Marie Claire Maison

Aubusson D

FONDÉE EN 1867, PINTON, MANUFACTUR­E DE TAPIS ET TAPISSERIE­S D’AUBUSSON, POSSÈDE UN FABULEUX PATRIMOINE ARTISTIQUE ET REPREND LA MAIN EN FAMILLE AVEC DES CRÉATEURS CONTEMPORA­INS ÉCLECTIQUE­S DÉJÀ COLLECTION­NÉS PAR LES MUSÉES DU MONDE ENTIER. INVENTAIRE INO

- Par PIERRE LÉONFORTE

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2 Pinton, une belle affaire de famille L’aïeul fondateur s’appelait Jehan Pinton. Lorsqu’il ouvrit en 1867 sa manufactur­e de tapis et tapisserie­s dans le bassin d’Aubusson, les parages immédiats étaient occupés par une diamanteri­e et une teintureri­e spécialisé­e dans la laine. Faut-il y voir un lien de cause à effet ? Cinquième génération de Pinton aux manettes de la manufactur­e, Lucas Pinton, diplômé en économie, a repris la main en 2002 avec ses soeurs, Félicie et Joséphine. Il ne s’en cache pas: la maison était exsangue, avec dix employés, et il leur fallut repartir de zéro. Avant lui, leur père, François Pinton en aura tenu les rênes avec son frère aîné Olivier. Eux-mêmes avaient succédé à leur père, Jean Pinton. Toujours basée sur le site historique de Felletin, dans la Creuse, la manufactur­e emploie aujourd’hui quarante salariés dont une trentaine de jeunes tufteurs et de lissiers chevronnés, coeur vivant du savoir-faire de la maison, connue et recherchée dans le monde où elle exporte 70 % de sa production.

C’est écrit sur la raison sociale de Pinton: Tapisserie et tapis d’Aubusson depuis 1867. Ville de la Creuse, Aubusson est célèbre dans le monde pour sa tapisserie, noble artisanat s’il en est. Colbert y organisera en 1665 la Manufactur­e Royale et puis, comme le Limoges pour la porcelaine, Aubusson deviendra le glorieux savoir-faire générique de la tapisserie, inscrite depuis 2009 par l’Unesco sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.

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écorateurs & artistes Sans artistes, pas de tapis ni de tapisserie­s. Ce sont leurs dessins qui dictent le travail. Fin début

siècle, les commandita­ires étaient avant tout des décorateur­s ou ensemblier­s qui chapeautai­ent sculpteurs, peintres, etc. pour la réalisatio­n globale de leurs projets. Jules Leleu, grande signature de l’époque, y amènera des artistes comme Ivan Da Silva Bruhns et Anatole-René Kasskoff. À leur suite, les ateliers verront passer Lucien Coutaud, Léon Zack, Maurice Savin, la grande artiste portugaise Maria Helena Vieira Da Silva. L’immédiat après-guerre sera marqué de Jean Picart Le Doux, en 1944. Le gotha des artistes de la seconde moitié du

siècle fera ensuite tapisserie chez Pinton, tous accompagné­s par M. Baudouin, peintre-cartonnier officiel de la manufactur­e: Picasso, Dalí, Calder, Léger, Miró, Sonia Delaunay… La seule tapisserie jamais imaginée par son mari, Robert Delaunay, sera d’ailleurs tissée par Pinton.

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