En Bretagne
ronde. C’est l’immense escalier qui frappe les visiteur·se·s avec à l’entrée l’atrium, haut de 9 mètres. « C’est la montée des marches à Cannes chaque matin, c’est beau, immense, grandiose », plaisante une institutrice. L’architecte Jean-Pierre Lott a conçu l’école pour que les élèves «s’interrogent, se posent des questions sur leur lieu de vie, soient interpellé·e·s par les courbes et la lumière », explique-t-il. Il est l’heure de la recréation et pourtant les hordes d’élèves ne se bousculent pas, certain·e·s descendent du premier étage par l’escalier monumental, d’autres par les escaliers en colimaçon. Les salles de classe sont disposées aux étages côté sud. Côté nord se trouve le magnifique gymnase : le béton blanc contraste avec le bois du sol, ses baies vitrées occupent toute la surface donnant sur l’avenue. Les classes semblent vastes, elles ne le sont pourtant pas plus qu’ailleurs. La réglementation est stricte, une salle ne mesure jamais plus de 55 m2, la norme nationale. Ce qui produit cet effet vient des baies vitrées, de l’aménagement du mobilier et des espaces de rangement qui n’empiètent pas sur la circulation. « C’est très agréable de travailler dans cette école, la lumière naturelle favorise la détente, et comme elle n’est pas bruyante, les élèves sont plus calmes, ils·elles sont concentré·e·s, tranquilles », précise l’institutrice de CP. Un soin particulier a été apporté au bruit. «Les plafonds sont traités avec des matériaux qui améliorent l’acoustique, les murs ne sont pas parallèles et les panneaux de bois étouffent les résonances importantes», énumère l’architecte. La maîtresse apprécie la petite salle d’eau vitrée qui donne sur la classe : ainsi, les élèves n’ont pas besoin de se déplacer –avec tout ce que cela implique. En dix ans de métier, elle ne s’est jamais sentie aussi bien dans une école. Généralement, les équipes d’architectes ne travaillent pas avec les équipes pédagogiques, au moment de dessiner un établissement scolaire. Sinon, chacun·e a une idée de la couleur, de l’aménagement et personne n’arrive à se mettre d’accord ! Il y a pourtant des exceptions, comme l’école du Blé en Herbe située à Trébédan. Le projet naît sous l’initiative de trois maîtresses. L’école est vétuste, une des salles étant un préfabriqué installé provisoirement 20 ans auparavant! «Ce n’était plus possible, mais comment financer une nouvelle école quand on est une commune de 400 habitant·e·s», raconte Nolwenn Guillou, directrice depuis 2001. Les enseignantes postulent au programme « Nouveaux commanditaires » de la Fondation de France, qui permet à des citoyen·ne·s de commander des oeuvres à des artistes. Habitant·e·s et enseignantes demandent alors… une école comme une oeuvre d’art! Ce projet un peu fou leur permet aussi de solliciter des subventions au ministère de la Culture et à la Fondation Daniel et Nina Carasso. Les enseignantes se tournent vers la designeuse Matali Crasset. « J’ai pu travailler sur l’architecture, la structure et le mobilier. C’est un projet global, ce qui permet d’avoir une autre logique. J’ai essayé d’en faire un projet exemplaire, que ce soit au niveau artistique, écologique et comme support de transmission.» Plus qu’une école, c’est un lieu de vie partagé : la bibliothèque est ouverte au public deux jours par semaine, une salle de partage sert de cantine mais aussi aux associations. L’école multiplie les projets participatifs : «Quand je suis arrivée, on était assez isolé·e·s, se souvient Nolwenn Guillou. Les aîné·e·s jouaient sur le terrain de boules devant, et les enfants ne les connaissaient pas. Maintenant, tous les ans, on monte des projets intergénérationnels et on invite les habitant·e·s.» Autant de prétextes à la rencontre autour de l’art. Côté mobilier, Matali Crasset travaille en étroite relation avec les institutrices, pour qui l’essentiel