Le prince Rubens
Peintre du pouvoir et des femmes bien en chair, l’“Homère de la peinture” fut à sa façon un géant. Une exposition montre l’influence du maître flamand sur les artistes de son temps, et au-delà. Toute sa vie, Peter Paul Rubens (1577-1640) prit les plus grands pour modèle. C’est en Italie, où il voyage longuement à partir de l’an 1600, que son talent s’affirme et que naît son admiration pour le Titien, découvert à Venise. Au service du duc de Mantoue, Rubens organise pour lui des fêtes et réalise des copies de tableaux de Raphaël, Michel Ange, Léonard de Vinci, Tintoret, Caravage… Nommé peintre à la cour dès son retour à Anvers, sa maîtrise et son sens de la composition éclatent dans des toiles où se mêlent sa culture flamande, sa connaissance des maîtres italiens et celle des classiques de l’antiquité. Ses allégories nourries de références et d’emprunts vont à leur tour “transformer l’histoire de l’art” souligne Nico Van Hout, le commissaire de l’exposition. En mettant en regard des oeuvres du “prince des peintres” avec des tableaux d’artistes que sa technique aurait influencés, de Landseer à Van Dyck, Delacroix ou Daumier, le parcours entend en effet mettre cet héritage en évidence. Pas toujours facile pour le simple amateur qui trouve cependant là un prétexte pour redécouvrir quelques-uns des chefs-d’oeuvre les plus impressionnants de Rubens – scène de chasse épique ; colonnes de corps et de flammes à l’heure du Jugement dernier ; portraits de riches bourgeois ; jardin idyllique… – et prendre la mesure de son rayonnement. Car si Rubens fut un artiste prolifique, il est surtout le premier, en embauchant des graveurs dès l’ouverture de son atelier, à penser à la diffusion de son oeuvre, qui va se répandre en Europe et jusqu’en Asie sous la forme d’estampes. Admirée, critiquée ou rejetée, la peinture de Rubens fut, dès le départ, moderne dans sa façon de circuler. SENSATION ET SENSUALITÉ, RUBENS ET SON HÉRITAGE, BOZAR, BRUXELLES
WWW.BOZAR.BE, JUSQU’AU 4 JANVIER 2015.