Marie Claire Enfants

Et si on habitait TOUS ensemble ?

- Par Linda Mestaoui. Illustrati­ons Anna Topuriya.

Pour Sylvia Pinel, ancienne ministre du Logement, l’habitat participat­if est « une nouvelle manière de fabriquer la ville ». Une démarche citoyenne qui permet à un groupe de personnes désireuses de vivre ensemble de participer à la conception, la réalisatio­n, puis la gestion au quotidien de leur lieu de vie. Bonne nouvelle, ce modèle alternatif d’accès au logement est doté d’un cadre légal depuis novembre 2015.

À Beaumont-sur-Lèze, en Haute-Garonne, Cécile et ses colocatair­es attendent avec impatience leur habitat partagé et participat­if.

« Depuis le 15 août 2015, nous sommes en colocation (deux familles et un retraité veuf) dans une grande bâtisse, en attendant de voir aboutir notre projet de 11 foyers au total. La maison que nous nous partageons deviendra alors l’espace commun où seront mutualisés les chambres d’amis, les bureaux, un atelier, une salle de musique, la salle des enfants, une salle de réception de 90 m … Les futurs logements ne sont pas encore tous attribués, mais nous souhaitons construire un habitat intergénér­ationnel. Les deux familles ont chacune une salle de bain et trois chambres, le retraité occupe un studio de 40 m , et nous mettons en commun la cuisine, la salle à manger, le salon, le jardin, le potager et la piscine. Nous nous répartisso­ns les conduites et les gardes d’enfants, les courses… Les enfants sont ainsi moins bousculés et leurs journées sont moins longues. À 16h15, Raymond (le retraité, N.D.L.R.) va chercher les petits à l’école du village. Pour des raisons de ‘calme à table’, nous ne mangeons pas tous ensemble ! » Afin de préserver le dîner comme moment d’échange dans les familles, il y a deux services. Chacun prépare son repas, même s’il arrive qu’une famille fasse un gros plat et l’autre un gros dessert : et le partage va de soi. Le mercredi midi, les écoliers ne restent pas à la cantine, Cécile prévoit le déjeuner pour tout le monde. L’après-midi, il peut y avoir un adulte qui propose un atelier pâtisserie ou une sortie à vélo jusqu’à la médiathèqu­e. Quand il y a des rendez-vous (orthophoni­ste, cours de musique, par exemple), ce n’est pas nécessaire­ment le parent qui accompagne son enfant. Les plus jeunes apprécient d’avoir toujours des copains et des adultes disponible­s, même s’ils apprécient aussi les temps en famille. Ils ne font pas tout ensemble : Lilian fait du cirque, Maëlys du violon, mais parfois on organise une sortie groupée avec tous les parents. « Cette façon de vivre nous rend plus curieux, on s’échange des recettes, des astuces, des livres, des vêtements pour les enfants… On se remet en question, aussi. Confrontés à d’autres modes éducatifs, on apprend les uns des autres. Nous avons choisi un habitat participat­if pour vivre ensemble des valeurs comme la solidarité ou l’écologie. Le côté intergénér­ationnel est important pour les enfants qui n’ont pas de grands-parents à proximité et pour les personnes âgées qui n’ont pas de petits-enfants proches ou qui les voient peu. Les enfants trouvent leurs parents plus cool. Il est vrai que pour les parents, savoir que d’autres adultes peuvent prendre le relais est appréciabl­e. Mais personne n’abuse. Le vendredi soir, c’est ‘soirée enfants’ : ils choisissen­t le menu et on joue tous ensemble ou ils jouent entre eux. »

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