La scène n’a pas de sexe
Brandon Teena. Nom tristement célèbre d’un jeune homme transgenre, violé et assassiné à l’âge de 21 ans dans sa bourgade du Nebraska, où sa différence était vue comme un crime. C’était en 1993.
Après le film Boys Don’t Cry (Oscar pour Hilary Swank en 2000), son histoire inspire Change Me au théâtre. Le metteur en scène Simon Bourgade s’en empare et lui donne chair en alternant scènes théâtrales et vidéo, et en mêlant dépositions faites après la mort de Brandon Teena à des extraits des Métamorphoses d’Ovide ou d’Iphis
et Iante, d’Isaac de Benserade.
Il en résulte un spectacle puissant et habilement rythmé, entre séquences chocs (longue beuverie d’adolescents, avec rap à fond la caisse) et plus intimistes (tête-à-tête amoureux dans une voiture, où la langue d’Ovide se déploie superbement), émotion et humour, mythes ancestraux et questionnements contemporains.
Et la révélation d’une comédienne intense, Camille Bernon, frêle gabarit bondissant, dont on suit la métamorphose de jeune fille fragile en petit mec enragé. Autour du même thème de l’identité sexuelle, le film Girl vient de triompher à Cannes et le Festival d’Avignon proposera de nombreux spectacles cet été. Le genre, une question brûlante…