normandes. Lorsque certaines d'entre elles sont détériorée­s et que vous ne pouvez en récupérer en quantité suffisante pour couvrir votre toit, que faut-il faire ? Il faut savoir que, lors de la dépose d'une couverture ancienne, un certain nombre d'éléments sont envahis par les mousses poreuses. Les connaisseu­rs les examinent alors, une à une, les font sonner, car elles doivent produire un son clair. Des tuiles abîmées, peuvent parfois être ainsi récupérées, coupées sur leur longueur ou sur leur largeur, et servir pour les rives du toit où la moitié d'une alterne avec une tuile entière. Les propriétai­res se demandent, aussi, s'il est possible de mélanger tuiles mécaniques et tuiles plates sur différents versants de toitures. Pour des raisons esthétique­s, cela n'est pas souhaitabl­e, mais pas seulement, il faut également tenir compte de la différence de poids. Cette question du poids de la tuile de remplaceme­nt doit toujours se poser, car cela met en jeu la charpente et son adaptabili­té à ces modificati­ons de charge. Reste la solution qui consiste à mélanger tuiles plates anciennes et tuiles plates neuves à la condition que l'aspect des neuves ne jure pas trop avec celui des anciennes. Après, le temps fera son oeuvre de patine…

 ??  ?? Agrandisse­ment d'une maison en colombages avec une tour en pierres et colombages agrémentée de plusieurs ouvertures pour un confort intérieur (Honnet Constructi­ons)
Agrandisse­ment d'une maison en colombages avec une tour en pierres et colombages agrémentée de plusieurs ouvertures pour un confort intérieur (Honnet Constructi­ons)
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 ??  ?? Ci-contre : Rénovation et extension avec création de terrasse et garage (Tessel).
Ci-contre : Rénovation et extension avec création de terrasse et garage (Tessel).
 ??  ?? Extension d'une maison de maître avec sas communiqua­nt en brique et verrière type atelier parisien (Tessel).
Extension d'une maison de maître avec sas communiqua­nt en brique et verrière type atelier parisien (Tessel).
 ??  ?? Extension d'une chaumière (Savoirs et Traditions).
Extension d'une chaumière (Savoirs et Traditions).
 ??  ?? Une maison normande personnali­sée, unique telle que vous la désirez (Maisons Lebas).
Une maison normande personnali­sée, unique telle que vous la désirez (Maisons Lebas).
 ??  ?? Plus de 80 % de l'activité de Savoirs et Traditions est réalisé dans la restaurati­on et la rénovation des maisons anciennes du Pays de Caux.
Plus de 80 % de l'activité de Savoirs et Traditions est réalisé dans la restaurati­on et la rénovation des maisons anciennes du Pays de Caux.
 ??  ?? Constructi­on d'une maison en colombage avec enduit à la chaux colorée rappelant le torchis (Honnet Constructi­ons).
Constructi­on d'une maison en colombage avec enduit à la chaux colorée rappelant le torchis (Honnet Constructi­ons).
 ??  ?? Détail d'un pigeart sculpté à la main. Ils soutiennen­t le sommier central à l'intérieur de la constructi­on (Francis Plagnol Charpentie­r).
Détail d'un pigeart sculpté à la main. Ils soutiennen­t le sommier central à l'intérieur de la constructi­on (Francis Plagnol Charpentie­r).
 ??  ?? Pignon d'une maison dessinée par Francis Plagnol et réalisée en 2017. Inspiratio­n d'après divers bâtiments des XVE et XVIE siècles. Fenêtres à meneaux sculptées à la main. Galerie sur console desservie par un escalier. Comme pour toutes ses réalisatio­ns, les bois sont sélectionn­és en forêt dans la région, débités en plateaux par une scierie mobile… chaque pièce est terminée à la main pour suivre le fil du bois et ainsi conserver la forme initiale de l'arbre. Ainsi, l'entreprise s'efforce de se rapprocher au plus prêt de l'esthétique des bâtiments d'époque (Francis Plagnol Charpentie­r).
Pignon d'une maison dessinée par Francis Plagnol et réalisée en 2017. Inspiratio­n d'après divers bâtiments des XVE et XVIE siècles. Fenêtres à meneaux sculptées à la main. Galerie sur console desservie par un escalier. Comme pour toutes ses réalisatio­ns, les bois sont sélectionn­és en forêt dans la région, débités en plateaux par une scierie mobile… chaque pièce est terminée à la main pour suivre le fil du bois et ainsi conserver la forme initiale de l'arbre. Ainsi, l'entreprise s'efforce de se rapprocher au plus prêt de l'esthétique des bâtiments d'époque (Francis Plagnol Charpentie­r).
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 ??  ?? Ci-dessus / Ci-contre : Un four à pain qui a été déplacé et reconstrui­t à l'identique à l'ancienne en torchis, brique silex… (Maçons d'aôtefois).
Ci-dessus / Ci-contre : Un four à pain qui a été déplacé et reconstrui­t à l'identique à l'ancienne en torchis, brique silex… (Maçons d'aôtefois).
 ??  ?? Ci-dessus / Ci-contre : Volkaert, constructe­ur certifié de maisons normandes depuis 1948. Ici, reconditio­nnement d'un manoir ancien et remontage de l'ensemble près d'houlgate (Volkaert).
Ci-dessus / Ci-contre : Volkaert, constructe­ur certifié de maisons normandes depuis 1948. Ici, reconditio­nnement d'un manoir ancien et remontage de l'ensemble près d'houlgate (Volkaert).
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 ??  ?? Rénovation d'un manoir ancien avec de vieux bois et des vieilles tuiles de récupérati­on pour préserver le style d'origine (Honnet).
Rénovation d'un manoir ancien avec de vieux bois et des vieilles tuiles de récupérati­on pour préserver le style d'origine (Honnet).
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 ??  ?? Extension d'une maison normande sur trois niveaux (Tessel).
Extension d'une maison normande sur trois niveaux (Tessel).
 ??  ?? Des travaux de constructi­on et de rénovation Reabat propose différents types de prestation­s adaptées à chaque bâtiment, neuf ou en rénovation : charpente, couverture, isolation, étanchéité pour vous assurer une isolation efficace et vous garantir une protection à l'air et à l'humidité, bardage pour redonner un aspect soigné aux murs extérieurs et améliorer l'isolation. Selon les normes en vigueur, toutes les constructi­ons Reabat sont assurées par une garantie décennale.
Des travaux de constructi­on et de rénovation Reabat propose différents types de prestation­s adaptées à chaque bâtiment, neuf ou en rénovation : charpente, couverture, isolation, étanchéité pour vous assurer une isolation efficace et vous garantir une protection à l'air et à l'humidité, bardage pour redonner un aspect soigné aux murs extérieurs et améliorer l'isolation. Selon les normes en vigueur, toutes les constructi­ons Reabat sont assurées par une garantie décennale.
 ??  ?? APRÈS Réhabilita­tion et extension en cours de chantier (Douvenou).
APRÈS Réhabilita­tion et extension en cours de chantier (Douvenou).
 ??  ?? Manège réalisé" en vieux chêne, le seul du pays de Caux dans cette essence (Savoirs et Traditions).
Manège réalisé" en vieux chêne, le seul du pays de Caux dans cette essence (Savoirs et Traditions).
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