DANIÈLE COLIN

Diététicienne, présidente du Cena, Club Experts Nutrition et Alimentation.

Le temps du déjeuner doit-il être éducatif ?

Oui, j’en suis persuadée. Manger s’apprend mais pas dans les livres. C’est de la pratique. Les villes ont compris que ce temps doit rester connecté au reste de la journée. C’est l’occasion de découvrir des goûts et des plats différents de ceux qui sont préparés à la maison. C’est aussi une façon ludique et efficace d’apprendre à se comporter avec les autres, de faire l’expérience de la vie en collectivité. Sur tout le territoire, des ateliers sont mis en place. Des ponts entre le temps de l’école et la pause-déjeuner sont bâtis. C’est positif.

En rentrant de l’école, les enfants disent souvent qu’ils n’ont pas aimé ce qu’ils ont mangé. Y aurait-il une double lecture ?

Le “pas bon ” est une déclaration avec de multiples sens ! Il exprime une sensation globale. Il n’a peut-être pas aimé l’absence de ses amis à sa table, la crainte de découvrir un plat inconnu, le bruit, l’attente, le froid. Malgré un repas bon, équilibré, ces perceptions négatives peuvent tout gâcher. Il garde le souvenir d’un mauvais moment. Tous les efforts, réels et visibles, tombent à l’eau !

Y a-t-il un défaut de communication avec les familles ?

Le décalage avec les parents existe si on n’explique pas. La vie des familles a énormément évolué. À la maison, les menus sont simplifiés, avec moins de plats mijotés et des repas à la carte : chacun son plat. Et puis le nombre de composants est réduit, à la maison : un plat garni et un dessert. Or c’est insuffisant pour l’équilibre nutritionnel. En restauration collective, on trouve cinq composants et des plats mijotés. Alors oui, parfois, les enfants ont un peu de mal à s’adapter et s’en plaignent. Mais ils passent 8 ans à l’école et à la cantine. Nous avons un rôle important à jouer. nutrition-expert.org