L'ABBAYE DU BEC-HELLOUIN
Parfois, seule une dentelle de roche survit au milieu de ruines, parfois la reconstruction leur donne un nouveau visage mais toujours ces majestés architecturales nous fascinent et nous font rêver tant leur halo spirituel nous emporte. Derrière des barrières de végétation, les abbayes normandes, témoins légendaires gardent en leurs murs ces souvenirs et ces secrets qui font encore rêver quand, de balade en visite guidée, les pans de l'histoire régionale et intime se révèlent. Au coeur de ce passé fondateur, l'abbaye du Bec-hellouin a largement dépassé les frontières, elle fut des siècles durant au Moyen Age l'une des plus célèbres abbayes de toute la chrétienté.
L'abbaye du Bec-hellouin est un fleuron du tourisme normand, les amoureux de l'histoire et du patrimoine viennent y trouver le calme des pierres habitées par l'âme des grands hommes qui en ont fait la réputation tout autour du monde dès le 10e siècle. Parmi ces grands esprits, Saint Anselme de Pavie est certainement le plus illustre. Lorsqu'en 1063, Guillaume le Conquérant mijote ses rêves de conquête, avec le génie de savoir s'entourer qu'ont souvent les grands hommes. Ill ne manque pas dès 1063 d'appeler à ses côtés à Caen le sage et fin stratège Lanfranc. C'est tout naturellement qu'anselme, disciple préféré et confident du prieur prendra la place de son maître dispensant des leçons empreintes de grande sainteté alliée à une tolérance et une liberté laissée à ses élèves : le fin pédagogue parvenant à faire respecter scrupuleusement la règle de saint Benoit de travail et d'étude sans jamais passer par la contrainte. À la mort d'herluin, le fondateur de l'abbaye en 1079 c'est tout naturellement qu'anselme sera élu unanimement prieur du Bec.
Le siècle de Guillaume le Conquérant
La communauté, depuis 1947, n’a de cesse de reconstituer le fonds de la bibliothèque. Plus de 100 000 ouvrages constituent le fonds en perpétuel enrichissement.
Le jeune Anselme, né à Aoste en 1033 d'un père aristocrate aux moeurs rustres et légères et d'une mère très pieuse reçut très tôt des enseignements d'une communauté de bénédictins. Porté par le rêve mystique d'une rencontre divine, le jeune homme de 15 ans émit alors le voeu d'entrer dans les ordres et respecter la règle de saint Benoît contre l'avis de son père qui l'en empêchera même lorsque l'adolescent sera à l'article de la mort. Après sa guérison et la mort de sa mère, la foi s'éloignera de lui. En proie au doute, il errera de ville en ville dans toute la France durant trois années. Poussé par quelque géniale inspiration, il parviendra à l'abbaye bénédictine du Bec, attiré par la renommée de Lanfranc de Pavie, prieur du monastère et fondateur d'une école en 1045. Passionné par son maître, le jeune homme particulièrement doué reprendra avec passion ses études et, entrera enfin dans l'ordre bénédictin pour y être ordonné prêtre à l'âge de 27 ans. L'ascète et étudiant infatigable n'aura de cesse de retrouver la proximité avec Dieu qu'il avait eue enfant. Devenu prieur à son tour, il dispense avec patience et tolérance la règle de Saintbenoît de travail et d'étude. Lanfranc, devenu archevêque de Canterbury, l'appelle à ses côtés pour l'aider à instruire les moines outre-manche. À sa mort, en 1093 il lui succédera au siège archiépiscopal de Canterbury. La tradition chrétienne a donné le titre de « Docteur Magnifique » à ce penseur qui professait qu'il ne cherchait pas à comprendre pour croire, mais manifestant son besoin de croire pour comprendre…